Oligarchie et pouvoir médiatique
Nos sources d’information n’ont jamais été concentrées en aussi peu de mains. 90 % des médias sont possédés par une poignée de milliardaires.
Pourquoi ces grands hommes d’affaires investissent-ils massivement dans ce secteur d’activité, alors que ce dernier multiplie les pertes notamment du fait de la démocratisation d’Internet ? S’agit-il alors d’une folie de milliardaire ou bien d’un réel enjeu économique ?
Pour bien comprendre ce phénomène nouveau et le but réel de leurs actions, il est nécessaire de rappeler dans quel modèle de société nous vivons aujourd’hui.
« Le capital privé, disait Albert Einstein, tend à se concentrer en peu de mains. En partie à cause de la compétition entre capitalistes [du développement technologique et de la mécanisation], et de la division internationale et croissante du travail. » « Le résultat de ce développement est une oligarchie de capitalistes. »
Pour ces capitalistes aguerris, il est nécessaire de garder la main sur les décisions politiques.
En effet, l’État représente, grâce aux contribuables, un formidable pouvoir économique. Son pouvoir s’étend aussi bien en matière de commande publique qu’en matière de législation.
Pour certains de ces milliardaires, la commande publique est décisive. Ainsi, dans le secteur de la Défense, l’entreprise Dassault dépend principalement de la signature de commandes par l’État.
Pour d’autres, la régulation de certaines lois serait un frein pour leur « business ». Ainsi, constate-t-on l’impossibilité d’établir une taxe sur le luxe qui demeure l’un des secteurs d’activité le plus bénéfique de France.
S’offrent à nos milliardaires plusieurs moyens d’influer sur les décisions politiques :
– La corruption : méthode limitée, mais toujours utilisée, notamment pour le financement de campagnes électorales.
– Le lobbying.
– Et, enfin, la possession de médias. Cet investissement est devenu essentiel pour ces milliardaires. Malgré les légitimes revendications du conseil de la résistance de séparer les médias des pouvoirs d’argent, ceux-ci ont réalisé une course aux médias. 10 milliardaires détiennent désormais 90 % de nos sources d’information. Le but est simple : posséder des médias, c’est avoir une influence directe sur les opinions de la population.
Plusieurs éléments expliquent l’importance des médias pour le contrôle de l’opinion :
– La mise en avant médiatique. On pourrait rapprocher cela de la publicité. Être vu par des millions de personnes est forcément un avantage, surtout en période électorale. On s’habitue à voir le candidat, il devient ainsi de plus en plus crédible et peut rallier à sa cause, s’il y en a une, un maximum de personnes. Ainsi, en 2016, grâce à nos amis les milliardaires, Macron a bénéficié d’une énorme bulle médiatique, lui offrant environ 43 % de l’ensemble de l’audience médiatique consacrée aux candidats contre 17 % de l’audience sur les réseaux sociaux.
– Les sondages. Ils ont le formidable pouvoir de rendre certains candidats éligibles, sans même s’attarder sur leurs programmes. Ils rendent l’élection du favori de plus en plus plausible, permettant même de lui attribuer ce que l’on appelle le « vote utile », au détriment du vote de conviction. Or, les médias sont les principaux commanditaires de sondages.
– Les éloges. Le cas Macron illustre mon propos. Bien qu’il ait été dépourvu de programme jusqu’au mois de mars dernier, il était présenté comme l’homme pouvant résoudre les multiples problèmes de la France. Des arguments plus absurdes les uns que les autres ont été proposés par certains journalistes. Mais le candidat a multiplié ainsi les couvertures des magazines et journaux. Les médias sont indispensables pour construire une candidature.
– Les critiques. Les éloges ont certaines limites : il est plus facile et plus rentable de critiquer que de congratuler. Ce que font, chaque jour, des ribambelles d’éditorialistes, dont les propos ne dépassent pas ceux des cours de récré !
Cette société de capitalistes avides doit changer. Ils nous mâchent le travail de compréhension personnelle. Il est nécessaire de reprendre en main notre réflexion et notre conscience.
Nous vivons, en effet, dans une société où les riches sont de plus en riches, alors que les pauvres sont de plus en plus pauvres. Ce qui annonce des crises sociales, environnementales, mondiales majeures.
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