Où le féminisme va-t-il se nicher ?
Je trouve ridicule cette manie de féminiser les grades dans l’armée, la gendarmerie et la police. Soyons indulgents pour toutes les appellations de grades pour lesquels le son, à l’oral, est le même : caporalE, généralE, colonelLE, amiralE ; d’autres sans doute. Le ridicule n’apparaît qu’à l’écriture. Mention spéciale pour capitaine, identique à l’oral et à l’écrit pour les deux sexes ; c’est l’article qui gâche tout. Mais sergentE, lieutenantE, commandantE … ça écorche les oreilles, et c’est pire quand on place l’article défini. Et comment faire, pour les majors, pour les quartiers-maîtres dans la marine ? Des majorettes, des quartières-maîtresses ? Oh non, pas ça tout de même !
Dans les temps pas si anciens où ces métiers étaient purement masculins, tous se sont trouvés sentinelle un jour ou l’autre, des marins étaient vigies et tous les hommes astreints au service militaire étaient des recrues. On pourrait aussi citer, plus haut dans la hiérarchie sociale, les qualificatifs son altesse, son éminence, sa sainteté, sa majesté, tous féminins. Pourtant, Henri IV, Richelieu, Louis XIV, tous les papes, etc., ne s’en sont jamais vexés. Les féministes d’aujourd’hui seraient donc plus susceptibles que Louis XIV ?
Jusqu’à nos jours donc, personne n’y voyait malice ou ne se sentait dévalorisé par l’emploi du féminin pour désigner la fonction. Car c’est de cela qu’il s’agit ; ces termes désignent des fonctions, pas des individus.
On croit faire valoir les femmes dans cette démarche. Mais une femme n’est-elle pas capable d’assumer la fonction désignée par le terme, comme les anciens, comme s’il fallait l’abaisser pour le mettre à son niveau ? Et si on veut préciser que la fonction est remplie par une femme, la mention du prénom précédent le nom ne suffit-elle pas, sauf exceptions ?
Je sais que je plaide une cause perdue. Cette habitude se répand en même temps que la culture française s’affadit. Je connais un maire (substantif masculin, je le précise), excellent à la tête de sa communauté, qui se fait encore appeler Madame LE maire, comme d’autres se font encore appeler Madame LE juge, et j’appelle mon député Madame LE député sans qu’elle s’en émeuve. Mais elles sont de plus en plus minoritaires. Les autres reprennent, parfois avec hauteur, les imprudents qui oublieraient ce nouvel impératif.
Combat retardateur ? Sans doute. Mais il me vient soudain un doute, ou plutôt une inquiétude. Comment demain appellera-t-on les personnes, remplissant ces fonctions, mais qui ne se sentiront ni homme ni femme, et récuseront toute appellation connue jusqu’alors ? Ne riez pas, on y va tout droit.
Quant à moi, je refuse désormais d’être une personne et j’exige d’être un person !
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