Paris : la course est lancée. Ou presque…

Paris : la course est lancée. Ou presque…

La course est désormais lancée à Paris. Rachida Dati est candidate, soutenue par Les Républicains, mais confrontée à une concurrence dans le camp « central » qui jouxte le sien.

En effet, l’élu Horizons du 18e arrondissement, Pierre-Yves Bournazel, a obtenu le soutien de Renaissance. Cette situation ne manque ni de piquant, ni de paradoxe, car les deux partis politiques se séparent du président de la République.

Quant à Rachida Dati, elle avait intégré le gouvernement en janvier 2024, dans l’optique d’obtenir la bienveillance de Macron pour les prochaines municipales. Mais la dissolution ratée de 2024 a rebattu les cartes : le chef de l’État ne contrôle plus son camp qui le critique ouvertement.

Dati est donc confrontée à des concurrences sur un flanc gauche qu’elle pensait neutralisé. Pour autant, il faut être prudent sur les appareils et leur poids réel. En effet, la coalition Horizons-Renaissance est dans une situation délicate : c’est une addition de positions fragiles.

Pour une partie de l’électorat, Horizons a eu tort de demander la tête de Macron. Quant à Renaissance, le parti fait figure de coquille vide et pâtit encore plus du sparadrap Macron dont il aimerait se défaire…

Enfin, le ressort d’une candidature « centrale » doit être interrogé. Peut-on avoir un « tiers parti » qui veuile tourner la page Hidalgo, mais reste effrayé par Dati ? Sur ce point, Paris obéit à la loi des élections modernes, fortement polarisées et clivantes. La maire du 7e arrondissement et ministre de la Culture a compris qu’une élection n’oppose pas deux programmes, mais deux leaders. Pas une synthèse entre l’ancien et le neuf. Rachida Dati pense ainsi l’emporter sur Emmanuel Grégoire, député PS naguère proche d’Hidalgo, par un calcul simple : ce sera moi ou eux. C’était déjà le sens de sa démarche pendant les municipales de mars 2020. Alors qu’on pensait que l’élection parisienne allait opposer les macronistes, la droite, la gauche et les écologistes, on s’est retrouvé au final avec un choix binaire : la gauche ou la droite, même s’il faut mettre des nuances sur l’identité de l’une et de l’autre.

Paris a beau avoir son « esprit village », c’est également une métropole où l’électeur raisonne en termes idéologiques et partisans. C’est ensuite une ville où le clivage classique se maintient. Et bien mieux que dans le reste de la France.

Enfin, la réforme du mode de scrutin votée en juillet dernier fera que les élus de l’Hôtel de Ville ne seront plus désignés dans les arrondissements de la capitale, mais dans le cadre d’une liste unique. La main sur la composition de la liste parisienne de la part des différents prétendants à la succession d’Anne Hidalgo est donc totale.

Dati a réussi à affaiblir le poids des baronnies locales et obtient même le soutien des maires d’arrondissement, dont certains avaient récemment cherché à lui savonner la planche…

Pour le moment, la campagne est encore balbutiante – la situation du pays, il est vrai, n’alimente pas l’attention pour les élections locales. À Paris comme ailleurs.

Cependant, il y a aussi les vrais sujets parisiens, qui deviennent criants. En vingt-cinq ans, la gauche a non seulement maillé le « terrain », mais elle a abusé de sa situation en se créant des réservoirs électoraux, tout cela sur fond d’endettement.

À cela s’ajoutent des problèmes variés qui ont trait à la voirie (un élargissement parfois anarchique de trottoirs ou la multiplication de pistes cyclables, parfois devant les stations de bus !) ou à la propreté. Paris est une ville densifiée, ce qui ne manque pas d’air (!) pour une capitale dont l’édile voulait faire un modèle écologique.

Quant à la végétalisation de Paris, elle relève de l’artifice et du trompe-l’œil : il ne suffit pas d’installer sur les trottoirs des bacs à fleurs flambant neufs.

Enfin, la gestion des services municipaux est parfois erratique. Faut-il rappeler que la mairie de Paris a communiqué en faveur de l’euthanasie, tout en laissant tel centre social démuni de connexion internet ? On mesure où sont les priorités ! L’affichage ne saurait masquer des failles de plus en plus béantes et un ras-le-bol réel de certains habitants – pas seulement des électeurs de droite. Plus récemment, Paris a même vu les campements se multiplier.

Outre le ras-le-bol, il y a des signes patents de fin de règne dans la majorité socialo-écolo-communiste avec notamment des candidats sans envergure dans les arrondissements. Il y a bien des ingrédients favorables à une alternance.

Jean-François Mayet

Politologue

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