Quand Macron dénonce Macron !

Quand Macron dénonce Macron !

Les Français ont largement boudé les vœux présidentiels. Il faut avouer que cet exercice d’auto-satisfaction a quelque chose d’exaspérant et n’apporte pas grand-chose à l’auditeur.
Pourtant, le discours d’Emmanuel Macron vaut le détour.
La première chose dont il se glorifie est que la France soit « la première Nation » à constitutionnaliser l’avortement.
Il est étrange de se féliciter si hautement de ce qui restera toujours un échec – et, plus encore, d’imaginer que ce soit le principal titre de gloire de la France !
Accessoirement, c’est faux : la Yougoslavie de Tito l’avait fait avant nous – montrant à tous ce que vaut cette garantie constitutionnelle !
Mais ce discours est surtout saisissant par son incohérence : le « en même temps » demeure, plus que jamais, l’unique boussole de celui qui joue au capitaine du navire sans en avoir les compétences (ni même, manifestement, le goût).
Tout y est mis sur le même plan, pêle-mêle dans une indigeste litanie, du sport à « l’écologie de progrès », de l’ouverture d’usines à la Résistance.
Naturellement, M. Macron se félicite de l’organisation des Jeux olympiques et de la reconstruction de Notre-Dame. Mais, bizarrement, il demeure incapable de vibrer aux émotions françaises.
Ainsi ne parle-t-il d’histoire que pour les JO et n’évoque-t-il Notre-Dame que comme « symbole de notre volonté française » : il ne voit pas ce que la cathédrale a à voir avec l’âme française – dont il semble même ignorer l’existence.
Comme souvent avec Emmanuel Macron, les mantras les plus creux rythment le discours. Comme celui-ci : « Nous avons réussi parce que nous avons été ensemble ». C’est un peu vite oublier que le président est aussi l’un des plus grands diviseurs du peuple français.
Le plus comique tient sans doute à l’actualité politique. Le président nous « apprend » que « la dissolution a apporté, pour le moment, davantage de divisions à l’Assemblée que de solutions pour les Français ».
Nous l’avions un peu remarqué, nous aussi ! Mais, si nous avions, nous aussi, un vœu à formuler, ce serait que M. Macron lise ses propres discours car ils dénoncent admirablement son utopie de la mondialisation heureuse – par exemple quand il invite à « dire non aux lois du commerce édictées par d’autres et que nous sommes les seuls à encore respecter, dire non à tout ce qui nous fait dépendre des autres, sans contrepartie et sans préparer notre avenir ». Nos paysans apprécieront sans doute que le poète Macron dénonce le politicien Macron !

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