Requiem pour la Nouvelle-Calédonie
Après des errements divers dans les années passées, le processus qui entraine inexorablement la Nouvelle Calédonie vers l’indépendance est en train d’aboutir.
Il s’est enclenché en 1998. Cette année-là, M. Chirac et Jospin régnant, on décida d’avoir recours au référendum pour que, une fois pour toutes, les Néo-Calédoniens choisissent de rester Français ou pas. Rien à redire au principe. Quoi de plus démocratique ; en apparence.
Mais les dés étaient pipés dès le départ pour favoriser les indépendantistes. Les Kanaks étant minoritaires dans l’île, on commença par éliminer une partie du corps électoral, qui, à coup presque sûr, répondrait non à l’indépendance : tous les Français majeurs, non nés sur le sol calédonien, ou n’y ayant pas 20 ans de domicile continu à la date d référendum ; soit 17% du corps électoral. On ramène ainsi le fléau de la balance vers le centre. En outre, on allait faire, non pas un, mais trois référendums. Le principe était clair : on organiserait un premier référendum, en 2018, pour demander qui souhaitait accéder à l’indépendance. Mais il pouvait être suivi de deux autres, si ses résultats ne convenaient pas au tiers des membres du congrès de Nouvelle-Calédonie[1], Autant dire que, compte tenu du nombre de Kanaks acquis à l’indépendance dans ce congrès, les résultats du premier référendum, s’ils étaient négatifs, entraineraient automatiquement la tenue d’un deuxième, puis si nécessaire d’un troisième référendum. Et c’est ce qui s’est passé. Comme les sondages avant ce troisième référendum, n’étaient toujours pas favorables à l’indépendance, les leaders kanaks ont annoncé qu’ils ne reconnaitraient pas les résultats issus des urnes, et ils ont encouragé leurs électeurs à boycotter le scrutin. Ils ont été entendus.
Ce qui explique le score « soviétique » du troisième référendum de 2021 ; 90% contre l’indépendance. Etait-il illégitime pour autant ?
Evidemment notre chef suprême n’allait pas laisser passer ça, et, après une visite de quelques heures sur l’île en plein chaos en 2024[2], il saisit ce prétexte pour « relancer le dialogue ». Au diable l’entêtement de la majorité des habitants qui ne veulent pas de l’indépendance, et l’ont exprimé lors de trois référendums ; malgré l’amputation du corps électoral !
Ce « dialogue » vient d’accoucher du « projet d’accord sur l’avenir de la NC ». Dès le début, on augure mal de la suite. Les premiers mots sont « le pari de la confiance ». On admet donc que c’est un coup de poker, et, quand on a en tête l’historique récent de ce territoire, on sent tout de suite que la confiance va être à sens unique.
Un accord a donc été signé par les loyalistes et les indépendantistes. Les premiers sans doute parce qu’ils craignaient de tout perdre et espèrent ainsi jouer les prolongations d’abord, puis limiter les dégâts, les seconds parce qu’ils savent que cet accord les lance sur la voie de l’indépendance. Bien sûr, les circonvolutions du texte disent tout et son contraire, à la « macronienne », et chacun y verra ce qu’il veut voir.
Il s’agit de la création d’un état calédonien, inscrit dans la Constitution dit-on ; comme si ça devait rassurer, alors qu’on connait le sort de la « Communauté Française » du général de Gaulle des années soixante, elle aussi inscrite dans la constitution. Ce nouvel état aura son hymne, sa monnaie, son drapeau et sa devise, sa nationalité. Il y aura un transfert de compétences entre la France et le gouvernement calédonien, L’État calédonien pourra faire « le choix souverain » de confier certaines compétences à l’État français, mais avec la possibilité de les récupérer. Autrement dit c’est le nouvel état calédonien qui fera ce qu’il veut car il aura tous les attributs de la souveraineté. Mais on lit aussi que les fonctions régaliennes resteront à Paris ; et puis non, certaines seront partagées, ou pas, c’est selon.
Et le bouquet ! L’île aura une représentation à l’international ; ce qui réjouira la majorité onusienne de dictateurs hostiles à la France, qui lui accorderont sans doute une voix indépendante au nom de la décolonisation. Et on veut nous faire croire que l’île restera rattachée à la France !
On parle là d’un territoire, français depuis 1853 ; avant la Savoie et Nice. Je ne reviendrai pas sur les intérêts stratégique et économique (le nickel) qu’il y a à conserver cette île. Mais il y a aussi, surtout, la protection de nos ressortissants.
Si on est optimiste on peut se dire que la majorité actuelle, loyaliste, saura gérer l’île dans le giron national. Mais cette majorité est faible. Compte tenu du code électoral, de la probable fuite de familles loyalistes craignant l’avenir, et du différentiel nataliste en faveur des Kanaks, cette majorité va probablement s’inverser à court ou moyen terme. Dans ce cas, toutes les opportunités offertes par ce texte vont irrésistiblement entrainer ce joyau du Pacifique, que nous avons fait, vers une indépendance incapable de résister aux appétits chinois, australien ou américain[3].
Il reste que ce projet doit entrainer une modification de la constitution. Dans ce pays acharné à se détruire, la majorité requise peut être atteinte. La gauche et les macronistes applaudissent ce texte, les LR sont partagés, et le RN s’est contenté jusqu’ici d’exprimer sa perplexité. Seul Reconquête est ouvertement hostile : mais ce parti n’a aucun représentant. Et attendons-nous alors à des mouvements sociaux dans nos autres territoires, dont une partie de la population, travaillée, par des courants étrangers hostiles, demandera à être traitée de la même façon.
Trois référendums c’était suffisant. Pourquoi s’incliner devant les perdants ?
Allons-nous revivre l’exode des pieds-noirs ?
[1] Composé de 54 membres élus
[2] Emeutes déclenchée par les Kanaks, hostiles à l’élargissement du corps électoral.
[3] Si nous sommes incapables du moindre instinct de survie, là comme ailleurs, finalement le moindre mal pour nos concitoyens serait d’avoir la protection australienne.
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