Réquisitoire contre le RN : un festival d’incohérences !
Le procès des assistants parlementaires du RN est encore loin d’être terminé, puisque le jugement n’est pas attendu avant plusieurs mois, mais, d’ores et déjà, les réquisitoires ont considérablement changé la situation politique française.
Le parquet réclame, en effet, contre Marine Le Pen 300 000 euros d’amende, cinq ans de prison, dont deux fermes, et surtout une peine d’inéligibilité avec exécution provisoire – c’est-à-dire non suspendue par un éventuel appel. En d’autres termes, si le tribunal suit les réquisitions, Marine Le Pen serait privée de la possibilité de se présenter à l’élection présidentielle de 2027.
La première chose qui frappe, c’est le « deux poids, deux mesures » par rapport au Modem.
On se souvient que François Bayrou et le Modem avaient été poursuivis pour les mêmes raisons que Marine Le Pen et le RN et le premier avait été relaxé (les condamnations les plus lourdes contre ses amis étaient de 18 mois de prison avec sursis, 50 000 euros d’amende et deux ans d’inéligibilité avec sursis).
Comment croire à l’impartialité de la justice quand des affaires analogues donnent des résultats si différents ?
Par ailleurs, sur le fond, on ne peut se défendre de penser que ces deux procès sont bien étranges. J’ai été longtemps assistant parlementaire et je peux témoigner que, dans ce cadre, on est au service d’une personnalité politique – et non de l’institution parlementaire qui vous paie ! – et que, par conséquent, les fonctions de cette personnalité au sein de son parti ont des conséquences sur le travail de l’assistant (même si, pour ma part, j’ai toujours refusé d’adhérer à un parti).
Si les choses sont différentes au Parlement européen, cela signifie qu’il ne s’agit pas d’un parlement – et la chose mériterait peut-être d’être annoncée aux citoyens.
En toute hypothèse, personne ne prétend que les emplois incriminés étaient fictifs, ni qu’ils ont occasionné un détournement de fonds ; il aurait donc dû être possible de régler cette affaire par un simple remboursement des frais éventuellement indûment perçus.
Mais le plus curieux, dans cette histoire, c’est que l’on ne comprend pas l’intérêt pour l’oligarchie anti-nationale de cette mise à mort de Marine Le Pen.
Avec ou sans Marine Le Pen, le RN aura un candidat à la présidentielle et ce candidat sera d’autant plus fort que le « Système » aura empêché Marine Le Pen de se présenter.
Que peut-il se passer dans la tête de ceux qui veulent, à toute force (éventuellement au prix d’une utilisation politique de la justice, comme naguère à l’encontre de François Fillon), faire taire le RN et qui lui accorderaient ainsi dix points supplémentaires ?
Par ailleurs, que n’aurait-on entendu si la justice hongroise avait privé un opposant de se présenter à une élection ? Croit-on que les sempiternelles leçons de moraline « démocratique » de M. Macron seront plus crédibles si, à l’arrogance, il ajoute l’incohérence d’avoir pratiqué ce qu’il reproche aux autres ?
Oh, bien sûr, nous connaissons déjà la réponse qui nous sera faite sur l’indépendance de la justice. Mais c’est se moquer du monde : qui ignore le poids des politiciens dans les nominations des magistrats ?
En un mot, si le tribunal suit les réquisitions, il y a de fortes chances que le résultat soit exactement inverse de celui qu’espèrent manifestement nos « chers » dirigeants. Mais on le sait depuis longtemps, les hommes font l’histoire, mais ignorent l’histoire qu’ils font. C’est ce que mon vieil ami Bernard Antony (qui, en tant que président de l’AGRIF, s’y connaît en matière de justice) appelle joliment l’hétérotélie : en visant un but, on obtient quelque chose de tout différent, parfois exactement inverse !
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