Retailleau et la naïveté des journalistes de droite

Depuis que Bruno Retailleau a été nommé à l’Intérieur, les plateaux réunissant des journalistes classés à droite se muent régulièrement en oratoires où chaque coup de menton du ministre est salué par des louanges de « sincérité », de « détermination », de « parler vrai ». On a même pu entendre « supplément d’âme ».
On peut se demander quel air psalmodieront ces chantres dans six mois, lorsque tout le pays constatera qu’en matière d’immigration et d’insécurité, rien de fondamental n’aura changé.
Plutôt que de « mettre sur la table » des suggestions à débattre en 2025, le ministre aurait pourtant pu créer un vrai choc en accord avec l’attente du pays dès le lendemain de sa nomination en prenant des mesures qui n’auraient été exposées ni à un vote minoritaire de l’Assemblée, ni à une invalidation par nos copies de « Cours Suprêmes », ni au prérequis d’une refonte de la Constitution.
Par exemple en triplant les capacités d’accueil en rétention administrative et en maisons d’arrêt par adaptation, même sommaire, de bâtiments vides, de résidences universitaires et d’infrastructures militaires désaffectées pour débarrasser tout de suite nos rues de centaines de multirécidivistes déjà repérés comme des dangers publics et aux peines ou OQTF déjà prononcées mais non exécutées.
Ces naïfs oublient un peu vite que le contexte dans lequel ont surgi chez Bruno Retailleau des « paroles de fermeté », c’est lorsque l’avance inattendue sur le bloc thématique [immigration-insécurité-identité] de la candidature d’Éric Zemmour a percuté la primaire LR à l’automne 2021, conduisant tous les ténors de la « droite classique » à courir derrière celui-ci et à proposer en l’espace de 15 jours des remises en cause, qui du regroupement familial, qui du droit du sol, qui du droit d’asile, qui de l’AME.
Toutes ces propositions ont été démenties pour chacun d’entre eux par des parcours politiques de plus de 30 ans, au cours desquels, par des votes explicites ou par des lâchetés, ils avaient tricoté le carcan juridico-administratif qui les eût empêchés de mettre en application les mesures qu’ils préconisaient.
Leurs paroles de fermeté n’étaient déjà dans ces circonstances ni sincères ni crédibles, tout juste bonnes à faire rigoler à les entendre une certaine Ursula !
Ils oublient également qu’en ce qui concerne l’immigration non gérée et ses dommages collatéraux, la comédie de l’empathie avec les Français déjà jouée en 2005-2007 en mode « karcher-racailles » a été suivie de l’ouverture à gauche et de la suppression de la mal nommée double peine, et que, plus récemment (épisode abaya), celui qu’ils élevaient dans un même concert de louanges au rang de rempart de l’Occident contre le Croissant pour avoir maté une poignée de collégiennes manipulées par l’imam de leur quartier appelait, six mois plus tard, à voter pour des islamo-gauchistes.
Si l’on a déjà du mal à comprendre que les postures et autres promesses non tenues en matière de gestion de l’immigration durant 40 années ne génèrent pas davantage de méfiance chez l’électeur, c’est encore plus difficile de les voir encore hypnotiser des « journalistes » comme le regard du premier renardeau venu peut le faire sur un perdreau de l’année.
À titre de comparaison, le vrai perdreau, celui qui vit dans les champs, pour peu qu’il ait survécu à une première saison de prédation, devient méfiant non pas après 40 ans mais dès la saison suivante – alors que son cerveau ne pèse que quelques milligrammes !