Robert Badinter et les victimes

Robert Badinter et les victimes

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’inépuisable cohorte des bien-pensants décérébrés a longuement et bruyamment communié avec no­tre Président multicarte lors du transfert de la robe d’avocat de Robert Badinter au Panthéon (son corps étant resté au cimetière de Bagneux, exposera-t-on ses pantoufles quelque part ?).

Le bon peuple a longuement communié dans la générosité du personnage en ignorant sans doute que sa notoriété, son adresse, ses fonctions, ses relations politiques, sa fortune (ou plutôt celle de son épouse) l’avaient, depuis l’abolition de la peine de mort, largement mis à l’abri d’un risque d’agression physique pour lui et ses proches – ce qui signifie, qu’en pratique, le risque de peine de mort ne concernait plus que les braves gens ordinaires, le tout-venant de la populace…

Il aurait du reste été logique que participe à l’hommage au Panthéon, une délégation des pires criminels encore vivants dans notre pays – reconnaissants envers celui qui les avait fait échapper à un risque d’exécution, en pratique très théorique…

Au demeurant, la logique voudrait que, dans chaque prison abritant des criminels particulièrement dangereux, soit apposée une plaque « À Robert Badinter, les grands criminels reconnaissants » !

Dans son acharnement à abolir la peine de mort, Robert Badinter a confondu trois niveaux totalement différents :

– l’existence de la possibilité d’une condamnation à mort, c’est-à-dire le risque, pour un candidat à un meurtre horrible de pouvoir être condamné à mort.

– La condamnation proprement dite que prononçaient très rarement les cours d’assises, même dans les cas les plus horribles de meurtres d’enfants avec torture et préméditation.

– L’exécution de la sentence, encore plus rare car, sans doute par démagogie, les présidents usaient généralement de leur droit de grâce… Tout le monde n’est pas le Général de Gaulle qui n’hésita pas à envoyer au peloton d’exécution le Colonel Bastien-Thiry, officier exceptionnellement brillant, qui n’avait pas fait couler une goutte de sang mais s’en était pris à la personne même du monarque…

On peut aussi penser que, dans l’opinion publique, la méthode barbare utilisée en France pour administrer la mort fût pour beaucoup, la sanglante guillotine faisant infiniment plus horreur que la chambre à gaz ou la chaise électrique.

On ne pourra interroger ceux que Robert Badinter vient de rejoindre sous la voûte sacrée mais on peut penser que certains se seraient passés d’un tel voisinage.

De toute façon, si certains criminels horribles vont désormais au bout de leur forfait alors que la possibilité de la peine de mort les aurait fait renoncer, c’est à Robert Badinter que l’on devra ces quelques morts innocentes que l’on aurait pu épargner.

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