Sortir de la faillite de notre système de santé
Dans le n° 1448 des « 4 Vérités », j’ai expliqué la véritable raison de la faillite du système de santé français.
Je souhaite présenter ici 3 mesures qui permettraient d’améliorer la situation, dans un délai de 5 ans.
Ces mesures déplairont à certains. Mais peu importe, j’assume mes propos ; à mon âge, c’est l’avenir de mes petits-enfants qui me préoccupe.
1. Il faut réinstaurer les CES (Certificats d’Études Spécialisées) qui ont été supprimés par François Mitterrand dans les années 80.
Les CES formaient 70 à 80 % des médecins spécialistes, la plupart médicaux, tandis que 20 à 30 % des médecins spécialistes sortaient de l’internat et représentaient la plupart des spécialistes chirurgicaux.
Jusqu’aux années 80, le nombre important de spécialistes, accessibles directement sans passer par le médecin généraliste, permettait un diagnostic et un traitement rapide pour un grand nombre de patients, évitant ainsi l’engorgement dans les salles d’attente des médecins généralistes et aux urgences des hôpitaux.
La suppression des CES a entraîné, en une génération, la division par 4 du nombre de médecins spécialistes.
François Mitterrand n’avait pas compris que le niveau de qualité et d’efficacité d’un système de santé tient au nombre et aux compétences de ses médecins spécialistes.
2. Il faut en finir avec la liberté totale pour un jeune médecin de
s’installer où il veut, car ce qui était possible en 1970 n’est plus
possible aujourd’hui, en raison de l’insuffisance du nombre de médecins.
La conséquence de cette liberté est qu’il y a pléthore de médecins généralistes et spécialistes en région parisienne et sur la Côte d’Azur, et qu’il existe des villes de province de plus de 50 000 habitants sans aucun ophtalmologue ni pédiatre ni gynécologue.
L’assurance-maladie doit évaluer, pour 100 000 habitants, combien il faut de médecins généralistes et de spécialistes dans chaque spécialité, et ensuite établir une carte de France précise des cabinets médicaux, tenue à jour chaque année et consultable à tout moment par les jeunes médecins désireux de s’installer.
Cette carte indiquera la démographie médicale existante et la
démographie médicale souhaitable. Un jeune médecin ne pourra s’installer que dans une région en recherche de nouveaux médecins, généralistes ou spécialistes.
3. Enfin, il faut en finir avec le « mercenariat médical ».
Cette pratique consiste, pour un médecin récemment diplômé, à refuser de s’installer, en cabinet ou clinique ou hôpital, mais à travailler comme remplaçant, dans un cabinet, une clinique ou un hôpital, pendant quelques jours ou semaines, puis à cesser son activité pendant quelques semaines ou mois, et recommencer la même chose, dans la
même région ou une autre région, pratiquant un véritable « mercenariat itinérant ».
Ainsi, certains médecins ne s’installent jamais et vivent confortablement de remplacements.
Pour mettre fin à ce « mercenariat », il faut mettre en place des règles simples :
– Après son diplôme, un jeune médecin pourra faire des remplacements pendant une durée limitée, 2 ou 3 ans, après laquelle il aura l’obligation de s’installer.
– Par contre, un médecin retraité pourra effectuer des remplacements aussi longtemps qu’il le voudra, dans le cadre défini du cumul « emploi-retraite ».
Si ces 3 mesures sont appliquées et imposées, les effets bénéfiques se verront rapidement, en moins de 5 ans.
Dr Luc Siohan
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