Sur les décombres du macronisme

Sur les décombres du macronisme

Emmanuel Macron s’est fait élire en 2017 sur le concept (vaseux selon nous), de « ni droite, ni gauche ».
Ce n’était évidemment qu’une posture : à 39 ans, ce brillant énarque avait jusque-là toujours suivi des politiciens de gauche, même s’il a laissé entendre avoir voté pour François Bayrou au premier tour de l’élection présidentielle de 2012.
Tout au long de son premier mandat, outre quelques hauts fonctionnaires, les ministres de ses gouvernements viennent principalement soit des rangs socialistes soit de ceux de l’UMP, devenue Les Républicains en 2015. Le macronisme recycle des hommes politiques de droite et de gauche, sans véritable changement du personnel.
En 2022, le Président commet l’erreur de nommer Élisabeth Borne. Elle appartenait à la mouvance socialiste jusqu’en 2017. Ni elle ni le chef de l’État ne s’étaient assurés qu’elle disposerait d’une majorité stable à l’Assemblée nationale, pierre angulaire du bon fonctionnement des institutions de la Ve République. C’est ainsi que la réformette des retraites, portant sur l’âge légal de départ, ne fut adoptée qu’avec l’artifice de l’article 49-3 de la Constitution.
Après la funeste dissolution de juin 2024, rebelote. Le Premier ministre Michel Barnier est nommé sans s’être assuré préalablement de disposer d’une majorité parlementaire. Idem pour celui de François Bayrou puis de Sébastien Lecornu 1.
Avec Lecornu 2, l’abandon de l’arme du 49-3 aboutit à autoriser le Parti socialiste à mettre un revolver sur la tempe du gouvernement. Notre gouvernement ne tient, très provisoirement, que par la crainte d’une majorité de députés à retourner devant leurs électeurs, aujourd’hui prêts à faire élire une majorité Rassemblement National…
Le chef de l’État, brillant technocrate, comédien amateur, était aussi un politicien débutant.
Dans ce contexte de débandade politique, les réalités économiques s’imposent. L’endettement de la sphère publique nous a menés au bord de l’abîme. Et quand il s’agit de redresser légèrement la barre, les propositions d’impôts nouveaux l’emportent largement sur celles d’économies.
Pourtant, individuellement con­sidérés, les Français sont largement d’accord pour faire l’inverse : équilibrer les comptes, et ne s’endetter qu’exceptionnellement ; payer des impôts, mais pas trop, et en priorité pour financer les fonctions vraiment régaliennes ; confier les responsabilités au plus près du terrain, plutôt qu’à un État central obèse…
Tout se passe comme si les Français avaient, sur la gestion de leurs affaires personnelles certains principes, et en acceptaient d’autres quand il s’agit des affaires collectives.
Cette dichotomie a été parfaitement analysée par Gustave Le Bon, dès 1895, dans son ouvrage magistral « Psychologie des foules ».
Il avait compris que l’opinion manipulée des foules, se substituait à celle, plus raisonnable, des individus, et que c’était là une caractéristique majeure des temps modernes. Aujourd’hui, les mass media influencent ce que l’on pourrait appeler des « foules numériques ».
Or le propre des foules est de perdre le sens commun, et même d’être capables d’adhérer à des pulsions irrationnelles.
La France a cette caractéristique d’avoir été marquée par de nombreuses révolutions. Chez nous, le primat du collectif l’emporte plus que partout ailleurs sur celui de l’individu. Le héros de notre histoire nationale, c’est le peuple. Et la tentation de celui-ci s’appelle la barbarie (autre nom du socialisme ?), tentation permanente de l’État. 

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