Trump doit revoir son attitude sur l’Ukraine
Après un premier mois époustouflant sur le front intérieur qui force l’admiration des plus rétifs à son style et qui donne à toute personne normale l’envie folle d’avoir des « Dogeurs » dans son propre pays, voici que Trump vient de commettre sur le front extérieur une bourde notoire qu’il sera difficile de minimiser comme un lapsus malheureux : non, Zelensky n’a pas commencé cette guerre, non il n’est pas un clown et non il n’est pas un dictateur non plus. Ce sont là des bribes de la propagande poutinienne qu’hélas, une section de sa base MAGA et quelques personnalités proches de Trump régurgitent avec une naïveté confondante. Et non, Poutine n’a jamais été menacé par l’OTAN, ni par personne à l’Ouest.
Certes, Trump a des motifs d’aigreur contre Zelensky : l’Ukrainien aurait pu dire au monde en juin 2019 que l’appel téléphonique de Trump ne visait qu’à s’assurer que le nouveau président appliquait bien ses promesses anti-corruption. On sait la suite. Et puis, Zelensky était pour Kamala Harris jusqu’au 5 novembre. Enfin, il est vrai qu’aucun audit n’a jamais été fait des 350 milliards de dollars versés à perte par Biden à une Ukraine probablement encore très corrompue, tandis que les Européens n’ont consenti qu’à 100 milliards en « prêts » alors qu’il s’agit de leur arrière-cour.
Les partisans inconditionnels de Trump (dont l’auteur de cet article fait habituellement partie, depuis 2011 s’il vous plait, et pas seulement 2015 !) ont vite avancé plusieurs explications : « Il veut faire un Reverse Nixon », détacher la Chine de la Russie pour affaiblir la Chine qui est effectivement l’Ennemi n°1. Ou encore : « Il veut provoquer les Européens pour les forcer à l’action. » Or, rien de tout cela ne tient.
Rappelons que Nixon et Kissinger n’ont réussi qu’à faire de la Chine de Mao un pays apparemment respectable qu’il fallut ensuite accueillir dans l’OMC, à nos risques et périls avons-nous découvert. D’autre part, qui peut encore croire que les chefs européens socialistes pacifistes (lâches) vont diminuer leurs dépenses sociales pour réarmer ?
Bien sûr, il n’est pas dans le caractère de Trump de s’excuser ou de se rétracter mais on a remarqué avec soulagement qu’à son discours au CPAC, il s’est bien gardé de reprendre ses propos erronés et ridicules contre Zelensky.
Sans doute s’est-il auto-corrigé, confronté au désarroi de nombreux sénateurs républicains, mais peut-on espérer qu’il ne brade pas ce qui reste de l’Ukraine ? Pire, qu’il ne laisse pas Poutine s’en tirer impuni et sans payer ?
Et puis, on est confondu de voir qu’après toute l’exploitation d’une collusion Trump-Poutine inventée par la gauche vicieuse contre lui de 2015 à 2020, Trump ne soit pas plus échaudé que ça devant toute chose russe !
Il convient de rappeler quelques vérités que le peuple américain peut ne pas connaître mais que ni le Secrétaire à la Défense, ni le ministre des Affaires étrangères, ni le Vice-Président, ni le Président des Etats-Unis ne doivent ignorer.
L’Ukraine a 1000 ans d’existence, la Russie 500 et n’a cessé depuis Ivan le Terrible d’être un prédateur pour ses voisins avec une prédilection particulière pour l’Ukraine dont elle nie l’identité et les frontières pourtant reconnues par elle-même en 1991. De plus, l’Ukraine a consenti par le Memorandum de Budapest de 1994 à abandonner ses défenses nucléaires contre la garantie de son territoire par la Russie (depuis les « emprunts russes » on sait ce que vaut une garantie russe) mais aussi par la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. L’Ukraine a aussi la mémoire du génocide de 1932, l’Holodomor. Et il faudrait la forcer à se fondre dans Mère Russie ? Mais la Russie n’est pas sa mère à elle. Elle est son tortionnaire et Poutine depuis 2014 se livre à une « russification » acharnée dans les 4 provinces escroquées : on voit par photos satellites comment les Russes « reconstruisent » les villes qu’ils ont sauvagement réduites en cendres. On sait que 250 000 enfants ukrainiens, orphelins du fait des bombardement russes, ont été capturés et déplacés à l’est de la Russie, dépouillés de leur identité, tout comme les habitants encore en vie dans les zones dévastées voient leurs titres de propriété cyniquement niés.
Trump et Vance, tout en ménageant la Russie afin de l’amener à négocier au moins une trêve, devraient montrer au peuple américain et au monde qu’ils sont conscients de tout cela. Ils pourraient légitimement expliquer à la base que Poutine a agi grâce à la faiblesse d’Obama et de Biden et que l’Union européenne a laissé faire, que, grâce à des présidents américains naïfs qui ont signé avec l’URSS et la Fédération de Russie des traités de désarmement nucléaire qu’eux ont suivi à la lettre et que la Russie a tous violés, Poutine est riche de 1400 têtes nucléaires – de quoi nous menacer tous, nous autres Occidentaux. Enfin que ses 11 fuseaux horaires ne lui suffisent pas et que, selon les thèses eurasianistes, sa Russie devrait s’étaler de l’Atlantique à l’Oural et que, sans l’OTAN, c’est exactement où l’Europe en serait aujourd’hui. Et ils pourraient alors ajouter :
« Nous n’assurerons plus la défense gratuite des pays européens qui croient que l’Article V de l’OTAN ne s’applique qu’aux Etats-Unis et ne nous ont jamais soutenus depuis le Vietnam jusqu’à l’Irak mais sont toujours prêts à nous critiquer. Nous vous avons sauvé de deux guerres mondiales, nous sommes intervenus au Kosovo parce que votre Union européenne laissait pourrir un conflit qui aurait pu dégénérer et le peuple américain a assez donné pour vous. »
Poutine est dictateur jusqu’en 2036 et, comme Xi, a pour lui le temps long. Les statistiques montrent que 90% des Américains se méfient de lui et savent que, si on lui laisse une sortie honorable qu’il ne mérite pas, il recommencera son odieux chantage nucléaire à la première occasion. Trump doit absolument comprendre que séparer le nouvel Axe du Mal qu’il forme avec la Chine, l’Iran et la Corée du Nord est une illusion mortelle. Il doit et peut trouver un compromis acceptable pour l’Ukraine. Même la fraction pro-Poutine de sa base finira par comprendre et ne l’en adorera que davantage.
Poutine se sentait menacé par l’empire de la liberté ? L’idée (du Sénateur Lindsay Graham) de faire exploiter les terres rares par de grosses compagnies américaines est parfaitement recevable et aiderait autant ce pays martyr qu’une appartenance à l’OTAN, politiquement et économiquement. Les Russes sont déjà en train de piller les mêmes terres rares dans les oblasts de l’est. Trump a eu le tort de se dire capable de mettre fin au conflit en 24 heures mais il a eu la sagesse de ne pas dire comment. Il doit éviter à tout prix un compromis bâclé. S’il ne peut pas restituer à l’Ukraine ses frontières d’avant Obama-Biden, il peut lui garantir de garder Odessa et Kiev. Et un avenir décent.
Il serait calamiteux que Trump gâche son héritage, la restauration en Amérique de la décence, de la normalité et du bon sens par des fautes parfaitement évitables en politique étrangère.
Comments (1)
” Nombreux sont les historiens qui se sont posés la question de savoir si la Russie Kévienne pouvait être considérée ou non comme un État !
C’ était plutôt une ” sorte ” de Fédération ou même d’ association regroupant de nombreuses régions et la ” cohérence ” de l’ ensemble ne pouvait être assuré que pour de courtes périodes de temps et par des souverains [ les Grands Princes ] exceptionnellement capables ! ”
Et c’ est aujourd’ hui encore le cas : l’ Ukraine ” Occidentale ” n’ ayant rien de commun avec l’ Ukraine du Donbass russe et russophone !
Pour mémoire : ….
Le déclin de la Rus’ de Kiev semble être également du à : ….
1 / l’ asservissement progressif des paysans par les propriétaires fonciers de même qu’ à l’ appauvrissement de la population des villes …
2 / la disparition du commerce de la ” Route des Varègues aux Grecs ” du fait de la modification des intinéraires commerciaux qui débuta dès les premières années du XI ième sciècle et qui a exclua Kiev du commerce transcontinental avec comme facteur aggravant son échec à protéger contre les peuples de la steppe son accès à la Mer Noire … ce que réussirent à faire les …. Mongols au profit de la … Russie des Grands Princes de Moscou !
Il faut se faire à ce fait géographique, historique donc politique que la Russie actuelle est l’ oeuvre des Grands Princes de Moscou et de leurs … ” successeurs ” … rappelez vous la Guerre Patriotique !
Savoir aussi que le Pays le plus admiré et aimé par les Elites Russes a toujours été la France
Enfin je conseille à l’ auteur de lire
” Histoire de la Russie ” de Nicholas V. Riasanovsky
d’ où sont tirés bon nombre des propos ci-dessus
RENOUONS AVEC LA RUSSIE