Trump, l’Ukraine et l’Europe

Trump, l’Ukraine et l’Europe

Dans le n° 1522 des « 4 vérités », j’ai relu l’article « Ukraine : bientôt la fin ? » de M. Millière, et je n’en suis pas encore remis. Je ne sais quel sentiment me domine le plus devant tant de partialité : la sidération ou la colère.

Les soutiens de M. Poutine peuvent s’en délecter. Tout est critiquable dans ce texte, qui reprend l’essentiel de la doxa néo-soviétique de M. Poutine.

Pas un mot de la responsabilité écrasante et sans excuse de l’agresseur russe ; au contraire. Qui accuse-t-il de « jusqu’au-boutisme » ? Pas l’agresseur russe, non, la victime ukrainienne.

Il déplore les victimes, les destructions, les pénuries ; en Ukraine bien sûr. Mais qui en rend-il responsable ? Pas les Russes (qu’il pourrait d’ailleurs inviter à payer la reconstruction de ce qu’ils ont détruit), mais les États européens et l’Ukraine. Il n’hésite pas à dire que les « principaux coupables » de la situation actuelle sont MM. Macron, Starmer et Merz.

La seule solution qu’il voit pour mettre fin à ce conflit, c’est de faire accepter par M. Zelensky des « paramètres » (?)… acceptables par M. Poutine : abandon de 20 % de son territoire, neutralité de l’Ukraine, pas d’intégration à l’OTAN. Autrement dit, il préconise de laisser tomber l’Ukraine et d‘en faire un État croupion à la merci du prochain coup de chaud russe. C’est ce qu’il pense être le garant d’une paix durable en Europe.

Il regrette donc que l’agressé ne se laisse pas faire pour limiter, chez lui, le nombre de victimes et de destructions infligées par l’agresseur. Faut-il encourager les Ukrainiens à céder parce qu’on a peur ? En tout cas, c’est à l’Ukraine de décider.

Un pays attaqué a le droit, le devoir de se défendre. Et ce n’est pas à nous de décider de la somme de souffrances qu’il peut endurer pour cela. Qu’aurions-nous pensé si, en 1940, on nous avait dit que résister aux nazis était une idée folle car elle engendrait tant de victimes et de destructions sur notre sol ?

Localiser un conflit, c’est toujours abandonner la victime à son sort. Nous l’avons fait en 1938 en abandonnant la Tchécoslovaquie. En entérinant le fait accompli, on se condamne à avoir la guerre quand même plus tard, car c’est un encouragement pour l’agresseur.

M. Millière vit depuis trop longtemps aux États-Unis. Sa fascination pour M. Trump l’amène, comme lui, à privilégier n’importe quelle solution sans souci de la sécurité européenne, donc française.

La satisfaction russe devant les propositions de M. Trump, est à elle seule le signe évident que l’accord envisagé est favorable au prédateur. M. Trump ne veut qu’une chose : que cesse ce désordre qui empêche les affaires de reprendre leur cours.

Où est l’Amérique de nos souvenirs qui, sans perdre de vue ses propres intérêts, ce qui est naturel, pouvait passer pour le pilier de la défense des libertés occidentales ?

J’ai exprimé souvent le point de vue qu’il était légitime que les Européens prennent une plus grande part du fardeau de la défense de l’OTAN. J’aurais même compris que M. Trump nous dise qu’il nous accordait 5 ans, ou même 3 ans, pour prendre en compte notre propre défense, et qu’à l’issue, il se retirait de l’OTAN. Mais pas ça !

Non seulement il nous lâche en plein combat, mais il fait un deal avec notre adversaire – et M. Millière approuve. C’est très décevant.

Ce qui se passe depuis des mois fait peser les plus grands doutes sur la fiabilité des engagements contractés par les États-Unis. Les interrogations doivent être les mêmes en Corée du Sud, à Taïwan, au Japon, en Australie, en Nouvelle-Zélande, aux Philippines.

L’Amérique est en train de tomber de son piédestal. On ne peut plus compter sur elle. Il faut se réarmer ; très vite – quelle que soit notre situation économique.

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