Un gouvernement réactionnaire ? Vraiment ?

Un gouvernement réactionnaire ? Vraiment ?

Depuis quelques semaines, la gauche nous corne dans les oreilles qu’elle a gagné les législatives et que, par conséquent, la nomination d’un gouvernement de droite est un « coup de force » d’Emmanuel Macron.
À peu près tout est faux dans ces « éléments de langage » repris sans aucune distance critique par l’ensemble des médias dominants, (c’était bien la peine de nous enquiquiner avec toutes sortes de moyens pour lutter contre les « fake news » !).
Tout d’abord, non, encore mille fois non, la gauche n’a pas gagné les législatives. Le principal groupe parlementaire est bel et bien celui du RN – et je ne parle même pas du nombre d’électeurs, pour lequel le parti à la flamme sort largement en tête.
Ce qui est vrai, c’est que la coalition de gauche a été la seule à se former avant le premier tour des législatives (et, en cela, on peut du moins lui reconnaître le mérite de la franchise : oui, M. Hollande a été élu sur la base d’un programme d’ultra-gauche imposé par LFI). Mais pourquoi diable serait-il impossible de construire une coalition entre les deux tours ou après le deuxième tour ?
Au demeurant, la gauche qui hurle au scandale devant la coalition LR-majorité présidentielle bâtie récemment, ne trouvait rien à redire à la coalition d’entre-deux-tours qui allait de LFI aux LR.
En tout cas, pour en finir avec l’arithmétique parlementaire, il est clair qu’avec 193 sièges, le Nouveau Front populaire n’obtient pas – tant s’en faut – la majorité absolue, mais surtout il est moins fort que la coalition constituée par les macronistes et LR (213 sièges) et, par conséquent, on voit mal pourquoi cette dernière coalition serait moins légitime que le NFP pour gouverner.
Au passage, je m’étonne beaucoup des sorties du « camarade » Delogu contre Pétain : si j’ai bien compris, le Nouveau Front populaire se réclame du premier, celui de Léon Blum. Ignore-t-on, parmi les députés NFP, que le maréchal Pétain fut président du conseil d’une majorité Front populaire ?
Enfin, il est absurde de prétendre que le gouvernement Barnier est « de droite ».
Il comprend certes des ministres de droite, à commencer par le premier d’entre eux. Mais pas davantage que le premier gouvernement d’Édouard Philippe.
La plupart des ministres restent des macronistes. Et le socialiste Didier Migaud, premier dans l’ordre protocolaire après Michel Barnier, obtient le portefeuille déterminant pour notre sécurité de la Justice (où il y a fort à parier qu’il bloquera toutes les initiatives que pourra envisager son collègue de l’Intérieur, le LR Bruno Retailleau).
Que la gauche crie au déni de démocratie ou au retour de la droite dure, c’est de bonne guerre, mais cela n’en fait pas une vérité pour autant. Et je reste tout de même assez éberlué de voir à quel point les médias de grand chemin demeurent englués dans leur idéologie de gauche au point de ne pas voir l’évidence.
Si déni de démocratie il y a eu, c’est dans l’usage du prétendu front républicain qui a privé la coalition LR-RN de la victoire. Et quelques ministres conservateurs parmi 38 (!) ne sauraient constituer un gouvernement « réactionnaire ».
Reste que, derrière cette tempête dans un verre d’eau, je vois mal comment ce gouvernement va pouvoir agir puisqu’il lui faudra nécessairement, selon les cas, obtenir l’abstention, voire le soutien, du RN ou du NFP. Comment ce qui était si difficile avec une majorité nettement plus confortable et nettement moins divisée deviendrait-il miraculeusement possible ? Et comment des réformes courageuses pourraient-elles être menées sans le soutien clair d’une majorité ? Nous pouvons toujours espérer de bonnes nouvelles mais l’enlisement jusqu’à la prochaine dissolution semble tout de même plus probable !

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