Un nouveau droit qui n’enlève rien à personne ?

Un nouveau droit qui n’enlève rien à personne ?

Le débat actuel sur l’euthanasie fait réapparaître une phrase abondamment utilisée par la gauche bien-pensante depuis plus de 50 ans : « Nous créons un nouveau droit, qui n’enlève rien à personne. »
À force d’être ânonné, ce slogan finit par apparaître comme une évidence. Pourtant, il devrait être beaucoup plus évident encore que les droits des uns sont les devoirs des autres et qu’il est par conséquent tout à fait impossible de créer un « nouveau droit » qui n’enlèverait « rien à personne ».
Mais d’abord, comment ne pas relever que le parlement est tout à fait incapable de créer un droit ? Il peut le reconnaître et l’encadrer, pas le créer – sauf à supposer que nous serions des créatures de l’État qui nous dispenserait généreusement des droits, sinon la vie même !
Nous n’en finissons pas de payer la mythologie du contrat social. Non, l’Assemblée constituante n’a pas pu donner une constitution à la France : celle-ci existait depuis treize siècles et n’avait pas attendu les rêveurs rousseauistes pour être constituée.
Le problème, c’est que cette mythologie a des conséquences politiques bien concrètes.
Nous agissons comme s’il allait de soi que tout le droit était création de l’État.
Ce serait donc l’État qui nous octroierait magnanimement notre droit de propriété, par exemple – et pourrait donc le reprendre.
Cette logique absurde réapparaît de temps à autre quand tel ministre ou tel comité Théodule « propose » de taxer les « loyers fictifs », c’est-à-dire les loyers que les propriétaires ne paient pas pour habiter leur logement.
Aujourd’hui, le droit de propriété (prétendument au cœur du projet révolutionnaire – qui commença pourtant par la plus gigantesque spoliation de toute notre histoire) n’existe plus en théorie (les banques peuvent désormais, dans certains cas, se servir légalement sur nos comptes), pour ne rien dire de la pratique (quand nous travaillons plus de la moitié de l’année pour l’État, comment prétendre que nous sommes encore des hommes libres ?).
Dans la pensée politique classique, nous considérions au contraire que certaines réalités (la personne et la famille en particulier) préexistaient à l’État.
Mais revenons à ces fameux droits sociétaux qui n’enlèveraient rien à personne.
Pour l’euthanasie, on nous explique que personne ne sera obligé de la demander. Mais c’est oublier que l’être humain ne vit pas dans les nuées. La probable légalisation de l’euthanasie fera peser un poids très lourd sur les handicapés ou les vieillards.
Même dans l’hypothèse où une personne âgée vit entourée d’une famille aimante (ce qui, avec la dislocation des familles, sera de moins en moins le cas), comment empêcher qu’elle se sente, parfois, un poids pour ses proches ?
Et la simple logique financière sera terrible : entre quelques semaines en soins palliatifs et l’administration d’un poison, qu’est-ce qui sera le plus « économique » ? Si l’on se souvient que la moitié des dépenses de l’assurance-maladie ont lieu au cours de la dernière année de vie, il est assez clair que la pression économique poussera certains à faire usage de leur « droit à mourir » le plus tôt possible.
Mais il y a plus pervers encore : ces « avancées sociétales » s’accompagnent systématiquement d’un délit d’entrave ou d’une pénalisation des opposants.
Prenons l’exemple du « mariage pour tous ». Bien sûr, nous ne sommes pas contraints de nous marier avec une personne de sexe. En revanche, critiquer les conséquences sociales de cette loi peut désormais vous amener devant les tribunaux.
Cet « argument » de la propagande gauchiste : « Nous créons un nouveau droit, qui n’enlève rien à personne » est donc peut-être une posture flatteuse, mais c’est surtout un mensonge !

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