Vance contre les « élites » européennes
Le 14 février, J.D. Vance, vice-président des États-Unis, a donné à Munich un discours important dans le cadre d’une conférence sur la sécurité en Europe – dans une ville endeuillée la veille par un énième attentat islamiste.
Ce discours manifeste tout d’abord l’inexistence géopolitique de l’Union européenne. Un important dirigeant non-européen a pu critiquer sévèrement les dirigeants européens – dans une capitale européenne. C’est d’autant plus frappant que les États-Unis venaient d’annoncer leur intention de négocier la paix en Ukraine directement avec Vladimir Poutine, sans participation des États européens.
Il faut avouer que la France et l’Allemagne, parties aux accords de Minsk, n’y avaient pas brillé !
On serait tenté de dire que ce discours de Vance sortait l’Europe de l’histoire, si l’Union européenne était une incarnation politique de l’Europe – ce qui n’a jamais été le cas. L’UE, quant à elle, n’est tout simplement jamais entrée dans l’histoire : elle a toujours vécu dans les nuées utopiques de l’idéologie post-nationale.
Mais ce discours du vice-président américain, s’il est une gifle, est aussi une magnifique leçon de civilisation … européenne.
J’ai déjà dit ici que le cardinal africain Robert Sarah était plus attaché à la civilisation française que la plupart de nos politiciens. De la même façon, ce dirigeant américain m’a semblé, à le lire, plus européen que Mme von der Leyen ou M. Macron. Ce qui en dit long sur notre effondrement.
M. Vance a déclaré nettement : « La menace qui m’inquiète le plus vis-à-vis de l’Europe n’est pas la Russie, ni la Chine, ni aucun autre acteur extérieur. Et ce qui m’inquiète, c’est la menace qui vient de l’intérieur, le recul de l’Europe par rapport à certaines de ses valeurs les plus fondamentales, des valeurs partagées avec les États-Unis d’Amérique. »
Et ce recul porte principalement sur le refus des « élites » d’écouter les peuples – c’est-à-dire que Vance a repris explicitement la critique populiste à son compte.
Non seulement du point de vue formel (le recul de la démocratie et de la liberté d’expression), mais aussi du point de vue matériel: J.D. Vance a notamment évoqué le défi majeur de l’immigration de masse – et de ses conséquences sur la sécurité. Mais aussi la lente montée d’une espèce d’anti-christianisme larvé (il a mentionné à plusieurs reprises des personnes qui avaient eu affaire à la justice de leur pays pour avoir pacifiquement, mais publiquement, manifesté leur foi chrétienne).
En d’autres termes, le vice-président américain a porté les inquiétudes « identitaires » de la plupart des peuples européens.
Est-ce le signal de la fin de cette idéologie mondialiste, longtemps promue par les États-Unis, qui considérait les êtres humains uniquement comme producteurs ou consommateurs ? Ce qui est sûr, en tout cas, c’est que les « élites » européistes ne sont pas prêtes à entendre !
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