Vers des « vérités » scientifiques d’État ?
Depuis quelques jours, les médias parlent beaucoup d’une proposition de loi transpartisane visant officiellement à lutter contre la désinformation en matière climatique – ce qui est souvent résumé comme une proposition de loi visant à interdire les prises de position « climatosceptiques » dans les médias.
À ce stade, nous ne connaissons ni le texte, ni les signataires de ce texte qui est en cours de rédaction.
Nous savons seulement que l’initiative vient des associations « écologistes » (je crois qu’il faut prendre l’habitude de mettre systématiquement des guillemets lorsqu’il ne s’agit pas de l’écologie comme science, mais de sa politisation) Quota Climat et l’Institut Rousseau.
Nous savons aussi qu’elle est portée à l’Assemblée par le député PS Stéphane Delautrette. Et que le RN ne fait pas partie de cette initiative transpartisane (sans que l’on sache si cette exclusion vient d’un refus – qui serait tout à son honneur – du parti lui-même d’attenter à la liberté d’expression ou d’une nouvelle manifestation du sectarisme des députés Nupes).
En tout cas, le projet existe bel et bien et il serait même encouragé, dit-on, par le gouvernement.
Tout le monde est contre la désinformation. Mais l’essentiel est de savoir comment on lutte contre cette dernière.
La façon contemporaine (puisée aux « meilleures sources » totalitaires) consiste à interdire les « fausses informations » – et donc à les définir légalement. Cela a l’avantage de la simplicité … mais le grave inconvénient que cela ne fonctionne pas : il est évident que la seule conséquence est de diminuer encore la confiance publique dans les médias (qui n’ont vraiment pas besoin de cela !).
Pardon, j’oubliais une autre conséquence – pas tout à fait négligeable : l’État dispose ainsi d’un monopole de la fausse information, qui ne contribue pas non plus à renforcer la confiance des citoyens dans ceux qui sont censés les représenter !
Il existait naguère une autre façon, plus civilisée.
Cela s’appelait la controverse : chacun présentait les arguments en faveur de sa thèse et la vérité était seule juge.
Cela permit l’incroyable réussite de l’université occidentale et le développement scientifique.
Seulement voilà, nous sommes très fiers d’être des Modernes et, en politique, l’un des axiomes de base de la modernité est la fameuse phrase de Hobbes : auctoritas, non veritas, facit legem – ce qui fait la loi, ce n’est pas la vérité, mais l’autorité.
C’est déjà très problématique en politique (il n’est pas tout à fait inutile que les décisions politiques soient conformes à la vérité et à la justice). Mais c’est absolument désastreux en matière scientifique.
Nous avons en effet alors le choix entre le lyssenkisme (« vérité » scientifique imposée par l’État) et une espèce de « complotisme » absurde (dont le « raisonnement » ressemblerait assez à ceci : je n’ai aucune confiance dans les médias, donc si ce journal dit qu’il fait beau aujourd’hui, c’est qu’il pleut !).
Les délires covidiques ont déjà montré que la science était le prochain champ d’action du totalitarisme. Mais tout cela plonge ses racines dans les innombrables limitations de la liberté d’expression issues de la loi Pleven.
Il serait temps de revenir à un débat civilisé normal : tant que cela ne nuit ni à une personne ni au bien commun de la société, laissons donc chacun défendre sa thèse. Les idées loufoques tomberont d’elles-mêmes et les vérités seront plus solidement défendues par des arguments solides que par un texte « transpartisan » !
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