Vers la fin de l’enseignement catholique sous contrat ?

Vers la fin de l’enseignement catholique sous contrat ?

Si l’enseignement catholique privé sous contrat s’est plutôt bien porté durant ces dernières années, plusieurs années de vaches maigres semblent se profiler à l’horizon, si l’on en croit les statistiques de l’Observatoire de l’immigration et de la démographie ‒ principale source de cette étude ‒ et ce, pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, au cours des dix dernières années, la natalité n’a cessé de baisser, constituant une nouveauté par rapport aux 15 premières années du XXIe siècle où le nombre des naissances avait été relativement constant: entre 2000 et 2015, le nombre des naissances oscillait entre 792 745 (année 2002) et 832 799 (année 2010) ‒ le pic des naissances ayant été atteint en 2010 avec 832 799 naissances.
L’année 2016 constitue la première année de décrochage réel du nombre des naissances en France avec 783 640 naissances, nombre qui n’a cessé de diminuer jusqu’aujourd’hui avec 663 000 naissances pour l’année 2024, soit une baisse continue et régulière d’environ 13 000 naissances de moins par an en moyenne.
Ce premier aspect signifie donc qu’à l’heure actuelle, l’enseignement catholique est déjà concerné par des fermetures de classes dans les écoles primaires. Mais, ce qui semble encore plus préoccupant pour l’enseignement catholique privé sous contrat, c’est que, dans les années à venir, de véritables saignées devraient avoir lieu dans les collèges, les lycées et dans l’enseignement supérieur.
D’autant qu’en ce qui concerne l’enseignement catholique privé sous contrat, il semble plus pertinent, compte tenu de la sociologie actuelle de ces établissements (pour des raisons culturelles, confessionnelles et financières), de ne s’attarder que sur le nombre des enfants nés de deux parents français, bien que l’enseignement catholique accueille déjà des enfants dont au moins l’un des parents est né à l’étranger, mais dans de plus faibles proportions.
Or, ce chiffre, des enfants nés de deux parents français ne cesse inexorablement de diminuer depuis 25 ans, passant de 626 821 en l’an 2000 à 606 250 en 2010, puis à 541 811 en 2016 pour atteindre 450 077 en 2023.
À l’inverse, on notera que le nombre d’enfants nés de deux parents étrangers n’a cessé d’augmenter, passant de 74 029 en l’an 2000 à 125 693 en 2023 (dont 113 738 de parents nés hors UE).
Ces chiffres veulent donc dire que, depuis la rentrée de septembre 2024, les collèges catholiques privés sous contrat sont concernés par ce repli démographique, que les lycées catholiques privés sous contrat seront impactés vers 2029 et que les Instituts universitaires catholiques le seront à partir de la rentrée 2031 ‒ engendrant très probablement pour ces derniers, une vague de licenciement massif de leurs vacataires.
Par ailleurs, compte tenu de la situation et en l’absence d’un sursaut du nombre des naissances en 2025 ou 2026, l’on pourrait donc assister à la fermeture en cascade d’écoles, de collèges ou de lycées catholiques privés sous contrat au cours de la période 2031-2040, à moins que ces derniers n’arrivent à survivre, au prix d’une augmentation significative des frais de scolarité pour les parents.

Simon Threat

Historien

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