Vers l’explosion de la zone euro
Comme toute monnaie, l’euro remplit deux fonctions :
- une fonction patrimoniale
- une fonction commerciale
Selon les périodes, la conjoncture, l’environnement international, etc…les peuples peuvent avoir des attentes différentes vis à vis de leur monnaie selon qu’ils privilégient l’une ou l’autre fonction.
LA FONCTION PATRIMONIALE
Dans cette fonction, la monnaie est garante de la valeur des biens et des supports de l’épargne, notamment des liquidités
Il faut rappeler la fantastique dévaluation qu’a connue le franc avant l’introduction de l’euro.
Exprimé en monnaie actuelle, le SMIC de 1950 serait de 23 euros/mois. Il faudrait donc le multiplier par près de 80 !
Pour simplifier on peut dire que le pouvoir d’achat de la monnaie a été divisé par près de 80 au cours de cette période, soit une dépréciation de l’ordre de 6 % par an !
Les Allemands restent encore traumatisés par la spectaculaire faillite monétaire de la république de Weimar vers 1924 : Il fallait alors des milliards de Marks pour acheter un timbre-poste ! Il fallait même payer sa bière au moment de la commander, car après l’avoir bue, son prix avait déjà augmenté !!
La qualité fondamentale de la fonction patrimoniale d’une monnaie est que celle-ci reste aussi stable que possible sur la longue durée.
Malgré le whatever it costs, le quantitative easing et les aberrants taux d’intérêt négatifs temporairement pratiqués par la Banque centrale européenne, l’euro a relativement bien rempli cette condition.
LA FONCTION COMMERCIALE
Une monnaie sert également de support aux échanges commerciaux entre différents pays (importations, exportations).
Lors de la création de l’euro, le rapport entre cette nouvelle monnaie et chacune des monnaies nationales a été fixé à partir des taux dechange réellement observés antérieurement. Au départ, tous les pays de la zone euro étaient donc sur un pied d’égalité en terme de compétitivité.
L’euro ayant été imposé comme monnaie unique, chaque pays savait qu’il ne pourrait plus recourir à des modifications de taux de change. Les dirigeants auraient dû se fixer la règle impérative de ne pas laisser la compétitivité de leur pays se dégrader par rapport aux autres pays de la zone euro.
Hélas, ce fut loin d’être le cas…
Un seul pays important, l’Allemagne, s’est imposé, grâce au Chancelier Schröder, des réformes profondes – et douloureuses – qui ont maintenu et même amélioré sa compétitivité. De ce fait l’Allemagne a bénéficié d’un avantage compétitif majeur face à ses partenaires de la zone euro. Elle aeu pendant des années, une balance commerciale très largement positive. L’euro a constitué, pendant longtemps pour l’Allemagne, un « taux de change » très avantageux qui lui a permis de gagner des parts de marché sur tous ses concurrents européens.
Si l’Allemagne était sortie de l’euro, sa monnaie se serait appréciée. Les produits importés auraient été moins onéreux pour les Allemands et donc les importations auraient augmenté. Au contraire les exportations allemandes seraient devenues plus coûteuses pour les acheteurs étrangers – y compris européens – et auraient diminué en volume.
L’excédent de la balance commerciale allemande se serait considérablement réduit.
L’euro a donc apporté à l’Allemagne une rente de compétitivité.
Il en va tout autrement pour les « pays cigales » qui pour des raisons diverses ont vu leur compétitivité se dégrader au fil du temps.
Leurs coûts de production se sont alourdis. Leurs exportations, devenues plus onéreuses pour les acheteurs étrangers – y compris ceux de la zone euro – ont diminué, et leur activité s’est ralentie.
Il en est ainsi pour la France, hélas !
Il aurait été plus sage de faire de l’euro non pas une monnaie unique, mais une monnaie commune utilisée uniquement pour les importations et exportations, chaque pays conservant sa monnaie nationale pour son marché intérieur.
Le but des créateurs de l’euro n’était pas économique mais politique. Ils voulaient tuer le projet d’une Confédération d’états souverains, et créer une super-structure fédérale dans laquelle les états deviendraient à terme de simples circonscriptions administratives.
L’introduction de l’euro monnaie unique aurait dû être précédée, au minimum, par la mise en place de politiques fiscales et socialesconvergentes, ce que les peuples n’étaient pas prêts (et apparemment ne sont pas encore prêts) à accepter. La zone euro regroupe donc despays aux performances économiques très disparates. L’euro ayant été imposé comme monnaie unique, il n’existe aucun mécanisme pourcorriger les taux de change des pays à faible productivité par rapport aux pays à forte productivité. Au fil du temps, les performances des divers pays de la zone euro divergent.
Le risque d’éclatement de la zone euro est très réel.
La dévaluation externe étant interdite, la seule variable d’ajustement, pour un pays à faible productivité reste la « dévaluation interne »,c’est à dire la baisse généralisée du niveau de vie des habitants, afin de faire baisser les coûts de production. C’est ce qu’on a infligé aux Grecs quand on leur a imposé de rester dans l‘euro.
(Et c’est ce qui nous attend bientôt !…)
Devant cette perspective inquiétante – et pour beaucoup inacceptable – les habitants d’un « pays cigale » peuvent regretter de ne pas pouvoir dévaluer leur monnaie, ce qui reviendrait à sacrifier temporairement une partie de sa fonction patrimoniale pour redonner de l’efficacité à sa fonction commerciale.
Il est important pour un pays de garder la maîtrise de sa monnaie, afin de la gérer au mieux de ses intérêts, en fonction des circonstances.
AUTRES CONSIDERATIONS
Marie-France Garaud, qui fut conseillère De Georges Pompidou et de Jacques Chirac, a retenu trois critères pour définir la souveraineté d’une nation :
Battre monnaie Voter les lois Rendre la justice.
En entrant dans l’euro monnaie unique, la France a perdu la maîtrise de sa monnaie.
Des exemples quotidiens montrent de plus que la France est entravée par Bruxelles dans ses actions législatives et judiciaires, notamment en matière de sécurité et d’immigration.
La France est aujourd’hui réduite au rang de vassale de l’Union européenne dirigée par la technocratie non élue de la Commission européenne.
Fort de son expérience personnelle, le dissident soviétique Vladimir Boukovsky observait dès 2011 que l’Union européenne était une nouvelle URSS… et lui assignait le même destin !
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