Victoire de l’AfD

Le 1er septembre, Alternativ für Deutschland (AfD), le principal parti anti-immigration d’Allemagne, a remporté pour la première fois un scrutin régional en Thuringe (et elle est au coude à coude avec la CDU pour la victoire en Saxe).
Ces résultats sont d’abord la conséquence de l’actualité. Voici quelques jours un Syrien a en effet perpétré un triple meurtre au couteau.
Comme souvent, la gauche (dirigée en l’occurrence par le chancelier social-démocrate Olaf Scholz) a été incapable de répondre à cette tragédie.
Voici quelques années, nous avions eu, en France, la farce du « sentiment d’insécurité » ; en Allemagne, ils ont eu droit à l’annonce de possibles restrictions sur les ventes de couteau. Comme si les couteaux assassinaient tout seuls …
À l’heure où j’écris ces lignes, nous ignorons encore les résultats définitifs et, plus encore, les alliances qui pourraient naître de ces scrutins.
La CDU a affirmé qu’elle ne ferait jamais d’alliance avec l’AfD pour gouverner ces deux Länder. Mais une partie des cadres de l’AfD est issue de la CDU et leurs programmes économiques sont proches (l’AfD n’est d’ailleurs pas, quoi qu’en disent les médias dominants, un parti « populiste », puisqu’elle a longtemps été surnommée le « parti des professeurs »).
Il n’est donc pas certain que cette alliance CDU-AfD soit réellement inaccessible, même s’il y a une forte pression pour bâtir une coalition de tous les partis sauf l’AfD pour « faire barrage à l’extrême droite » – ce qui ferait d’ailleurs monter l’AfD !
Mais il y a plus important encore pour l’avenir politique, non seulement de l’Allemagne, mais de l’Europe entière : l’Alliance Sahra Wagenknecht (BSW), lancée voici quelques mois par la dirigeante de l’extrême gauche portant ce nom, obtient, elle aussi, un score impressionnant à ces deux scrutins régionaux (entre 12 % et 19 % des voix).
Or, le BSW est une scission de Die Linke (l’équivalent allemand de LFI) refusant l’immigration et très critique sur la vaccination anti-covid.
Le succès de ce nouveau parti montre qu’il existe un espace politique important pour une gauche anti-immigration.
Il est assez peu probable que LFI cherche à occuper cet espace. Mais on pourrait aisément imaginer que des dissidents de gauche fassent le même calcul que Sahra Wagenknecht. Cependant, les situations allemande et française sont très différentes : une telle tentative, en France, nuirait principalement au RN, tandis qu’en Allemagne, elle a surtout nui à la gauche de la coalition actuellement au pouvoir. Affaire à suivre de près en tout cas !