Yvon Gattaz : infatigable défenseur de l’entreprise familiale… et fondateur des 4 Vérités !
Il m’a été donné de rencontrer régulièrement Yvon Gattaz – décédé le 12 décembre 2024, dans sa centième année – pendant une dizaine d’années. J’en garde, pour toujours, le souvenir d’un homme singulier, déterminé, et toujours bienveillant, accueillant envers tous ses interlocuteurs.
En 1976, il fondait le mouvement patronal ETHIC (Entreprises à Taille Humaine Indépendantes et de Croissance), et, dans la foulée, le “Club des quatre“, avec Octave Gélinier, Michel Drancourt et Jacques Plassard. Pour s’exprimer, ils créèrent un bulletin mensuel Les Quatre Vérités , où chacun délivrait la bonne parole, destinée principalement aux adhérents de l’ETHIC, et, au-delà, à l’ensemble du monde des chefs d’entreprises. C’est ainsi qu’Yvon Gattaz, soutenu par Paul Huvelin, devint président du CNPF (aujourd’hui, MEDEF) en décembre 1981, six mois après l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand et d’un gouvernement socialiste, adepte du Programme commun de la gauche, qui avait été, précisément, la cible privilégiée des quatre éditorialistes des Quatre Vérités…
Michel Drancourt, ancien journaliste et alors délégué de l’Institut de l’Entreprise, émanation du CNPF, en était la cheville ouvrière. C’est lui qui, en 1985, me demanda d’être l’éditeur délégué de cette publication.
A ce titre, une fois par mois, je participais avec les quatre à un comité de rédaction, sorte de festival à huis clos de leurs réflexions étincelantes, répétition des éditoriaux qu’ils coucheraient ensuite par écrit pour alimenter les colonnes de leur bulletin. En 1995, la diffusion de cette publication ayant beaucoup baissé, faute de nouveaux abonnements, et mes « rédacteurs » s’en trouvant un peu lassés, ils me laissèrent l’exploitation du titre, et m’autorisèrent à le transformer en une publication hebdomadaire, grand public, à caractère politique et économique, sur une ligne éditoriale libérale, de droite, et ouverte à une diversité de points de vue. Les 4 Vérités-Hebdo étaient nées, nouvelle bouture de feu le “Club des quatre“, dont les membres fondateurs, au-delà de cette transmission, me gardèrent toujours leur amitié, démontrée par quelques articles publiés dans les colonnes de ce journal, repris en 2008 par Guillaume de Thieulloy.
Voilà pour l’histoire, en complément de ce qui a été dit ailleurs.
Pour tous les observateurs de la période contemporaine, Yvon Gattaz restera comme le chantre inégalé de l’entreprise libre, familiale, à taille humaine. C’était sa passion, celle qui le mobilisa durant la première moitié de sa riche existence. Il était né, en 1925, d’une famille établie dans Bas-Dauphiné, à Bourgoin (qui deviendra Bourgoin-Jallieu en 1965). Ses parents étaient tous deux instituteurs, son père occupant ses loisirs en s’adonnant à la peinture.
Son parti était celui de l’entreprise libre.
De son éducation religieuse, et grâce à une excellente mémoire, il pouvait réciter par coeur la liste des 21 conciles de l’Eglise catholique, qui était alors enseignée dès l’école primaire par les Frères des écoles chrétiennes. Sur ces bases, il entre à l’Ecole Centrale de Paris, promotion 1948, devient ingénieur, d’abord dans l’industrie sidérurgique, puis chez Citroën, avant de fonder, “dans un garage“, en 1952, l’entreprise Radiall, avec son frère Lucien, décédé en 2003. C’est à Voiron, en Isère, que l’entreprise ouvre sa première usine. Elle est devenue le leader mondial de la connectique électronique professionnelle, implantée dans quinze pays étrangers, sur trois continents… Au tournant de sa vie, au début des années soixante, Yvon Gattaz décide de consacrer une partie de son temps à ce qui sera sa mission, tout au long de son troisième quart d’existence : défendre l’entreprise familiale innovante, pilier de toute économie saine, seule créatrice de richesses, base de vraie prospérité durable.
Toujours simple, inventeur d’images, de métaphores, de sigles et de slogans, il sut même convertir François Mitterrand (son ainé de huit ans), au cours de sept entretiens, qu’il sut transformer en autant de leçons d’économie de marché.
La simplicité de sa vie privée – attestée par ses partenaires de parties de ping pong dans son pavillon de Rosny-sous-Bois – ne l’empêchait pas d’apprécier les honneurs, en témoigne la liste de ses décorations. Et le fait que, le mardi 17 décembre 2024, les honneurs militaires furent rendus, dans la cour d’honneur de la cathédrale Saint-Louis-des-Invalides, à celui qui fut, aussi, membre de l’Institut, doyen de l’Académie des sciences morales et politiques.
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