14 juillet: un discours soviétique
Le Président de la République a prononcé son traditionnel discours du 14 juillet dans une ambiance plus que morose, d’autant que Nicolas Sarkozy lui faisait publiquement la nique sur le trottoir d’en face, en organisant sa propre garden-party place Beauvau.
Que de chemin parcouru depuis le martial: “Je commande et il exécute” de l’année dernière! Entre temps, Sarkozy a pris le contrôle du parti majoritaire; Chirac a perdu un référendum et a été contraint de rembaucher son rival.
Pourtant, si le contexte politique mérite certainement plus d’attention que le discours lui-même, on aurait tort de ne pas lire de près les réponses du chef de l’État. On voit, en effet, sur le vif, dans ces réponses, à quel point le logiciel mental de nos politiques est usé et combien le socialisme est fortement implanté dans leurs esprits.
Pour commencer, on ne peut manquer de sursauter en lisant Jacques Chirac déclarer, pour justifier son choix de la procédure référendaire à propos du traité constitutionnel européen: “Il faut petit à petit donner aux Français l’habitude de répondre eux-mêmes sur les grandes questions quand il y a un problème important.” Ne se rend-il donc pas compte que c’est précisément ce ton condescendant qui lui est reproché? Et ne s’aperçoit-il donc pas que les Français sont un peu lassés de donner un avis dont nul ne tient compte?
Mais, surtout, ce qui est stupéfiant, c’est l’absence totale de prise en compte de la réalité.
Tout le débat de la campagne référendaire a porté sur les mérites comparés des modèles sociaux anglo-saxon et français, avec comme présupposés, d’une part, la supériorité économique du premier (même pour la gauche) et, d’autre part, la supériorité “sociale” du second (même pour la droite).
Il me semble éminemment contestable que le modèle collectiviste soit supérieur “socialement” – sauf à mettre sous le mot “social” autre chose que ce que le commun des mortels y voit. Mais, du moins n’a-t-on pas entendu la gauche contester que les libertés économiques, évidemment bien plus étendues outre-Manche, étaient bonnes pour la réussite économique.
Eh bien! Jacques Chirac, lui, le conteste! Il se flatte des brillants résultats français qui placent notre pays largement devant la Grande-Bretagne. Vous doutez de cette supériorité? C’est que vous ignorez les chiffres: la France consacre 5,6% de sa richesse à l’éducation; les Anglais seulement 4,2%. Ou encore: nous consacrons 2,2% du PIB à la recherche; les Anglais seulement 1,8%. Ébouriffante logique soviétoïde! On se demande d’ailleurs bien pourquoi la France ne consacre que 5,6% de sa richesse à l’éducation; nous serions sûrement encore meilleurs si nous y consacrions 16,9% ou 95,8%! Naturellement, comparer les résultats aux investissements aurait quelque chose de mesquin et nous nous contenterons de comparer nos impressionnantes dépenses aux dérisoires efforts de nos voisins…
Tout le reste est à l’avenant. On découvre, au fil du texte, que la baisse des impôts dépend des moyens. En tout cas, il n’est pas question d’honorer les promesses du candidat Chirac de baisser l’impôt sur le revenu, tant que la situation financière de la France ne sera pas assainie (le fait que la baisse des charges contribue à cet assainissement n’effleure vraisemblablement pas le Président)…
On découvre – mais il est vrai qu’on le savait déjà – que Jacques Chirac est viscéralement hostile à la suppression de l’ISF.
Mais, les Français qui craindraient de ne pas avoir été entendus le 29 mai doivent être rassurés: Jacques Chirac a bien entendu le message. Il nous révèle qu’il est hors de question que la directive européenne sur les services (naguère appelée directive Bokelstein) revoie le jour. Qu’elle soit inscrite dans les textes fondateurs de l’Union européenne n’a, à cet égard, pas la moindre importance.
Comme on le voit, le mur de Berlin est peut-être tombé, mais le marxisme-léninisme se porte encore fort bien dans les esprits de nos dirigeants…
Comments (4)
Le politicien n’est peut-être pas capable de penser n’importe quelle idiotie,mais il est capable de la dire
Décidément, sous sa forme nazi ou communiste, le socialisme ruine les pays sur lesquels il passe… Et notre déclin actuel est d’abord un probléme idéologique.
oui et alors…la FRANCE n’est elle pas le dernier kolcause à ciel ouvert de l’europe ???le droit commun GREMETZ ,gracié par l’autre droit commun chirac…n’at-il pas entonné l’internationnale à l’ASSEMBLEE NATIONNALE ??? alors qui est choqué??? ou est le problème ??? continuez à laisser oeuvrer dans l’ombre les “méchants”…et cela ne sera que le début. sas
Et le pire, c’est que non seulement nous dépensons plus pour un résultat moindre, mais en plus nous dépensons à crédit ! Qui peut croire sérieusement que notre “modéle” va pouvoir encore durer longtemps ?