Censure à Bruxelles

Censure à Bruxelles

Bruxelles a été, le 16 avril dernier, le théâtre d’un surréaliste débat juridico-politique.
Le bourgmestre de la capitale belge, Emir Kir, a en effet publié un arrêté interdisant la tenue d’une conférence connue sous le nom de NatCon (pour National Conservatism) – le jour même du début de cette conférence.
Emir Kir est notamment connu en Belgique pour avoir été expulsé en 2020 du Parti socialiste en raison de ses liens avec l’extrême droite turque – ce qui le rend, indiscutablement, expert en matière de liberté d’expression !
Mais cette interdiction fut à deux doigts de provoquer des incidents diplomatiques : des représentants de plusieurs gouvernements étaient invités à y parler et goûtèrent peu qu’on les censure.
Viktor Orban, Premier ministre hongrois et l’une des vedettes de cette conférence, publia même un tweet amusant dans lequel il disait : « La dernière fois qu’ils ont voulu me faire taire avec la police, c’était quand les communistes me l’ont imposée en 88. Nous n’avons pas abandonné à l’époque et nous n’abandonnerons pas cette fois-ci non plus ! »
Heureusement, les juges belges, saisis par la courageuse association Alliance Defending Freedom, renversèrent cet arrêté municipal insensé.
Cependant, il demeure instructif de lire cet arrêté d’Emir Kir.
Parmi les principaux considérants de cette annulation, le bourgmestre mentionne la « vision » politique de la conférence, telle qu’elle ressort de son site internet : « Cette vision n’est pas seulement moralement conservatrice, mais aussi centrée sur la défense de la “souveraineté nationale”, ce qui implique, parmi d’autres choses, une attitude “eurosceptique”. »
Être réservé sur l’avortement ou sur le fédéralisme européen est donc désormais un motif suffisant pour être privé de parole publique par des élus qui se prétendent « démocrates ».
Il est heureux que plusieurs politiciens belges aient condamné, tout comme les juges, cette annulation.
Mais il est fort inquiétant qu’un élu de premier plan considère que le simple fait d’être en désaccord avec l’opinion dominante soit un motif suffisant pour craindre des « troubles à l’ordre public » et, par conséquent, pour censurer un événement.
Plus on se gargarise de « nouveaux droits » et de « nouvelles libertés », moins les libertés concrètes et bien réelles des citoyens sont respectées. Un édifiant symbole des dérives post-modernes !

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