Du gouvernement des juges à la fin de la démocratie

Du gouvernement des juges à la fin de la démocratie

Jean-Yves Le Gallou, haut fonctionnaire et fondateur de l’Institut Polémia, est convoqué devant la 17e chambre correctionnelle (que je commence, moi aussi, à bien connaître !) – pour un motif original : ayant critiqué une décision de justice, il aurait porté atteinte à la considération du juge auteur de ladite décision.
En quelques mots, voici le con­texte. On se souvient des palinodies qui avaient entouré l’expulsion avortée de l’imam Iquioussen : Gérald Darmanin avait délivré une OQTF qui avait été aussitôt annulée par le juge, au motif que cette OQTF aurait attenté à la vie familiale de l’intéressé qui comptait quelques petits-enfants vivant en France.
À ce compte, à peu près tout le monde devient inexpusable.
Mais, en poussant la logique un peu plus loin, on pourrait considérer comme problématique d’interner un assassin au motif que la prison entraverait son droit à une vie familiale harmonieuse. Et – pourquoi pas ? – on pourrait même suggérer que c’est un droit imprescriptible et inaliénable pour un violeur de disposer de son lot de « chair fraîche ».
Ces derniers exemples sont suffisamment idiots pour manifester que le bon sens le plus élémentaire suggère que respecter la nature humaine en tout homme, y compris la pire crapule, n’implique nullement de reconnaître tous les droits d’un honnête homme à un délinquant.
Au demeurant, si la constitution se réfère à la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, c’est bien que le citoyen a des droits que tout homme n’a pas nécessairement.
Il était donc assez légitime que Jean-Yves Le Gallou critique cette décision de justice – caractéristique du « gouvernement des juges » – qui rendait l’idée même d’expulsion d’un délinquant étranger contestable, pour ne pas dire impensable.
Mais, si le gouvernement des juges est déjà une grave entorse à la constitution, comment comprendre les poursuites contre un citoyen qui critique ledit gouvernement ? On veut à toute force nous faire croire que ce gouvernement des juges est une lubie de « complotistes », pourtant la critique d’une décision de justice conduit … au tribunal. Peut-on mieux dire que notre ami n’avait pas tort de s’inquiéter ?
En tout cas, tout se passe comme si ni les citoyens, ni même leurs représentants (qui, sur ce sujet, les représentent généralement si mal) n’avaient plus voix au chapitre sur le sujet de l’immigration – devenu un véritable « domaine réservé » des juges (comme on parle d’un domaine réservé du chef de l’État).
Si c’est bien le cas, cela implique qu’une éventuelle alternance ne changerait rien à la politique migratoire (ou plutôt à l’absence de politique migratoire). Ce qui n’est certes pas fait pour « réconcilier » les Français avec la politique comme y invitent régulièrement les politiciens dans l’indifférence de plus en plus « militante » des Français eux-mêmes !

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