Essor et déclin de la civilisation occidentale

Essor et déclin de la civilisation occidentale

L

e denier livre d’Emmanuel Todd a déjà fait couler beaucoup d’encre, notamment parce qu’il a été lu comme une défense de la politique de Vladimir Poutine.

Je ne crois pas que ce soit le cas et je ne crois pas non plus que ce soit le plus intéressant dans cet ouvrage.

Ce livre ne me semble pas une apologie de la politique de Vladimir Poutine en Ukraine.

Le propos est assez différent : il consiste à montrer, en s’appuyant sur des indicateurs sociologiques et démographiques que l’invasion russe était prévisible et serait limitée. L’indicateur central est ici la faible natalité des Russes qui, selon l’auteur, imposait à Poutine d’agir maintenant – et l’empêche d’aller plus loin que l’Ukraine.

Cette partie du raisonnement est assez convaincante. À la condition de ne pas oublier que la démographie n’est pas tout et que bien des dirigeants politiques (a fortiori des autocrates) ont eu un comportement irrationnel. Au demeurant, l’invasion de l’Ukraine semble bien une erreur majeure du dirigeant russe.

Et il me semble raisonnable de craindre que cette faiblesse (relative !) de la Russie ne l’entraîne dans une fuite en avant – d’autant que le bloc de commandement russe peut fort bien se laisser intoxiquer par sa propre propagande (tout comme celui de l’OTAN, soit dit en passant !).

Mais le plus intéressant, selon moi, dans cet ouvrage, réside dans les pages consacrées à l’Occident.

Contrairement à la propagande de « nos » médias, il est en effet assez probable que l’Occident soit en train de perdre.

Bien sûr, il a les moyens économiques et militaires de gagner la guerre en Ukraine (mais le veut-il ? Et est-il prêt à prendre le risque d’une guerre mondiale, potentiellement nucléaire ?).

Cependant, alors que l’on clame partout que la Russie est isolée, c’est l’inverse qui est vrai : les États-Unis et leurs alliés sont de plus en plus isolés dans la communauté internationale.

Les mésaventures de la France en Afrique, qui devraient éviter la russolatrie délirante de certains, devraient aussi nous alerter sur le fait que notre politique internationale est absurde (notamment quand elle réclame aux pays africains d’adhérer aux dogmes wokistes des pseudo-intellectuels occidentaux).

Reste que la définition même de l’Occident est problématique. Emmanuel Todd le définit comme le monde emmené par les puissances protestantes. Il voit dans le protestantisme la religion qui a permis le phénoménal essor de l’Europe de l’Ouest et de l’Amérique du Nord. C’est plus ou moins la fameuse thèse de Max Weber sur « L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme » – thèse qui a été fortement critiquée (à juste titre puisque le capitalisme est né dans les cités italiennes du Moyen Âge et donc dans le monde catholique !).

Mais ce qui est certain, c’est que, dans le monde occidental, la religion chrétienne (qu’elle soit protestante ou catholique) perd rapidement de l’influence – et que cette perte d’influence entraîne un effondrement des piliers qui ont permis cet essor.

Oui, le plus intéressant (et le plus inquiétant) dans cet ouvrage, est bel et bien l’effondrement de la civilisation occidentale.

La Défaite de l’Occident

 

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