Israël face à l’Iran

Israël face à l’Iran

Dès le matin du 14 avril, une bonne partie de la presse et des intervenants politiques habituels, dont M. Gilles Kepel, spécialiste du monde arabe et de l’islam, nous ont expliqué que le Premier ministre israélien avait tendu un piège aux ayatollahs dans lequel ils étaient tombés.
D’après eux, en détruisant le consulat de Damas, il obligeait les Iraniens à répliquer, lui offrant ainsi le prétexte recherché pour frapper à son tour sur le sol iranien – probablement des installations essentielles, comme les complexes scientifiques de fabrication de l’uranium « militaire » qui sont sa hantise.
Je ne crois pas à ce montage machiavélique.
Les hauts dignitaires iraniens des gardiens de la révolution qui ont été tués étaient localisés dans un bâtiment connexe au consulat de Damas, et ils constituaient à eux seuls un objectif tactique suffisant pour justifier leur élimination.
Dire qu’Israël s’attendait ensuite à la réaction que l’on a vue, qu’elle était anticipée, dans son ampleur, dans ses zones de départ, et dans son échec, n’est pas sérieux.
La conclusion heureuse, pres­que miraculeuse, de cette attaque massive partie essentiellement du sol iranien, doit tout à la grande efficacité de la défense anti-aérienne nationale, aidée par des alliés de fait.
En tout cas, rien dans le déroulement des événements ne justifie a posteriori le raisonnement.
Quand on envoie des centaines de drones et de missiles, chacun chargé de deux à cinq cents kilos d’explosif, sur un petit pays de la taille d’Israël (un tiers de la surface de la région Aquitaine), c’est pour le détruire ou, au minimum, lui faire très mal ; pas pour apporter une réponse symbolique attendue à une humiliation publique.
La déception iranienne devant la nullité des effets se cache mal derrière les déclarations faussement satisfaites de ses dirigeants déclarant « Pouce, on ne joue plus ; nous sommes vengés ».
Maintenant qu’attendre d’Israël ?
Les Israéliens ne peuvent pas laisser sans représailles cette agression, d’un État cette fois, pas de ses proxys. Ils ne sont pas dans une joute entre preux chevaliers où l’on compte les points et l’on se contente d’un match nul.
La dangerosité de l’attaque fait tout craindre si demain ces fous d’Allah, qui ont juré la disparition d’Israël, détiennent la bombe atomique. Les Israéliens sont bien eux-mêmes détenteurs de l’arme atomique, mais la dissuasion ne joue qu’entre nations ayant peu ou prou le même schéma intellectuel.
Est-ce bien le cas quand on a en face de soi des théocrates porteurs d’une culture de mort ?
En outre, quatre-vingt fois plus petits que l’Iran, dix fois moins peuplés, deux ou trois coups peuvent en détruire l’essentiel et rendre invivable le reste.
C’est un risque inacceptable. Ils vont frapper, avec l’objectif de rendre impossible, ou au minimum de retarder significativement le moment de l’acquisition de l’arme nucléaire par l’Iran ; jusqu’à disparition du régime des mollahs en tout cas.
Par quel moyen ? Nous verrons. Ils s’efforceront cependant de nuire le moins possible à la population iranienne qui, dit-on, ne leur est pas majoritairement hostile.
Malgré la sophistication scientifique et industrielle d’Israël, la grande qualité de sa population, son courage et sa lucidité, le pays reste David, costaud mais fragile, sans profondeur stratégique géographique ni démographique. Face au Goliath iranien, attendre c’est périr.
Cette agression ratée n’est pas la fin de l’épreuve.

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