J’ai fait un rêve
Le 23 août 1963, Martin Luther King, figure emblématique de la lutte contre la ségrégation, prononça un discours dans lequel il « faisait un rêve ». Au cours de ma carrière dans l’administration de la Poste, au bureau d’Alger Recette Principale, j’ai côtoyé de nombreux collègues musulmans dont certains, qui avaient un grade supérieur au mien, étaient habilités à me donner des ordres que j’exécutais le plus normalement du monde. C’est à ce moment que, moi aussi, « j’ai fait un rêve ». Pendant la période qui a suivi le 13 mai 1958, j’ai vu au milieu d’une foule d’Algérois de toutes races et de toutes confessions, des femmes musulmanes se dépouiller de leurs voiles et les brûler sur la voie publique. Ce jour-là, j’ai rêvé qu’une politique d’intégration totale faisait de la France un pays où tous les habitants étaient des « Français à part entière, de Dunkerque à Tamanrasset ». J’ai rêvé d’un pays dans lequel les richesses récemment découvertes au Sahara auraient pu créer des emplois pour tous ses habitants. J’ai rêvé d’une région dans laquelle les natifs, ayant à portée de leur main, non seulement du travail, mais encore un ciel toujours bleu, n’auraient jamais l’idée farfelue de traverser la Méditerranée pour vivre dans une région moins accueillante que celle où ils étaient nés. J’ai rêvé d’un pays dans lequel le président de la République, aussi raciste fût-il, n’aurait jamais déclaré qu’un Arabe ou un Kabyle ne serait jamais un Français ; j’ai rêvé d’un pays dans lequel jamais Colombey les deux églises n’aurait risqué de devenir Colombey les deux mosquées.
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