Roman noir ou roman national
Depuis qu’il a quitté la vie politique, Philippe de Villiers se consacre entièrement au « roman national ». D’abord avec l’écriture des spectacles du Puy du Fou (qui force l’admiration du monde entier à la fois par ses prouesses techniques et par la beauté de ce qui est présenté) et ensuite avec la rédaction de livres.
Toutefois, son dernier ouvrage n’est pas une contribution au roman national – plutôt une dénonciation du travail de destruction de ce dernier par les « élites ».
Le titre est un néologisme emprunté à mon ami Reynald Secher, courageux historien de la Vendée, qui avait montré, documents à l’appui, que les exactions des colonnes infernales sous la Terreur de 1793-94 étaient bel et bien un génocide.
Et que ledit génocide (voulu, pensé et animé par les dirigeants de la Convention dite « nationale ») avait été suivi d’un « mémoricide » – d’un refus de laisser les victimes panser leurs plaies et pleurer leurs morts.
Philippe de Villiers élargit considérablement le sens du mot à partir d’une très profonde méditation au sujet du calamiteux spectacle d’ouverture des Jeux olympiques.
On se souvient que ce spectacle avait été un déluge de wokisme. Mais on a peut-être oublié que les scénaristes avaient voulu, précisément, en faire « l’inverse du Puy du Fou ». De ce point de vue, ce fut une réussite incontestable : rien de notre histoire n’a trouvé grâce à leurs yeux.
Et Villiers de commenter : « Il n’est pas exagéré de dire que la France est victime d’un mémoricide. D’une ablation de sa mémoire. D’une spoliation, d’une péremption de ses souvenirs. »
Ce mémoricide est fondé, poursuit-il, sur « l’hypermnésie des lâchetés recousue dans l’amnésie des grandeurs » – sur une repentance permanente adossée à un refus d’honorer nos héros et nos saints.
Tout ceci est bien connu (hélas !). Mais l’auteur ajoute : « Le processus révolutionnaire ne s’est jamais arrêté. la France n’est pas vraiment revenue de sa période terroriste. Elle renouvelle, chaque fois que l’occasion se présente, sous la férule du Robespierre du moment, le serment d’un “renouvellement absolu de l’humanité”. » Et, ainsi, Villiers indique à la fois la source de nos maux et la solution pour les guérir : tant que la gauche continuera à se comporter comme si la France et l’humanité étaient à « réinventer » à chaque génération, la France – la vraie, celle que nos aïeux ont bâtie génération après génération, la France charnelle que nous avons reçue et que nous voulons transmettre – ne pourra se relever.
Entre 1870 et 1940, la République a tenté de « récupérer » le roman national, sans pour autant récuser la Terreur ; elle n’y a pas réussi. On peut le regretter. On peut aussi se dire que le projet était impossible car incohérent : on ne peut pas à la fois revendiquer cette « régénération » permanente et vénérer les figures du passé.
Il est impossible de garder la France, de vivre en Français, sans rejeter la « cancel culture » qui prétend détruire tout ce qui nous a précédés. La France est à la croisée des chemins : soit elle continue sur sa lancée révolutionnaire et elle sera islamiste ou soumise à l’empire wokiste du vide dans quelques décennies ; soit elle revient aux sources de sa grandeur.
Merci à Philippe de Villiers de nous rappeler cette grandeur que nos oligarques méprisent !
Comments (2)
” Paroles d’ outre-tombe ” … ce n’ est certes pas avec Philippe de Villiers que vous allez ” soulever ” les ” foules ” … Il faut être un peu … lucide et ou plus simplement raisonnable tout de même !
Bon , considérons gentiment que vous vous êtes fait plaisir avec ce nouveau Quiberon Monsieur de Thieulloy
Parler du roman national est toujours parler d’outre tombe, me semble-t-il! En tout cas, je ne fais pas partie des gens qui se font plaisir avec Quiberon (c’est, au contraire, l’un de ces événements qui a le don de me mettre en rogne tant il m’apparaît une occasion gâchée). En revanche, je reconnais volontiers que j’aime beaucoup Philippe de Villiers qui est l’un des rares hommes de droite à avoir compris l’importance du combat culturel.