Seuls 6 % des Français se sentent européens

Seuls 6 % des Français se sentent européens

Dans le dernier sondage de la SOFRES sur l’identité des Français publié par le journal La Croix, il se confirme une fois de plus que nos compatriotes ne se sentent pas européens, mais français d’abord (38 % français, 6 % européens).

Toutefois, lorsque l’on cumule les trois réponses possibles (« se sentir d’abord » et « se sentir aussi »), 68 % seulement se voient comme français, ce qui est peu, bien que la réponse arrive là encore en tête ; et tout de même 24 % se considèrent européens.

Comme de coutume, la région est également en queue de peloton à égalité avec l’Europe (6 % d’abord, 23 % en cumul), dépassant de peu le département (4 % et 19 %). Autant dire que les Français rejettent sans appel l’Europe des régions. Arrive en deuxième position, ce qui n’est toujours pas une surprise, la proximité la plus immédiate, à savoir la « ville » (la « commune » dans les précédents sondages) avec 21 % et 50 %.

À l’ère de la mondialisation, on ne s’étonnera pas non plus que le sentiment d’être « citoyen du monde » devance l’appartenance européenne (11 % et 20 %), ce qui fait apparaître l’Europe, coincée entre la France et le monde, comme une identité inutile et dépassée.
Quant au contenu de l’identité française, elle est clairement liée aux droits de l’homme (96 % la considèrent comme un « élément constitutif » très important ou plutôt important) et à la langue française (95 %). Arrivent très près à la suite : le système de protection sociale, la culture et le patrimoine, la capacité d’intégration des diversités culturelles et ethniques, et la laïcité. Cette dernière (80 %) devance de loin l’héritage chrétien (41 %) qui recueille même une majorité de « peu ou pas important » (56 %), signe des temps mais aussi de la méconnaissance de notre histoire et de notre culture.

Qu’on nous permette de dire que le choix imposé était quelque peu discutable. Ainsi le questionnaire ne proposait-il pas le lien avec le territoire et les paysages, ni celui que tisse une histoire commune. Et si l’on ne peut qu’adhérer à l’image de la France patrie des droits de l’homme ainsi qu’à l’attachement à notre idiome, on ne peut manquer de relever que notre pays, même s’il en fut le berceau, ne les a plus seul en partage. Est-ce à dire que l’universalisme est une composante indissociable de notre identité ? Ou que ces attachements révèlent d’autres appartenances, que la première question n’a malheureusement pas testées (civilisation occidentale, francophonie) ?

La dernière interrogation portait sur ce qui « rapproche le plus les gens entre eux » – cocher plusieurs réponses étant possible. Certains commentateurs ont vu dans les résultats une contradiction avec ceux qui précèdent. Il n’en est rien. Certes, la langue et la nationalité, championnes des deux autres questions, font ici peu recette (27 % et 10 %). Mais quoi de plus normal ? Dans un environnement où tout le monde est français, ou presque, et parle français, ces critères ne peuvent être des déterminants des relations sociales. Cela n’enlève rien à l’importance qu’on y attribue. Aussi est-il naturel qu’arrivent en tête le milieu social (41 %), la proximité géographique (le « lieu de résidence », 34 %), l’âge (28 %) ; la religion, en cohérence avec le reste du sondage, ne recueillant que 6 %. La culture, quant à elle, s’intercale à 33 %, notion composite liée à toutes les autres, à commencer par le milieu social, la langue et la nationalité, ce qui rend donc le résultat peu discriminant.

Le lecteur considérera peut-être que tout ceci ne nous apprend rien de bien neuf et ne l’amènera pas à modifier sa perception des choses. Certes. Mais désormais, lorsqu’il voudra les partager et en convaincre son interlocuteur, il pourra s’appuyer sur des résultats scientifiquement chiffrés !

http://www.choisel.info/

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Comments (2)

  • xxl Répondre

    En plus la plupart des français n’ont pas les moyens de voyager  et beaucoup ne connaissent qu’un pays ou deux en Europe et encore vaguement. Pourquoi se sentiraient-ils européens puisqu’ils ne peuvent dépasser leurs frontières ?

    Tout ça,"l’europe"  c’est bon pour les riches qui promènent sans cesse ou ceux investissent dans les pays, les pauvres, qu’est-ce qu’ils en ont à faire franchement ?

    10 décembre 2009 à 7 h 45 min
  • Gérard Pierre Répondre
    Appartenant à une famille dont la “lorrainité” est avérée depuis plus de cinq siècles, et se révélant notamment mosellane dans sa composante majeure, il m’arrivait parfois de me présenter durant mon service militaire en précisant : « Mercenaire Mosellan au service de la France ».
     
    Bien sûr c’était une boutade, mais une boutade par laquelle je tenais à marquer ma spécificité par rapport à un Auvergnat, à un Béarnais ou à un Picard. Pour autant je n’éprouvais aucune animosité ni aucune espèce de supériorité ou d’infériorité par rapport aux ressortissants d’autres provinces. Je considérais simplement que c’était un élément de mon identité au même titre que mon visage ou le timbre de ma voix.
     
    L’histoire de la terre de mes ancêtres n’est pas entièrement confondue avec celle des autres terres de France. Je me sens plus proche des Alsaciens avec lesquels cette histoire est plus partagée que des habitants du Poitou Charente ou des Cévennes. Je me sens plutôt élément contributif de la Francité que Français anonyme. Mais je suis heureux de constater qu’il y a dans cette Francité des Bretons que je remercie de ne pas vouloir être autre chose que Bretons, des Corses au caractère bien trempé, des Normands entreprenants et pragmatiques, des Occitans, des Vendéens, des Bourguignons ou des Franc Comtois riches de tous les sucs de leurs terroirs respectifs. Cette diversité a un liant très fort, celui d’une langue à présent commune pratiquée sur fond d’un double héritage culturel : judéo chrétien d’une part et gréco latin d’autre part.
     
    Et l’Europe ?
     
    Certes j’aspire à rencontrer et à échanger avec chaque peuple d’Europe, eux-mêmes héritiers de Jérusalem, d’Athènes et de Rome, mais le liant a des grumeaux : les langues qui leur sont propres et dont nous ne maîtrisons souvent que très imparfaitement l’une ou l’autre d’entre elles. L’Europe c’est donc …… plus lointain sur le plan de l’Autre.
    Ajoutons à cela que l’Europe c’est aussi ce magmas administratif étouffant, impersonnel, qui ne semble pas pouvoir être dominé et avec lequel on renonce à se faire comprendre, ce hall d’aérogare dans lequel le monde entier s’engouffre en piétinant les « autochtones » …… et nous comprendrons pourquoi les provinciaux ont l’impression de renforcer leur sentiment de sécurité en se regroupant sous le drapeau France, tout en souhaitant rester le plus éloignés possible de l’entité visqueuse Europe.
    5 décembre 2009 à 15 h 42 min

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