Total, le plein et le fiscalisme

Total, le plein et le fiscalisme

Voici quelques jours, Total­Énergies a annoncé prolonger jusqu’à la fin de l’année sa ristourne pour maintenir le litre d’essence au-dessous de 1,99 euro.

C’est évidemment une bonne nouvelle pour le pouvoir d’achat des automobilistes (les seuls qui doivent assez peu apprécier sont les stations-service indépendantes qui perdent des clients chaque jour et dont certaines vont probablement faire faillite dans les prochains mois, mais là n’est pas le sujet pour le moment !).

Ce qui m’a fait sursauter, c’est d’entendre quasi immédiatement Bruno Le Maire réclamer que cette prolongation soit encore prolongée au-delà du 31 décembre, déclarant sur France Info, avec le mielleux autoritarisme des technocrates :

« Je souhaite que TotalÉnergies, qui a pris un engagement de plafonner les prix de tous les carburants, diesel et essence, à 1,99 euro jusqu’à la fin de l’année, prolonge ce plafonnement au-delà du 31 décembre 2023. »

Si vous écoutez la séquence, vous entendrez probablement comme moi-même « j’exige » plutôt que « je souhaite ».

Et la nette impression que produisait la déclaration du ministre était que l’absence de prolongation de cette ristourne serait un refus de tenir ses engagements (précisément inexistant) de la part de la société.

J’ignore ce que fera TotalÉnergies. Mais j’avoue que je trouve cette déclaration ahurissante.

Tout d’abord, que je sache, ce n’est pas le ministre des Finances qui fixe les prix : les consommateurs comme les producteurs sont assez grands pour connaître leurs intérêts.

Mais, surtout, dans le cas du litre d’essence, il est assez extravagant que le ministre des Finances – dont les services prélèvent 80 % du prix par diverses taxes et qui refuse de baisser ces taxes – exige de l’entreprise qui apporte la valeur ajoutée de rogner ses marges !

Si M. Le Maire estime – et il ne serait certainement pas le seul, tous les automobilistes seront d’accord avec lui ! – que le prix de l’essence est trop élevé, il lui suffit de baisser les taxes.

S’il n’y avait que les producteurs, l’essence coûterait autour de 40 centimes le litre. Il n’y aurait besoin d’aucune ristourne.

Je précise que M. Le Maire n’est certes pas le pire des ministres. Je crois même qu’il souhaite sincèrement baisser les impôts (il n’est pas exclu qu’il croit comme il le dit volontiers – contre tout bon sens – qu’il les a réellement baissés). Mais, quand on en est réduit à réclamer des producteurs de baisser leurs marges pour que l’État puisse continuer à profiter à plein de l’inflation, sans réduire son train de vie, cela témoigne peut-être d’une certaine méconnaissance de la vie réelle des entreprises !

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Comments (1)

  • Sansillusions Répondre

    C’est typique de la macronerie : je fais des conneries – p.e. adhésion a la politique européenne sur l’énergie qui nous ruine – mais je veux les faire payer au secteur privé. Je crois que si j’étais président de Total, je répondrais ” si tu continues à nous les briser menu, je vais transférer mon siège social dans un autre pays et tu auras gagné, petit drôle”. Décidément, le postérieur de “Julia” lui monte à la tête, à défaut d’un autre organe.

    20 septembre 2023 à 1 h 15 min

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