Un « Trump argentin » ?

Un « Trump argentin » ?

Il est difficile de se faire une idée précise de ce que va être le gouvernement du nouveau chef d’État argentin, élu le 19 novembre : Javier Milei.

En effet, comme Donald ­Trump ou Jair Bolsonaro avant lui, il s’est principalement fait connaître des électeurs par une remarquable maîtrise de la polémique et une impressionnante capacité à mettre les commentateurs politiquement corrects KO.

Mais cela ne dit ni ce que sont ses valeurs les plus déterminantes, ni surtout comment il va gouverner.

Pour le moment, nous pouvons seulement noter qu’il s’est présenté comme libertarien en économie (c’est-à-dire favorable à un État minimal et notamment à la suppression de la Sécurité sociale, du ministère de l’Éducation, et de bon nombre de pans de l’État-providence), mais aussi comme pro-vie ou encore comme « climato-sceptique ».

Certes, tous ces points ne sont pas nécessairement incompatibles entre eux, mais il va bien falloir les hiérarchiser.

Surtout, il va falloir inaugurer un style de gouvernement qui sera soit « populiste » (c’est-à-dire, à la façon de Trump, parlant au peuple par-dessus les « élites »), soit plus « conservateur ».

Nous verrons alors ce que sera vraiment le gouvernement du « Trump argentin ».

En attendant, s’il y a une chose certaine, c’est bien celle-ci : en Argentine, comme dans l’immense majorité des pays développés, une puissante vague de « dégagisme » se lève.

Le seul problème est qu’un slogan comme « Sortons les sortants », génialement inventé par Pierre Poujade dans les années 1950, est à la fois extraordinairement fort (dans la mesure où il réalise la coalition des – nombreux – mécontentements), mais aussi extraordinairement vague (dans la mesure où il ne propose rien de concret).

On ne peut s’empêcher de penser qu’une telle campagne ne peut faire que des déçus. Pourtant, nous avons au moins un contre-exemple : Donald ­Trump fit une magnifique campagne « dégagiste », sans décevoir.

Au contraire, ses partisans sont impatients de lui accorder un nouveau mandat en 2024.

Il a ainsi prouvé que l’on pouvait mener une campagne « dégagiste », gouverner sur un mode « populiste » en écartant volontairement les « élites » de la relation entre le président et le peuple, et garder un immense soutien populaire.

Ce qui s’est passé aux États-Unis pourrait fort bien se passer également en Argentine (ou ailleurs, notamment en Europe). Et, de toute évidence, ce serait le cauchemar des oligarques que de voir des « bébés Trump » partout !

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Comments (2)

  • Laure Tograf Répondre

    Le personnage semble un peu exubérant, voir comique et on peut comprendre que les pisse-froid de tous bords l’aient déjà dans le nez. Ne serait ce que pour cette raison et leur déconvenue, cela me va. Pour le :moment. QQ va devoir prendre des cours de tango et ce sera plaisant à voir.

    22 novembre 2023 à 1 h 22 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    Bon , un caractériel de plus sur le devant de la scène politique !
    L’ électeur, désespéré, n’ étant ni intelligent ni, et encore moins, lucide désigne pour le diriger son semblable , son alter-ego intellectuel
    L Argentine n’ est qu’ un fantôme d’ Etat ( pas de Nation ) et ça on le sait depuis longtemps pour ne pas dire depuis toujours
    attendons et voyons comment le naufrage continuera

    21 novembre 2023 à 13 h 33 min

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