2012 : le scénario du consensus

2012 : le scénario du consensus

C’est le scénario décrit par Francis Choisel dans notre journal, les 4 Vérités :

Plusieurs observateurs affirment qu’en 2012, le Président sortant, sérieusement concurrencé au sein de la mouvance gaulliste par Dominique de Villepin ou Nicolas Dupont-Aignan, à sa droite par Marine Le Pen, au centre droit par Jean-Louis Borloo ou Hervé Morin, au centre gauche par François Bayrou, pourrait bien ne pas franchir la barre du premier tour. Un résultat à la Jospin n’est en effet pas réservé, par décret de la Providence, au seul camp socialiste.

Ce scénario n’est pas le plus probable. Car, si Nicolas Sarkozy a sombré dans une profonde impopularité, d’autant plus grave que, comme pour Valéry Giscard d’Estaing en son temps, elle affecte sa personne bien plus encore que sa politique, il n’en reste pas moins un redoutable lutteur, capable, le temps d’une campagne, de redresser suffisamment la situation pour l’emporter, ne serait-ce que de quelques voix.

On le constate avec l’affaire des romanichels, qui semble lui avoir permis de renouer avec cette partie si importante de son électorat initial qu’il avait jusqu’ici déçu et qui apprécie la fermeté des expulsions, aussi bien que son bras de fer avec l’Europe de Bruxelles.

Il est toutefois plus difficile de berner l’électeur la deuxième fois que la première. Certains ont ainsi pu prédire que Nicolas Sarkozy voudra s’épargner l’affront d’une défaite prévisible et ne sollicitera pas un second mandat si les sondages demeurent ce qu’ils sont.
Il est vrai qu’il reconnaîtrait ainsi implicitement l’échec de son quinquennat et endosserait le rôle de celui qui renonce devant la difficulté de l’obstacle, ce qui ne lui ressemble guère. Mais, un tel scénario, bien présenté et astucieusement monté en s’in­spirant du précédent Poutine-Medvedev, pourrait néanmoins le séduire par son caractère im­prévu, en même temps qu’il se­rait dans l’intérêt de toute la droite.

Imaginons la chose. Laissant planer le doute jusqu’au dernier moment, Nicolas Sarkozy annonce le 1er janvier 2012 que cinq ans d’hyper-présidence, même pour un tempérament comme le sien, épuise un homme ; que dix ans consécutifs à l’Élysée ne pourraient que le couper du pays réel et qu’il doit se ressourcer en allant au contact des Français ; que les réformes qu’il a engagées doivent être maintenant digérées par les Français, qu’une pause est nécessaire. Il ajoute que certaines d’entre elles l’ont rendu impopulaire, mais que quelques mois encore suffiront à ce qu’on lui rende justice. Aussi, en un geste gaullien, il quitte l’Élysée et déclare qu’il se représentera en 2017 pour engager la seconde phase de sa mission historique de redressement de la France.

Pour lors, il désigne François Fillon comme le candidat naturel de la majorité, auquel il apporte son soutien entier et pour lequel il fera campagne sans ménager sa peine. Ce dernier, qui a quitté Matignon un an plus tôt, a été mis dans la confidence, a pris dans la foulée la tête de l’UMP et a ainsi pu élaborer sereinement son programme, mobiliser ses réseaux, préparer sa campagne. Cette candidature consensuelle fait la plus large union à l’UMP et au-delà. Seuls François Bayrou et Marine Le Pen refusent de s’y rallier.

Dès lors, si François Fillon est battu, ce sera sa défaite, celle de son charisme défaillant et de sa trop placide attitude. Nicolas Sarkozy, qui l’a remplacé en début de campagne à la tête de l’UMP, en contrôle l’appareil et devient, tel Chirac autrefois, le chef incontournable de l’opposition. Comparativement, il en ressort grandi. Peut-être même s’installe-t-il à la mairie de Paris d’où il organise la reconquête.
Et si François Fillon l’emporte, ce sera la victoire du Président sortant, de son bilan, de son candidat, de son audacieuse stratégie. Nicolas Sarkozy s’installe alors à la présidence de l’As­semblée, d’où il contrôle pendant toute la législature une majorité qui demeure ainsi la sienne, et d’où il surveille un Président qui n’est que sa créature, en préparant activement l’échéance suivante.
Chiche ?

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