Les rêveries de Macron sur l’Europe

Les médias ont beaucoup moins commenté le nouveau « discours de la Sorbonne » prononcé le 25 avril dernier par Emmanuel Macron que le précédent, prononcé sept ans plus tôt, sur le même thème : l’Europe.
Pourtant, ce discours mérite d’être lu avec attention. Ne serait-ce que pour prendre la mesure de la mégalomanie de « Jupiter » (on disait naguère que Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre ; nous pourrions dire aujourd’hui que les fous qui veulent nous perdre se prennent pour Jupiter !).
De toute évidence, Emmanuel Macron se rêve en président de l’Union européenne, la France étant trop négligeable pour un si admirable talent. Il faut lire ces « Nous l’avons fait » et ces auto-satisfactions réjouies.
Pris par le talent du joueur de flûte, nous pourrions facilement oublier de quoi il retourne.
Pourtant, ce dont M. Macron se félicite est soit une mauvaise nouvelle pour la France ou l’Europe, soit la relative limitation des effets d’une politique perverse, soit encore une pure illusion.
Il se félicite d’une capacité d’endettement « européenne » (pardon pour ces guillemets mais je ne supporte plus ces gens qui ont ravagé la civilisation européenne et qui prétendent être plus « européens » que vous ou moi !). Qui ne voit que cette « merveilleuse » capacité revient à dire que le parlement français ne sert plus à rien ? (Cela dit, voici un moment que nous soupçonnions quelque chose comme cela …)
Il se réjouit d’avoir « réduit » notre dépendance aux hydrocarbures russes, mais croit-il que nous ayons oublié que c’est lui qui, avec son mentor Hollande, a détruit la filière nucléaire sur ordre des Allemands – choisissant précisément d’accroître la dépendance aux hydrocarbures russes !
Quant à ses fantasmes d’Europe de la défense, ignore-t-il que ce fantôme est armé par les États-Unis et n’a aucune autonomie stratégique ?
Il me semble extrêmement douteux qu’il soit souhaitable d’établir une Europe de la défense (je ne crois pas que nous ayons les mêmes intérêts stratégiques que les Allemands par exemple et une armée est toujours, que je sache, au service d’une politique), mais je suis en tout cas certain qu’elle n’existe que dans l’imagination fertile du président !
Pourtant, ces rêveries psychédéliques ne sont rien comparées à la perversité de certains concepts que celui qui est toujours officiellement chef de l’État français manie avec brio.
J’ai, en particulier, « apprécié » le talent de celui qui ébauche une timide contrition pour ne pas avoir été « assez loin » dans le sens de la démocratie européenne.
L’idée d’une démocratie européenne suscite déjà une franche hilarité mais l’on comprend ensuite que n’avoir pas été assez loin en cette direction, c’est n’avoir pas encore modifié les traités. Or cette modification des traités consiste à donner toujours plus de part à la majorité et toujours moins à l’unanimité – et donc à forcer les peuples récalcitrants à accepter ce dont ils ne veulent pas. Curieuse conception de la démocratie !
On pourrait aussi gloser sur le brillant concept de souveraineté européenne – qui n’est pas une invention de Macron, mais que l’intéressé manie à merveille, sans le rendre plus intelligible pour cela !
Vous serez heureux, amis lecteurs, d’apprendre que cette souveraineté européenne s’est considérablement développée depuis 7 ans et qu’elle se traduit notamment pour une meilleure maîtrise des frontières. Jupiter ne doute de rien ! Il doit supposer que nous ne sortons jamais dans la rue et que nous ignorons que les frontières européennes sont des passoires.
Reste un point sur lequel je le rejoins : notre civilisation est mortelle, dit-il. Il a raison. Mais il fait partie des assassins !