Mai 2012 : François Hollande à 70% ?

Mai 2012 : François Hollande à 70% ?

Il y a 50 ans, le sympathique jaurésiste René Dumont publiait un livre célébré : L’Afrique noire est mal partie… Aujourd’hui nous pouvons dire que l’Occident est mal parti, ou l’Europe blanche ! Le vieillissement célébré par quelques imbéciles, et l’appauvrissement vont devenir notre sort quotidien, entre plans d’austérité, hausses d’impôts et coupes sombres dans tous les budgets… Peu importe que l’austérité fonctionne comme la saignée au temps de Molière et qu’elle ôte au malade les pauvres forces qui lui restent, les jésuites éduqués chez Goldman Sachs, qu’il s’agisse de Guindos, de Monti ou de Draghi appliqueront une recette impeccable : nous ruiner tous avant la chute de l’euro.

Sur ces bonnes nouvelles, et vu que Sarkozy a tout fait pour s’aliéner son électorat (ou qu’il n’a rien pu faire pour ne pas se l’aliéner, ce qui n’est pas la même chose), nous pouvons nous attendre à un triomphe électoral de François Hollande en mai prochain. Ce dernier sera bien secondé par la France plurielle qui a vu Noah, Omar Sy devenir les hexagonaux les plus populaires. La vie en rose !

On se doute que Hollande n’a pas trop envie de se présenter. On demandait à un économiste espagnol ce qu’il conseillerait à Rajoy comme politique : « ne pas se présenter », telle fut sa réponse. Rajoy a été élu, a augmenté les impôts, organisé la pénurie et l’austérité, et bien sûr fait exploser la note de son grand pays : mais il ira jusqu’au bout. Le destin du spectacle, c’est-à-dire de la démocratie, disait Debord, n’est pas de finir en despotisme éclairé. Les Hongrois s’y essaient, courageusement, mais ils auront du mal.

On imagine difficilement Sarkozy à plus de 20% au soir du premier tour prochain. Après tout, Chirac bien plus populaire n’avait même pas atteint 20°% en 2002, et dans des conditions politiques et économiques bien plus favorables. Ce faisant, Sarkozy a de fortes chances de ne pas être présent au deuxième tour. Hollande aurait alors à loisir d’éreinter la candidate de l’alternance véritable que l’on aura entretemps parée de tous les vices et de tous les crimes. Le candidat rose de Goldman Taxes fera un bon 70 % ; on se doute que d’ici là l’euro sera divisé par deux mais qu’il n’aura disparu… La France comme l’occident sont devenus trop vieux pour une aventure révolutionnaire : or c’est une révolution qui nous sortirait de l’ornière. On aura à la place une jeunesse lycéenne promise au chômage et aux mille euros après cinq ans d’études pour dire non au fascisme et à l’intolérance…

Mais si Sarkozy est présent au second tour, il se fera éreinter de même : les sondages le disent et je crois sincèrement que personne n’a envie de voter pour lui, entre deux crises européennes, deux scandales médiatiques et financiers et deux crises de nerfs contre les journalistes. Il aura peut-être pour lui quelques retraités qui lisent trop le Figaro ou regardent trop TF1, mais il aura contre lui les salariés, les jeunes eux-mêmes, les humanitaires de tout poil et de toute nationalité, comme disait ce bon Charles Pasqua, et certainement pas les gens de droite qui attendent maintenant une révolution et pas une alternance.

Tout indique que Hollande, le candidat de la gauche française, fera la même chose que Rajoy, le candidat de la droite espagnole : dénoncer le bilan du sortant, promettre quelque chose, et puis se soumettre aux marchés, qu’il ne faut plus énerver. Il augmentera les impôts, tapera dans les retraites, déclarera la guerre à l’Iran comme Juppé et convoquera le marquis de Carabas à sa table pour assurer l’opinion que tout va pour le mieux. Et cela ne marchera pas. Hollande se rattrapera comme Jospin en son temps ou comme Zapatero en Espagne en faisant du sociétal, de l’immigration (mais qui a encore envie de venir ici ?), de l’humanitaire, de la démagogie politiquement correcte, ce que n’a pas su faire non plus Sarkozy, en dépit de toutes ses bonnes intentions en la matière.

Hollande élu, comme Cameron ici ou Romney là, comme Rajoy ici ou comme Monti là-bas (lui imposé par les banquiers, tout de même…), cela ne signifie pas que la France soit de gauche tout comme l’élection de Sarkozy ne signifiait pas qu’elle fût de droite : la France n’est plus rien, ne veut plus rien et bientôt n’aura plus rien, et ce comme presque tous les pays occidentaux. L’électorat n’est pas fatigué de voter, il est fatigué de choisir. Il veut toujours la même chose, pourvu que cela ne marche pas. Il ne réagira même pas quand on rétablira les bons en lieu et place de l’euro.

Trop pessimiste ? On dit que l’espoir fait vivre ? Mais il fait aussi vieillir, et l’on peut retourner la phrase héroïque de Nietzsche : ce qui ne tue pas nous rend plus vieux.

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Comments (5)

  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    <<ce qui ne tue pas nous rend plus vieux.>>

    Je crois me rappeler que Nietzsche avait écrit: "Was mich nicht umbringt, macht mich stärker"
    Ce qui peut se traduire grosso modo par: "Ce qui ne me tue pas me rend plus fort"
    Bien sûr que si on n’est pas tué on devient vieux.

    15 janvier 2012 à 20 h 46 min
  • Joel Répondre

    Excellent article et qui plus est, realiste! S’il reste quelques francais desireux de sauver ce qui fut un grand pays…. RE-VO-LU-TI-ON!

    15 janvier 2012 à 7 h 57 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    @ Bourbonnaise

    C’est ce que les Français laxistes ne peuvent que souhaiter :
     – un fédéraliste européen qui pense que la R.F.A. par l’intermédiaire la B.C.E.  sauvera nos finances publiques qui sont désolées
     – une nationaliste qui pense que la souveraineté de l’émission de la monnaie nous sauvera du désastre européen programmé
    En réalité l’Europe à deux vitesses est déjà sur ses deux jambes ( bancales )
    Ce qu’il faut c’est …ARRÊTER LES FRAIS …
    Plus d’argent pour l’étranger , plus d’argent pour les "associations citoyennes" , plus d’argent pour Simone Veil et ses "fondations mémorielles" , plus d’argent pour Carla , plus d’argent pour …, plus d’argent pour … , plus d’argent pour …tous ceux qui se goinfrent à mes dépends

    14 janvier 2012 à 14 h 25 min
  • HOMERE Répondre

    Non !! Hollande à 80%…..au moins !!

    Les français aiment les mythes et les fictions….pas la dure réalité.Ce ne sont plus des combattants mais des cons battus….le seul fait qu’il peuvent penser une seconde qu’un homme,ou un parti politique,pourrait les sortir de la merde,montre l’incapacité de nos compatriotes à se responsabiliser eux mêmes.Comment imaginer qu’un homme fusse t il Hollande,Sarkozy,Bayrou ou MLP puisse influer sur leurs turpitudes personnelles ?

    Le monde occidental est devenu pourri et il cherche désepérément le mal qui le ronge…alors il trouve des exutoires faciles qui lui permette une bonne conscience à pas cher ….

    Pauvres bouffons !!!

    14 janvier 2012 à 11 h 13 min
  • Bourbonnaise Répondre

    Très, très pessimiste ! Et si on avait Bayrou – Le Pen au second tour ?

    13 janvier 2012 à 12 h 34 min

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