Michel Barnier : un choix risqué

Michel Barnier : un choix risqué

Après deux mois de crise ministérielle, Emmanuel Macron a finalement choisi Michel Barnier pour Matignon.
Disons tout net qu’après les rumeurs les plus inquiétantes, c’est une bonne nouvelle.
D’autant que Michel Barnier, lors des dernières primaires de la droite, avait montré un courage un peu inattendu en réclamant un moratoire sur l’immigration, une baisse des impôts de production et une maîtrise de la dette. Il proposait également de rendre possible l’apprentissage dès 14 ans, suscitant la colère des idéologues du collège unique.
Par ailleurs, malgré son européisme affirmé, l’homme est aimable et tranche agréablement avec le sectarisme et la vulgarité de trop nombreux politiciens.
Si l’on regarde la liste des parlementaires qui l’avaient soutenu lors de cette primaire de 2021, on ne peut que constater qu’y figurent quelques-uns des plus solides parlementaires de la droite classique, de Marc Le Fur à Patrick Hetzel, de Muriel Jourda à Christine Bonfanti-Dossat, en passant par Xavier Breton ou Dominique de Legge (parmi bien d’autres !).
Comme le candidat, ces parlementaires ne font pas beaucoup de bruit mais travaillent sérieusement – et, de façon générale, pour le bien commun, y compris quand le vent des modes ou de la démagogie souffle en sens contraire.
En un mot, les résultats des dernières législatives ne pouvaient guère nous laisser espérer mieux que cette nomination.
Cela étant, la situation demeure fort préoccupante.
Tout d’abord, en habitués de l’inversion accusatoire, l’extrême gauche accuse Michel Barnier d’être « sous tutelle du RN ». Je serais tenté de dire : si seulement ! Il me semble plutôt, au contraire, sous tutelle de LFI qui a déjà montré dans la rue samedi dernier qu’elle n’accepterait ni le résultat des urnes (qui, rappelons-le, n’a donné que 193 députés au NFP, nettement moins que la coalition qui s’apprête à soutenir le gouvernement Barnier qui comprend les 166 députés du bloc central et les 47 du groupe LR) ni la constitution (qui donne au président le pouvoir de choisir son Premier ministre).
De toute évidence, le Nouveau Front populaire veut organiser (comme au temps de Léon Blum !) un 3e tour dans la rue.
Or, il y a fort à parier que la fragile coalition gouvernementale ne résiste pas longtemps à l’agitation des démagogues. Il est donc peu probable que nous soyons sortis de la crise politique et institutionnelle dans laquelle Emmanuel Macron nous a entraînés.
À l’heure où j’écris ces lignes, nous ignorons encore tout de la composition du nouveau gouvernement. Mais je ne vois que deux possibilités.
La première, c’est qu’Emmanuel Macron obtienne ce qu’il souhaite manifestement : quelques ralliements du PS pour continuer sa politique du « en même temps ». Ce serait désastreux car ce refus du choix politique ne peut qu’aggraver encore notre situation en tous domaines.
La seconde, c’est qu’aucun socialiste important ne rejoigne le gouvernement et, dans ce cas, volens nolens, la droite sera comptable du peu reluisant bilan du macronisme. Autant dire que les perspectives d’alternance en 2027, qui n’étaient pas déjà pas très enthousiasmantes, risquent de s’envoler !
À vrai dire, le mieux pour la France serait que ce gouvernement soit censuré et que sa chute entraîne la démission du président. C’est lui qui nous a conduits dans cette impasse ; il serait normal qu’il assume ses responsabilités.
Hélas, « Jupiter », qui ressemble fort à un adolescent immature, n’en fera rien. Dès lors, tout ce que nous pouvons espérer, c’est que Michel Barnier évite le pire et que les prochaines législatives (dès juin prochain ?) amènent une nette victoire des droites.

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Comments (1)

  • quinctius cincinnatus Répondre

    Oui c’ est un homme politique ” sérieux “, très sérieux et peut être même trop sérieux, un homme que je pense ” honnête ” dans LES LIMITES de ses CONVICTIONS d’ homme de Droite … Classique
    Seulement voilà, c’ est aussi un ” européiste ” ( une des raisons pour laquelle Emmanuel Macron l’ a ” choisi” par défaut ) et qui a contribué au déclassement de l’ Europe et donc par effet domino de la France
    De plus c’ est un homme SANS AUCUN CHARISME ce qui est un handicap rédhibitoire lorsqu’ il faut redresser un pays dans la douleur (” du sang et des larmes ” )
    Donc après une grossesse à risque menée jusqu’ à deux mois Emmanuel Macron a fait une … fausse couche
    Il faut également tenir compte du fait que Gabriel Attal chef de file des Macronistes ( dits de gauche ) lui glissera dès que l’occasion se présentera une peau de banane sous la semelle tant il est mesquinement ulcéré par son ” exfiltration ” de l’ Hôtel Matignon
    Pour conclure ne vous faites pas d’ illusion : JAMAIS MACRON NE DEMISSIONNERA ET IL AURA REUSSI à REFILER À LA DROITE CLASSIQUE LE BÂTON MERDEUX
    Que de beaux jours en avenir

    10 septembre 2024 à 20 h 15 min

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