Suicide et défense de l’environnement

Suicide et défense de l’environnement

Je me suis gardé jusqu’à présent de critiquer Nicolas Sarkozy et son gouvernement. Bien que je pense que les réformes mises en œuvre soient bien trop lentes, voire parfois proches de la pusillanimité, qu’elles seront insuffisantes pour tirer le pays de l’ornière en laquelle il s’enlise inexorablement, je voulais me dire que dans l’ensemble, cela allait dans la bonne direction.

Je pensais aussi, et je pense toujours, qu’avec la cruche du Poitou, et les bureaucrates rouges, roses et vert sombre tapis dans son ombre, cela aurait été bien pire. Je pensais, et je pense toujours, que les nouvelles orientations de la politique étrangère de la France, permettant de sortir de la honteuse infamie antiaméricaine, quasi antisémite et pro-islamique de ces dernières années, valaient bien qu’on fasse preuve de mansuétude sur d’autres dossiers. Mais il vient un moment où il est difficile de se taire et où le rôle des amis est de dire les périls que peuvent représenter des propensions à l’égarement.

L’accord européen passé à Lisbonne et qui prend la forme d’un « traité modificatif » équivaut à faire revenir par la fenêtre un texte que les électeurs avaient jeté par la porte : la quasi-totalité du projet constitutionnel refusé voici deux ans s’y retrouve, dilué dans un langage encore plus abscons, et présenté sous un nouvel habillage. Je m’y attendais. C’était, d’une certaine manière, inéluctable. Ce n’en est pas moins consternant. Le déficit démocratique et le déficit de droit inhérents à l’Union européenne vont s’en trouver renforcés.
Le fonctionnement pyramidal, absolutiste, rigide, inhérent aux phases précédentes de ce qui s’appelle à juste titre une « construction », se trouve gravé dans le marbre. C’est à Lisbonne, déjà, qu’il avait été question, voici sept ans, de faire de l’Europe, la puissance prédominante de l’économie de la connaissance : celle-ci implique des changements de paradigme qui supposent précisément de briser ce qu’au contraire, ils cherchent sans cesse à renforcer. Personne n’a expliqué aux hiérarques européens pourquoi, sept ans après Lisbonne 2000, l’Europe n’est qu’une puissance très secondaire dans un secteur dont elle prétendait devenir le phare.

Personne ne l’a expliqué à Nicolas Sarkozy qui, sur ce plan, écoute trop des gens qui n’ont cessé de se tromper sur tout, tels que Jacques Attali ou Hubert Védrine. C’est consternant, et cela constitue un très mauvais présage pour l’avenir. Je ferai mettre, sur le site de l’Institut Turgot, des textes éclairants de John Blundell, de l’Institute of Economic Affairs, consacrés à ce sujet.

Le résultat du « Grenelle de l’Environnement », enfin, constitue bien le pire auquel je m’attendais. Certes, on n’y trouve pas des proclamations antinucléaires débiles, des propos ouvertement malthusiens, des éloges crétinisants de la décroissance : c’est là le minimum de la part d’un gouvernement qui n’est pas censé être à la gauche d’Olivier Besancenot. Mais pour le reste ! Le très stérile et très stérilisant principe de précaution se trouve quasiment sacralisé. La phobie maniaque envers les biotechnologies agricoles se trouve cauteleusement flattée. Les producteurs de pesticides se trouvent montrés du doigt comme s’ils étaient des empoisonneurs professionnels.
La « taxe carbone » se trouve pour ainsi dire programmée, sous le prétexte de taxer la « pollution », pas le travail. Des taxes envers les produits importés de pays ne respectant pas certaines normes « écologiques » se trouvent proposées, dans une pure logique protectionniste dont les principales victimes seront des pays pauvres qu’on prétendra ensuite « aider ». Un projet gouvernemental pour les « énergies du futur » sera doté d’un budget confortable : on réunira des chercheurs comme au temps du « plan calcul », et on décrétera qu’ils doivent trouver…

Les industries chimiques sont un secteur économique essentiel. Les biotechnologies sont au cœur de la nouvelle économie. Toute vie « pollue » et, a fortiori, tout travail. Le protectionnisme est toujours désastreux, comme le planisme et le dirigisme. Je baptiserais plutôt l’ensemble « Grenelle du suicide collectif ».

Le suicide sera lent et doux, comme l’euthanasie que proposent certaines cliniques. Il y a même des suicidés heureux et fiers de l’être, je sais. Puisqu’on leur dit que c’est pour la « nature »…

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Comments (5)

  • no second to Répondre

    Jaures

    Monsieur Bush ne se représentera plus aux élections présidentielles américaines car il n a plus le droit de par la constitution de ce pays.

    Ne pas savoir cette information primordiale pour une personne qui se veut un pointure en poltique internationale releve de la gagbegie.

    Retournez donc  à vos études primaires.

    Ne jamais être le second !

    13 novembre 2007 à 20 h 39 min
  • grepon le texan Répondre

    "Dans quelques mois, la clique de Bush sera balayée"

    Par l’equipe de Fred Thompson, LOL.  Quesceque le monde doit etre penible pour vous a vivre!

    Maintenant avec le petrol a 100$  le baril ou presque, les enormes reserves de petrole qui peuvent etre tire des oil sands, des shales, ou le charbon devient rentables.   Le saviez-vous?   Et ceci a un prix au pompe qui est toujours en dessous du prix pendant la derniere "crise" d’energie ici…apres adjustment par l’inflation, et relatif au GDP par tete, qui est en croissance tuojours…merci a la globalisation et qux tax cuts de l’idiotique Bushitler.

    De l’autre cote, la these du global warming anthropogenic est toujour sur le declin parmi les scientifiques.  Excusez moi, il faut que j’aille lecher les vitrines chez mon dealer de Hummer.  Il parait que le gun mounts en option sur les 2008 peuvent accomoder mon fusil d’asault a cote du shotgun.   Voyez., le cours supreme entendra bientot (je l’espere) la non-question du sens du deuxieme amendement, et ca fait 70ans que cela n’a pas ete affirmer.   Plus "stare decisis" que ca, et tu meurs.

    Cheers, Grepon le texan

    12 novembre 2007 à 18 h 37 min
  • Jaures Répondre

    "La cruche du Poitou" Ha! L’humour néo-conservateur, quelle élégance! Quelle délicatesse!

    Faites nous rire M Millière. Continuez à nous parler de l’environnement avec le même vocabulaire que Monsanto ou Texaco, mais, de grâce, ne nous parlez pas des pays pauvres quand on sait que pour le coût d’une année de guerre en Irak, le problème de la faim dans le monde aurait été résolu.

    Dans quelques mois, la clique de Bush sera balayée, les Français probablement revenus du Sarkozysme, et Millière, qui prèche déjà dans un quasi désert, oublié par les rares hurluberlus qui auront pu le suivre un temps.

    12 novembre 2007 à 13 h 58 min
  • Jean-Claude Thialet Répondre

    09/11/07    – "Les 4-Vérités" –

    Progressivement, au fil des numéros de "4-Vérités", notre ami Guy MILLIERE nous montre qu’il se fait de moins en moins d’ illusions sur celui auquel, il y a quelques mois, il avait apporté sa confiance. Je crains, en lisant son dernier papier, que cette "confiance" n’ait reposé en définitive que sur le voyage réalisé aux ETATS-UNIS par notre nouveau Président, voyage au cours duquel celui-ci avait fait allégeance à Georges W. BUSCH et à ses "néoconSS" (à Washington) ainsi qu’à la Communauté juive internationale (à New-York). Et je ne suis pas certain que les déclarations d’amour (cette fois-ci aux ETATS-UNIS qui, sans l’aide de la France, n’auraient sans doute pas vu le jour au 18ème siécle !)que vient de renouveler Nicolas SARKÖZY lors de son dernier voyage à Washington soient suffisantes pour faire remonter ses actions dans l’esprit de l’inconditionnel de la politique (guerrière) israëlo-américaine qu’est Guy MILLIERE.

    Faut-il se réjouir ou pleurer du constat négatif que notre savant professeur fait des six mois de présidence de l’ex-époux de Cécilia ? C’est selon. Personnellement, m’étant abstenu le 6 mai (1), je devrais réjouir. Ce que je me refuse à faire dans la mesure où l’échec de Nicolas SARKÖZY outre qu’il sera (ou est déjà) celui de tous les gogos qui, une nouvelle fois, se sont fait piéger par un mâle discours chargé de toutes sortes de promesses (tant pis pour eux !), SERA AUSSI (hélas !) CELUI DE LA FRANCE …

    Ceci étant dit, si, comme nous l’assure Guy MILLIERE dans son titre et dans le corps de son article, il y a "SUICIDE", je ne suis pas certain que ce soit (seulement) en matière d’environnement(2), mais, plus généralement, DANS TOUS LES DOMAINES dont dépend l’avenir non pas de la Terre (et; accessoirement, du "mondialisme"), MAIS DE LA FRANCE : les finances, l’économie, la sécurité, l’instruction et la formation, l’immigration, retraites, Sécurité Sociale, etc. OU, le Gouvernement SARKÖZY/FILLON s’est avéré INCAPABABLE D’ENTREPRENDRE LA MOINDRE REFORME…

    Et pour celles et ceux qui ont encore quelques illusions sur la volonté (je ne parle même pas de "volonté réformatrice") de Nicolas SARKÖZY, il n’y a qu’à voir ce qui se passe en ce moment même avec la répétion des manifestations anti-CPE qui avaient vu environ1 % du corps estudiantin ficher le bazar, au printemps 2006, dans les Universités et dans la rue. Non content d’avoir opéré une retraite dans sa prétendue "RETRAITE DES UNIVERSITES", il laisse la chienlit s’instaurer dans les Universités et les Facultés, et sur la voie publique (3) par des ‘"jeunes" (souvent étrangers au monde étudiant) qui se voient déjà en COHN BENDIT ! Lui qui, après avoir pris d’une certaine façon position contre le CEP, s’était quelque peu moqué de Dominique de VILLEPIN aux prises avec la rue. Une rue dont, en tant que Ministre de l’Intérieur sous Villepin, il était responsable. Une rue dont il vient de déclarer récemment – non sans panache – face aux gros bras de la CGT et de SUD RAIL cheminots, QU’ELLE NE FAISAIT PAS LA LOI…

        Cordialement, Jean-Claude THIALET

    P.S. A propos de "manifestations" de rues, de "blocages", d’insécurité, etc. les soutiens de Nicolas SARKÖZY, du temps qu’il était Monistre de l’Intérieur, ne cessaient de faire remarquer que Nicolas SARKÖZY n’était pas libre de ses mouvements du fait de certain "élyséen". Aujourd’hui, où l’on voit, notamment, l’insécurité s’aggraver dans les … quartiers, alors que leur idole est installée à l’Elysée, qu’en pensent-ils dans le secret de leurs consciences ? Il est vrai que, dans l’armée des "godillots", ont est habitué à faire silence dans les rangs.

    (1) après avoir préparé un "bulletin Janus" réalisé avec un bulletin "ROYAL" et un bulletin "SARKÖZY" que j’avais collé "dos à dos" !

    (2) le "GRENELLE DE L’ENVIRONNEMENT", sauf erreur de ma part, a oublié de prévoir l’installation de "toilettes sèches" (chères à José et à ses émules !) dans tous les bâtiments publiques. En commençant par l’Elysée, le Pälais-Bourbon et le Luxembourg. Ou d’imposer une "éco-taxe" sur tous les déplacements aériens de nos élus. A commencer par le premier d’entre eux !

    (3) non contents de bloquer les "facs", les "étudiants" contestataires ont également bloqué des trains …

     

    9 novembre 2007 à 18 h 25 min
  • Jean Lançon Répondre

    Bingo. Même José Bové, pourtant pas franchement en odeur de sainteté avec le staff de Nicolas Sarkozy, a laissé éclater sa joie à l’annonce du moratoire sur les OGM.

    Concernant la taxe carbone, elle me dérange davantage sur le principe que sur ses effets économiques, puisqu’il est prévu qu’elle ne vienne pas grever le pouvoir d’achat, venant en remplacement d’une autre taxe (on ne sait encore laquelle) appelée donc à disparaître. Reste que vouloir "dépolluer" en permettant à tout un chacun de s’acquitter d’un "droit de polluer", m’apparaît évidemment totalement contre-productif.

    2007, la plus grosse pollution est celle des esprits… S’il fallait taxer d’un euro chaque personne écoutant béatement les inepties d’Al Gore, l’on aurait tôt fait de renflouer les caisses de l’Etat…

    8 novembre 2007 à 10 h 37 min

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