Burqa : éclaircissements par un universitaire musulman

Burqa : éclaircissements par un universitaire musulman

La commission de l’Assemblée Nationale sur le port du voile poursuit ses auditions. Le témoignage de Abdelwahab Meddeb,
enseignant à l’Université Paris X et producteur d’une émission de radio sur les cultures musulmanes a été d’une qualité et d’une lucidité telle que nous vous proposons la lecture d’une première
série d’extraits (la suite dans un prochain article).

“La burqa se multiplie dans l’espace public français et européen. Elle a le don d’irriter tout
le monde.
Cela affecte même les archi-libéraux du multiculturalisme anglo-saxon, qui respectent tous les particularismes. Cette disparition de la face, cette annulation du visage
affole. Le critère d’une identité franche disparaît.
Comment, dès lors, respecter l’intégrité du corps ? La conquête séculaire de l’habeas corpus n’exige-t-elle pas un
visage et un corps visibles, palpables, reconnaissables par l’accord du nom et de la face pour qu’autour de leur clarté fonctionnent l’état civil et le pacte démocratique ?”

 

“L’éclipse de la face occulte la lumière émanant du visage et accueillant à travers l’autre le miroir où se
reflète le miracle de la vie, où se reconnaît la plus franche des épiphanies divines, révélation qui a tant inspiré la vie de l’esprit et du cœur de bien des musulmans dans l’histoire de l’islam.
Les soufis voyaient, en effet, le signe de Dieu dans le miracle surgi de la face humaine, surtout lorsqu’elle se pare des traits qui animent un visage de beauté féminin.”

 

Le voilement du visage par un tissu aussi noir que la robe qui couvre la Ka’ba (appelée aussi
burqa), dessaisit l’humain de la franchise qu’exigent aussi bien le politique que l’esthétique, l’éthique ou la métaphysique.

Le visage ainsi couvert est retiré de la circulation urbaine comme de la
relation intersubjective ou métaphysique. Se trouve donc effacé le visage qui est, encore selon Levinas, « le lieu d’une ouverture infinie de l’éthique », au carrefour du souci de soi
et des autres.
Le niqab ou la burqa, radicalisation du hijâb (qui voile les cheveux et laisse le visage à
découvert), est un crime qui assassine la face, privant l’humain de son ouverture infinie vers l’autre qui vient.
Ce costume prétendument islamique transforme les femmes en prisons ou en
cercueils mobiles, exhibant au cœur de nos cités des fantômes barrant l’accès aux vérités invisibles qui s’extraient du visible.”


“Le port du niqab ou de la burqa vient d’être interdit dans les enceintes scolaires
et universitaires dépendant d’Al-Azhâr au Caire, la plus haute institution sunnite du monde. “

Voici un bon rappel de la raison ontologique pour laquelle le voile ne peut-être toléré : l’effacement du visage.

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