Encadré Lu dans la presse : Etats de crise

Encadré Lu dans la presse : Etats de crise

La crise économique est-elle vraiment derrière nous ? Il est permis de se le demander, à lire Les Echos du 5 février : « Après la Grèce, le Portugal et l’Espagne pris pour cibles de la spéculation. Les Bourses mondiales dévissent. Trichet tente de rassurer sur la solidité de la zone euro. Premières menaces sur la notation des Etats-Unis. »
 
Ce qui arrive était-il imprévisible ? Pour juguler la crise financière et économique, les Etats ont laissé s’emballer le déficit et la dette publics.
 
Concernant les Etats-Unis, Virginie Robert observe dans Les Echos : « Si elle s’établit à 12 364 milliards de dollars aujourd’hui, la dette fédérale a représenté 53 % du PIB en 2009 et devrait atteindre 64% à la fin de cette année. Mais le ratio pourrait dépasser les 100 % en 2020 selon l’agence Moody’s (au lieu des 77 % prévus) si l’on intègre la dette des différents Etats et des gouvernements locaux. »
 
Ce qui signifie, en clair, que la dette serait supérieure à la richesse créée aux Etats-Unis pendant toute l’année.
 
Quant à l’Europe, estime l’éditorialiste du Monde du 6 février, elle a « commis au moins une erreur. Celle de ne pas regarder d’assez près les comptes publics des Etats membres, notamment ceux de la zone euro. Mais cette crise révèle une faiblesse bien plus grave : l’absence de trousse de secours pour soigner le malade. (…) L’euro est une formidable réalisation que le monde entier nous envie, mais qui présente un vice de taille : elle est la seule monnaie au monde à ne pas être au service d’un gouvernement et d’un ministre des finances ».
On a compris où veut en venir le journaliste : la solution passerait par un gouvernement européen.
A moins qu’elle ne consiste, au contraire, à en finir avec cette monnaie unique « que le monde entier nous envie » et qui prive aujourd’hui les Etats de la possibilité de manœuvrer.

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Comments (5)

  • Moulliet Répondre

    Une monnaie, c’est comme la ligne de flottaison d’un bateau: elle doit pouvoir varier en fonction de la charge du bateau.
    Mettre une ligne de flottaison unique pour des bateaux (économies) aux charges (performances économiques) disparates, ne peut pas durer longtemps.
    Il y a eu l’essai d’une monnaie unique il y a plus d’un siècle pour quelques pays: l’union latine. Cela n’a pu durer, car les pays concernés étaient trop disparates sur le plan économique;
    Cela ne peut pas mieux marcher aujourd’hui : comment se convaincre que les performances économiques de l’Allemagne et de la Grèce (et aussi la France à un moindre degré) ont quelque chose en commun ???
    Une monnaie unique devrait s’appuyer sur des politiques économiques, sociales, fiscales, etc uniques.
    On en est encore très loin !

    9 février 2010 à 12 h 25 min
  • MATHIEU Répondre

    pour tout commentaire, je vous relate celui de PDP (Patrice de PLUNKETT)

    Comme prévu, la crise du capitalisme tardif reprend. Comme prévu, elle s’attaque maintenant aux structures de la société : les Etats. La spéculation financière se déchaîne contre eux… en feignant de « s’inquiéter de leurs déficits ». C’est un comble ! Même si la Grèce est critiquable, son déficit, comme celui de tous les Etats européens, a été aggravé pour sauver de la faillite le secteur de la finance (qui mourait de ses mauvaises moeurs) : et c’est ce qui a fait plonger l’euro depuis des mois.

    Aujourd’hui les marchés financiers jouent l’éclatement de la zone euro [1]. Selon la presse économique, l’attaque est orchestrée par « une grande banque d’investissement américaine et deux très importants hedge funds ». Leur objectif est d’extorquer aux Etats visés « des taux d’intérêt de plus en plus lourds tout en spéculant ». Pour ce faire, ils créent une panique, artificielle et très exagérée, sur le marché des credit default swap (les CDS : assurances contre l’insolvabilité d’un Etat débiteur). Les CDS « ont un prix et s’échangent sur un marché non régulé et totalement opaque » : « avec 200 millions de dollars, vous jouez comme si vous aviez un milliard de dollars ». Voilà la réalité de la partie en cours, qui consiste à saper l’Europe dans l’intérêt de spéculateurs américains. [2]

    Ce qui se passe depuis dix jours est donc révoltant : le casino financier, cause de la catastrophe de 2008-2009, se retourne contre les Etats, qui lui ont (hélas) sauvé la mise l’an dernier au lieu de le fermer, de reprendre en main l’économie de la planète et de faire naître le « gouvernement de l’économie mondiale » que Benoît XVI appelle de ses veux… « On n’a pas dégonflé la bulle du crédit mais on l’a regonflée, en faisant porter le fardeau de la dette non plus aux agents privés mais aux Etats », constatent les économistes lucides. Aujourd’hui le casino utilise l’affaiblissement des Etats pour jouer contre eux ! « Les marchés mordent les mains qui les ont secourus », écrivent les éditorialistes. Quant aux fameuses agences de notation, gravement coupables des subprimes (et qui furent incapables de voir venir la crise), elles ressurgissent pour saper le crédit des Etats européens, contribuant ainsi à créer ou aggraver la panique sur les marchés.

    8 février 2010 à 19 h 58 min
  • Simon Répondre

    Mais justement la BCE est un gage de stabilité des monnaies. Si on laisse faire les  Etats qui bien sur n’aiment pas ne plus pouvoir battre monnaie, on retombera dans l’inflation. Nous sommes bien dans un sysytême libéral que je sache. Je suis convaincu du bon sens développé par Guy Sorman dans son bouquin "l’économie ne ment pas".

    8 février 2010 à 17 h 38 min
  • Guillemain Jacques Répondre

    Bonjour,

    Le PIB américain est de 14000 milliards de dollars, par conséquent un endettement fédéral de 12300 milliards correspond déjà à 88% du PIB.

    La dette publique des Etats du monde est de 50000 milliards de dollars alors que le PIB mondial est de 54000 milliards. La planète entière est déjà surendettée.

    Ce qui se profile c’est un scénario à la japonaise. Le Japon en crise depuis 1990 n’a jamais réussi à en  sortir malgré des multiples plans de relance, un endettement égal à 200% du PIB et des taux à zéro. Il est toujours en déflation au bout de 20 ans. Comme quoi l’argent facile distribué par les banques centrales et l’endettement massif des Etats ne sont pas la solution. Il faut une politique de rigueur, une baisse des dépenses et un assainissement des finances publiques. Un retour au niveau de vie d’il y a 10 ans vaut mieux qu’une faillite.

    8 février 2010 à 11 h 16 min
  • DAGUET Dominique Répondre

    L’Euro, outre le fait qu’aucun des états de la zone euro ne peut agir directement sur la monnaie qui leur est imposée – certes avec leur accord ! -, souffre de deux autres faiblesses, et considérables :

     1/  il est une monnaie unique qui s’impose donc à des états qui ne sont pas à des niveaux  économiques comparables. Entre l’Allemagne et la Grèce, La France et l’Espagne, le Luxembourg et le Portugal, c’est le grand écart.  On ne met pas en compétition directe des zones économiques aussi disparates. La moindre des prudences aurait dû prévoir des modalités différentes de passage frontalier d’une zone à l’autre, mais cela eut contrevenu au principe idéologique du "même traitement pour tous", ce qui est une sorte de mensonge, car le concept de l’égalité de traitement exige en réalité ces adaptations.

     2/ L’absence volontaire en Europe de défense commune aux frontières de chacune des zones composées de pays économiquement comparables qui permettrait de réguler des écarts qui ressemblent à des gouffres entre les différentes zones économique du monde (la Grèce, la Roumanie, la Bulgarie par exemple ; l’Espagne, le Portugal, la Slovénie autre exemple en Europe, nombre des états d’Afrique noire et certains d’Amérique du Sud, etc.). Que la Chine et l’Inde soient mises en concurrence dans une même zone serait logique ; laisser par exemple et notamment la France, l’Allemagne, l’Angleterre, le Bénélux se débrouiller face à la Chine sans aucun moyen de contrer les énormes distorsions de concurrence est  comme une arme faite pour élever la Chine au rang de première puissance économique mondiale et de, simultanément, rabaisser progressivement les états premiers nommés à des niveaux  de développement inférieur.

    Comment les citoyens de nos pays acceptent-ils ces faits, c’est déconcertant et paradoxal : l"Europe se suicide lentement alors qu’elle avait tous les atouts pour devenir l’égale des Etats-Unis, moins, je l’espère, la dimension impérialiste.

    8 février 2010 à 10 h 50 min

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