Je refuse de choisir un médecin traitant !

Je refuse de choisir un médecin traitant !

Monsieur le Ministre de la Maladie, Vous me pardonnerez de corriger ainsi votre titre officiel, mais il est évident que les services que vous dirigez ont tout à voir avec la maladie et rien à voir avec la santé. Or, on doit donner aux choses leur véritable nom, car, comme le professait Kong-Tseu (alias Confucius), la confusion dans le vocabulaire entraîne la confusion dans la pensée. J’ajouterai que celle-ci entraîne inévitablement l’incohérence dans l’action.

Aussi, puisque notre gouvernement s’efforce de réformer cahin-caha la société française, lui suggérerai-je cette réforme sémantique : donner à deux de ses ministères leur nom adéquat. Le Ministère de l’Écologie et du développement durable (anciennement Ministère de l’Environnement) deviendrait le Ministère de la Santé et de l’Écologie et celui qu’on nomme abusivement Ministère de la Santé deviendrait le Ministère de la Maladie, ce qu’il est réellement. Je ne doute pas que cette réforme rigoureusement gratuite ait d’immenses effets psychologiques et favorise dans le public une prise de conscience salutaire. Certes, rien ne va sans inconvénients, et il est probable que le titre de Ministre de la Maladie serait ressenti comme peu attractif par les hommes politiques de quelque ambition. Mais est-ce si important ?

Toutefois, cette suggestion n’était qu’une incidente et elle n’est pas le but essentiel de ma lettre. Je voulais surtout vous parler de l’une des mesures que vous avez prises dans le cadre d’une énième réforme de la Sécurité Sociale, promise comme les précédentes au plus cuisant échec. Il s’agit de la demande faite à chaque assuré social de se choisir un « médecin traitant ».


Il est interdit d’obliger

Le fait que cette mesure ait été décidée par souci d’économie me laisse quelque peu songeur, et je crains que les prévisionnistes de votre ministère aient mal calculé son coût et leur coup. Ma première réaction fut de m’insurger contre l’obligation d’avoir à se choisir un médecin. Personnellement, je n’ai pas consulté de médecin depuis cinquante ans et suis bien décidé à continuer de la sorte jusqu’à mon dernier souffle. (Une prime accordée par la Sécu pour chaque année sans consultation ni soin – un « bonus » en quelque sorte – serait d’ailleurs une forte incitation à la responsabilisation des assurés sociaux.)

Mais, en recevant la circulaire de ma CPAM, j’ai constaté que le texte indiquait : « Vous êtes invité à choisir librement un médecin traitant… » Nous sommes INVITÉS seulement. Bien ! Il n’est donc pas théoriquement porté atteinte à la liberté du citoyen. Cependant, êtes-vous sûr, Monsieur le Ministre, que tous les assurés sociaux vont l’entendre ainsi ? N’eût-il pas fallu insister davantage, tant dans le texte de la circulaire que dans vos déclarations télévisées, sur le caractère absolument FACULTATIF de ce choix d’un médecin ? D’autant plus que la circulaire est accompagnée d’une « déclaration de choix » sur laquelle le nom du médecin doit être indiqué, ainsi que d’un imprimé spécifiant que l’assuré ne l’ayant pas envoyée avant le 1er juillet 2005 pourrait voir ses remboursements réduits.

Il s’agit là d’un embrigadement sous pression parfaitement intolérable dans un État de droit et que le Conseil de l’Europe ne pourra pas accepter. D’autre part, compte tenu du fait qu’environ 20 % de nos concitoyens n’ont pas de médecin attitré et consultent rarement, sinon jamais, je crains que le nombre des consultations ne fasse immédiatement un bond de plus de 15 %, ce qui rendrait aussitôt abyssal le déficit que vous essayez de combler. Si l’on ajoute à cela que, en application des méthodes éprouvées du célèbre Docteur Knock, quiconque va voir un médecin a les plus fortes chances d’être déclaré malade, je subodore que vos mesures dites « d’économie » vont faire le flop le plus retentissant que l’on ait jamais entendu, même si les lecteurs de la présente lettre ouverte auront été avertis par mes soins que rien ne les oblige à remplir cette déclaration. Car je doute qu’aucun de mes confrères de la « grande presse » ne songe à les informer aussi exactement que je le fais ici. Votre prédécesseur ayant déjà été effacé par une vilaine canicule, il serait fâcheux que vous soyez vous-même descendu en flammes par une méchante poussée de fièvre budgétaire.

Dans l’espoir que vous saurez conjurer le mauvais sort, je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre de la Maladie, l’assurance de ma considération la plus attentive.

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Comments (7)

  • Stéphane Répondre

    Voilà le lien exact pour quitter la sécurité sociale : http://www.conscience-politique.org/Espaces_dossiers/commentquittersecu.htm

    2 avril 2005 à 21 h 35 min
  • 314ème Section Répondre

    Faites comme moi : je leur ai envoyé le nom du Docteur PETIOT …

    1 avril 2005 à 2 h 06 min
  • Marie Répondre

    Je propose à tous ceux qui sont outrés par la déclaration qu’ils doivent faire d’un médecin de famille, sous prétexte de faire faire des économies à la “SS”, de désigner le Dr Hamer dont l’adresse actuelle est la prison de Fleury Merogis . Arrêté sur ordre de la France ce médecin comparait les ravages de la chimiothérapie à ceux de la bombe au cobalt et qualifiait les soins apportés aux malades de médecine des “camps de concentration”. Sa découverte de la “Loi d’airain” et sa déclaration : “j’avais cherché le cancer dans la cellule et je l’ai trouvé dans une erreur de codage du cerveau”, la thérapie qu’il appliquait mettaient en danger l’existence des lababoratoires pharmaceutiques. Aujourd’hui il est surtout question de sauver la toute puissance de l’industrie pharmaceutique pas la “SS”…Comment accepter tout cela sans rien dire, sans broncher. Nous ommes devenus des moutons de Panurge, des larves, des chancres, des pleutres et nous gobons tout ne sachant où s’adresser pour faire corps et faire du poids. Notre démocratie est la plus dure des féodalités que la France ait connues. Cordialement Marie

    31 mars 2005 à 16 h 50 min
  • Jean-Claude Lahitte Répondre

    Suivant le conseil de Stéphane (que je remercie au passage), j’ai consulté le site auquel il nous renvoyait. J’y ai certes trouvé des tas de choses amusantes, instructives ou intéressantes, mais rien qui indique comment se libérer du monopole de la Sécurité Sociale. C’est pourquoi, si le webmaster n’y voit pas d’inconvénient, j’indique ci-après mon adresse: ” < cjclahitte@wanadoo. fr >, tout en faisant remarquer par avance à mon honorable correspondant qu’étant moi-même retraité, je ne suis pas certain de pouvoir m’affranchir de la S.S. Et encore moins des scélérates CSG et CRDS destinées à renflouer ce tonneau des Danaïdes. Cordialement vôtre, Jean-Claude Lahitte

    31 mars 2005 à 15 h 02 min
  • Stéphane Répondre

    Il me semble que la meilleure parade à cette nouvelle provocation étatique (s’il y a une majorité de personnes qui ne se sentent pas révoltées par ce grignotage de la liberté, on peut craindre le pire…) est tout simplement de quitter la sécurité sociale et de s’affilier à une assurance étrangère qui couvre tous les risques et qui laisse le libre choix de son praticien. Pour les formalités je vous renvoie au site http://www.conscience-politique.org

    30 mars 2005 à 10 h 35 min
  • Bourbaki Répondre

    Pour sûr le ministre du boniment de salut public, en charge de l’approfondissement programmé du trou, non pas des Halles mais de la Sécu, ne risque pas d’équilibrer son budget, puisque sa thérapie comptable aurait fait passer les médecins de Molière pour des sommités de la Science d’Hippocrate : En effet, D’Ouste : 1)n’a prescrit que des placebos, 2)a pouponné son électorat de médecins notables, 3)a ignoré la prévention, 4)ne s’est pas soucié du mercantilisme des lobbies alimentaires, 5)a totalement épargné le vampirisme des laboratoires, 6)n’a pas voulu savoir que les soins coûtent de plus en plus cher, 7)n’a pas songé qu’une population en mauvaise santé est une calamité. Il serait cependant injuste de passer sous silence la mesure phare de notre Claude Bernard des plateaux TV, j’ai nommé l’intensive campagne de culpabilisation du malade osant consulter sans repentance, qui n’est autre qu’un hypocondriaque qui s’ignore. Après cette liste non exhaustive, doit-on traiter notre ministre charlatan de sombre crétin ? Pas du tout ! Il n’est rien moins qu’un banal fossoyeur libéral de la bonne fille publique qui, en bordant le lit doré des compagnies d’assurances, frétille comme un gardon en frai, tout à l’excitation du renvoi d’ascenseur qu’il escompte. Quant à la vaine bouderie du médecin traitant, encore faut-il avoir les moyens de s’offrir ce caprice, car même quand on parvient à gagner le Smic, une poignée d’euros n’est malheureusement pas négligeable.

    29 mars 2005 à 22 h 05 min
  • Jean-Claude Lahitte Répondre

    Pierre LANCE aurait pu pousser son raisonnement plein de logique et de raison jusqu’à suggérer que l’on commence par ne plus parler de DEPENSES DE SANTE, mais de DEPENSES DE MALADIE. N’est-ce pas en effet donner bonne conscience aux Français archi-dépensiers en médicaments, médecins, etc., et même les pousser à la surconsommation (dont ils sont les champions !) que de leur dire “ce sont des dépenses de SANTE” ? Par ailleurs, moi-même me soignant par les méthodes d’hygiène naturelle de santé, et ne coûtant rien à la Sécurité Sociale, je lui écris chaque année (en vain !), depuis plus de 20 ans pour lui demander, comme le fait Pierre LANCE, un BONUS, et, en tout cas, lui suggérer d’instituer une FRANCHISE (celle-ci pourrait être proportionnelle aux revenus, ce qui inciterait les “consommateurs” à modérer leurs “dépenses de santé”. N’est-ce pas cette initiative qui a évité la faillite aux Assurances-Auto ? J’ajouterai que les prétendus “grands” journaux auxquels j’écris tout aussi régulièrement pour faire part de cette suggestion n’ont jamais daigné en publier un mot… Et c’est ainsi que Dame S.S. se porte de mal en pis sans que les Diafoirus gouvernementaux (de droite comme de gauche !) qui se penchent à son chevet parviennent à la rétablir. C’est grave, docteur ? Cordialement à tous, Jean-Claude LAHITTE

    29 mars 2005 à 13 h 57 min

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