La tempête monétaire de Mario Draghi

La tempête monétaire de Mario Draghi

Le nouveau patron de la Banque centrale européenne, l’Italien Mario Draghi, vient de proposer à tous les gouvernements et à toutes les banques de la zone euro un pactole merveilleux : la BCE leur offre généreusement pour une durée de 3 ans, tous les euros qu’ils peuvent désirer, avec un taux d’intérêt de 1 %.

Jusque-là, les gouvernements ou les banques de la zone euro qui avaient besoin d’argent devaient emprunter, en payant des taux intérêts bien plus élevés et très variables selon les pays. Alors que l’Allemagne pouvait trouver de l’argent à 3 %, les « pays du Club Med » devaient emprunter à des taux d’intérêts 2 ou 3 fois plus élevés. Et la France fait partie des « pays du Club Med ».

Les principales banques françaises étaient au bord de la faillite. Comme elles payaient très cher l’argent qu’elles devaient em­prunter, elles prêtaient bien plus que ce que la loi les autorisait à faire. Pour pouvoir prêter 100 euros, ces banques devaient impérativement posséder 10 eu­ros dans leur bilan. Or elles ne possédaient que 3, voire 2 eu­ros.

Une telle situation était très dangereuse. Les Italiens ou les Français pouvaient ne plus avoir confiance en leur banque. Ils auraient pu retirer brutalement les économies qu’ils y avaient déposées. Une énorme crise mo­nétaire se serait alors produite. Identique à celle qui avait touché les Américains en 1929.

Mario Draghi, par sa décision, offre à tous les pays d’Europe de l’argent pas cher du tout. Il s’oppose ainsi efficacement à une dévaluation de fait imposée par les marchés.

En moins 24 heures, plus de 500 milliards d’euros ont été empruntés par les gouvernements ou par les banques européennes. Les énormes dettes qu’ont faites nos gouvernements, en dépensant plus qu’ils ne gagnaient, expliquent le succès immédiat de cette mesure. Ils vont emprunter à 1 % pour se libérer de dettes dont les intérêts étaient parfois 10 fois plus élevés. Ce chiffre énorme montre à quel point nos gouvernements ont été incapables de résoudre les problèmes posés par la monnaie unique.

En moins de 48 heures, plus de 400 milliards d’euros sont ainsi retournés dans les caisses de la BCE
. En moins de 48 heures, la décision de Mario Draghi a déclenché en Europe une véritable tempête monétaire.

Cette décision du nouveau patron de la BCE permet aux États très endettés de dépenser moins pour payer leurs dettes. Et les banques privées reporteront sur leurs clients la baisse des taux d’intérêts. Les entreprises pourront emprunter plus pour investir, les particuliers pourront emprunter plus pour acheter une voiture ou un logement.

L’Europe monétaire avait besoin de cette « thérapeutique ». Et les marchés ont accusé le coup : le CAC 40 s’est arrêté de baisser. Il remonte même un peu.

Mais il reste deux autres problèmes essentiels à résoudre.

1) Il faut mettre en place une fiscalité identique pour tous les pays européens. Les Français vont-ils copier la fiscalité allemande, bien mieux adaptée à la mondialisation, ou les Alle­mands vont-ils revenir en arrière en copiant la fiscalité française, qui croit encore qu’on peut charger d’impôts les entreprises qui subissent la concurrence internationale ?

2) Il faut modifier la parité fixe liant depuis 1999 les anciennes monnaies à l’euro
. En effet, les entreprises installées en France payent bien plus d’impôts que les entreprises installées en Allemagne. Elles ne sont plus compétitives et doivent délocaliser. Le déficit de notre balance commerciale avec l’Allemagne mesure parfaitement cette non-compétitivité. La modification des parités doit correspondre à une « dévaluation » d’au moins 15 % du franc par rapport au mark.

Croire qu’il ne faudra pas des siècles de négociation pour trouver une fiscalité commune entre la France et l’Allemagne est faire preuve d’un solide optimisme.
Par contre, la modification des parités liant les anciennes monnaies à l’euro peut se faire en un week-end, après quelques semaines de négociations techniques entre les ministres des finances des 17 pays membres de la zone euro.

L’année 2012 sera soit l’année de la modification de ces parités, soit l’année de l’éclatement de la zone euro
avec le retour aux monnaies nationales. La deuxième hypothèse nous semble la plus probable…

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Comments (3)

  • Anonyme Répondre

    ce ne sont là que des "astuces" comptables de l’industrie de la "phynance"
    cet argent ne repose sur aucuns biens réels , c’est de la monnaie de singe
    quant à croire que les banques vont prêter aux entreprises (  P.M.E. ou  P.M.I.  )  il ne faut pas rêver
    … les banques se gavent de fonds propres

    9 janvier 2012 à 9 h 44 min
  • Anonyme Répondre

    Et à moi alors, il Dottore Draghi ne m’offre pas tous les euros que je veux à 1%?

    Peu importe, les cadeaux d’imbéciles ça rend imbécile, comme dit le proverbe.

    J’ai mieux. Que la BCE prête à -5%. Oui, vous avez bien lu: MOINS  CINQ pour cent. Voici comment ça marche: j’te prête cent sous et au bout de l’an tu ne m’en dois plus que 95. Et comme ça ta dette est effacée en moins de vingt ans!

    La phynance, c’est comme les essoreuses à salade. Si vous faites des soldes monstres d’essoreuses à salade, 80% de rabais par exemple, tout le monde se jettera dessus. La phynance c’est pareil. Si vous faites des soldes monstres d’argent, à 80% de rabais par exemple (et 1% c’est bien comme par hasard 80% de rabais sur 5%) tout le monde se jettera dessus.

    Même ceux qui n’ont pas besoin d’argent en emprunteront, parce qu’instinctivement ils savent que 1% d’intérêt c’est LITTÉRALEMENT donné quand la BCE table sur 1,8% d’inflation annuelle.

    Et voilà comment la BCE encourage le désendettement.

    6 janvier 2012 à 6 h 12 min
  • Dubucque Répondre

    Il faut dire à vos lecteurs que l’argent que va prêter la BCE vient de tous les pays de la zone euro ! C’est donc un tour de passe passe et de vase communicant ! Et que ferait la BCE quand elle aura vidé sa tire-lire : elle demandera aux pays de la zone euro de la refinancer et il faudra emprunter pour lui donner des sous ! Magouilles ! Magouilles ! Moi j’ai un crédit qui ne dépasse pas 20 % de mes revenus, je ne mange pas du caviar tous les jours et mes enfants ont peu d’argent de poche ! Gare à ceux qui me mettraient dans le pétrin avec des magouilles et l’obsession de l’euro – europe !

    4 janvier 2012 à 13 h 47 min

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