Plus de dette ne peut résoudre le problème de la dette

Plus de dette ne peut résoudre le problème de la dette

Voulez-vous connaître en détail le plan de sauvetage financier de la Grèce du 21 juillet ? Rendez-vous sur l’excellent site <ladettedela france.fr> de notre ami Philippe Herlin et lisez son analyse (en date du 22 juillet) de l’accord. Aujourd’hui, essayons de prendre un peu plus de recul.

1) Comme toujours, le point le plus important de cet accord ne figure pas dans le communiqué final. Pour la première fois depuis longtemps, un État est déclaré en cessation de paiement. Certes, ce n’est pas une « faillite », avec « liquidation immédiate », puisqu’un « plan de redressement » a été immédiatement adopté. Certes, le montage réalisé évite « le défaut » de paiement, mais personne n’est dupe : la signature de la Grèce n’a plus aucune valeur. Le pays est passé sous la tutelle conjointe de l’Union européenne et du FMI.

2) La deuxième réflexion est la part active et visible prise par les établissements financiers dans la négociation de cet accord. Chacun aura le choix entre trois options : revendre sa créance immédiatement au FESF (Fonds européen de stabilité financière, ébauche d’un FMI européen), avec une décote de 40 % ; ou bien l’échanger contre de nouvelles obligations (moins rentables) ; ou bien attendre l’échéance, en s’engageant à réinvestir à ce moment-là.

On estime que les banques vont perdre, en moyenne, un peu plus de 20 % des sommes qu’elles avaient placées dans la dette grecque.
Comme les deux tiers de cette dette, pour la part portée par les banques, le sont par les banques grecques, on comprend qu’au passage, le sauvetage de la Grèce est aussi celui des banques grecques. Pour elles, c’est évidemment un bon compromis…

Comme en médecine, il y a toujours deux attitudes possibles en matière de thérapie financière. S’attaquer aux symptômes ou soigner les causes.
La Grèce ne pouvait plus rembourser ses créanciers, compte tenu des taux que le marché lui appliquait ? Qu’à cela ne tienne : les autres États garantissent (au nom de leurs contribuables), mutualisent, payent (avec de l’argent qu’ils n’ont pas), monétisent (en mettant un peu plus de créances pourries dans le bilan de la BCE)… Bref, ils ajoutent de la dette à la dette. Pour gagner du temps… À mon avis, quelques mois…

Par contre, si l’on pense que le problème de la Grèce (comme de pres­que tous les pays occidentaux…), n’est pas celui d’un gentil gouvernement confronté aux méchants spéculateurs, mais, au contraire, celui d’un gouvernement de voleurs confronté à la réalité des limites physiques de ses prédations, alors l’accord du 21 juillet laisse l’observateur objectif perplexe.

D’un côté, il semble que les gouvernants aient enfin compris que l’endettement était non seulement con­tradictoire avec la défense du pouvoir d’achat de la monnaie, mais également un obstacle – et non un stimulant – de la croissance économique. À Bruxelles, le 21 juillet, les chefs d’États se sont engagés à aller plus vite que prévu vers davantage de rigueur budgétaire. Pas plus de 3 % de déficit (par rapport au PIB), dès 2012. Pour la France, personne ne semble y croire…

D’un autre côté, on renforce toutes les politiques qui sont à l’origine de cette crise financière. Non seulement le recours à un endettement toujours plus élevé (15 milliards d’euros, immédiatement, pour la dette de la France). Mais aussi la mutualisation, facteur d’irresponsabilité, et les manipulations monétaires, sources de défiance, le plus puissant des facteurs de non-développement. Pour preuve : le cours de l’or a augmenté de 10 % en un mois…

Marine Le Pen a eu raison de déclarer, dès le 22 juillet : « Le nouveau plan d’aide à la Grèce est une bonne nouvelle pour les marchés financiers, mais une très mauvaise nouvelle pour les contribuables français ».

Elle n’a pas tort de proposer que la France quitte l’usine à gaz de l’euro.

Mais elle se trompe, selon moi, quand elle s’imagine que cette seule décision permettrait de retrouver « une marge de manœuvre ».
Pour la croissance, il ne faut compter que sur les entreprises privées, et en particulier sur les PME.
Que l’État se contente d’équilibrer ses comptes. Qu’il rembourse ses dettes, en commençant par ne plus en faire.
Et la meilleure preuve que l’État pourrait donner qu’il renonce à manipuler la monnaie à son profit (et donc au détriment des citoyens) serait d’abandonner toute tutelle monétaire. À charge pour lui de vérifier le bon fonctionnement de la libre concurrence entre les agents financiers.
Puisqu’il faut bien donner un nom à une unité monétaire, pourquoi pas l’écu ? Plutôt que de revenir au franc, de sinistre mémoire (d’épargnant)…

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Comments (1)

  • Daniel Répondre

    Article pédagogique , merci.

    "Comme en médecine, il y a toujours deux attitudes possibles en matière de thérapie financière. S’attaquer aux symptômes ou soigner les causes."

    Oui et en économie comme en médecine:   des gens qui vivent grassement de la maladie qu’ils ont participé à développer ont bien de la peine à renier ce qui les a engraissés, reconnaitre leur erreur et chercher une Vérité qu’ils ont toujours niée.     Mettons en danger leur patrimoine et leur avenir doré et ils sont fichus de trouver les bonnes solutions instantanément.

    6 août 2011 à 23 h 27 min

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