Une calamiteuse réforme territoriale

Une calamiteuse réforme territoriale

L’enthousiasme footballistique et les prémices de la torpeur estivale ont, semble-t-il, eu raison de l’intérêt des journalistes pour la réforme territoriale.

Pourtant, ce sujet majeur continue à être discuté – dans l’indifférence des Français – à l’Élysée et à Matignon.

Pour nous, qui dénonçons depuis longtemps le « millefeuille administratif », cette réforme territoriale aurait pu être une bonne nouvelle et la promesse d’une rationalisation entraînant des économies.

En réalité, cette réforme territoriale s’annonce calamiteuse.

Observons tout d’abord comment elle a été étudiée et annoncée. Pratiquement aucun des principaux décideurs locaux – même au PS – n’a été mis dans la confidence.

On pourrait certes penser qu’il s’agit d’une stratégie habile : le peuple est pour la réforme territoriale, les élus sont contre ; passer par-dessus les élus est le plus sûr moyen de faire triompher la réforme. Bien sûr, mais le plus vraisemblable, c’est qu’une se­maine avant la présentation de la nouvelle carte territoriale, François Hollande ignorait encore ce qu’il allait faire.

Signe de cette impréparation, bien des éléments de la réforme Sarkozy, qui avaient été jetés aux orties en 2012, ressortent.

Mais, après tout, Austerlitz fut moins bien préparée que Water­loo et Hollande pourrait l’emporter par surprise.

Le problème, c’est que cette ré­forme, mal préparée, repose également sur un diagnostic absurde. L’idée que nos régions sont à fusionner parce qu’elles sont plus petites que les Länder allemands est déjà idiote en soi (la seule question qui vaille est de savoir si elles sont adaptées à leur mission), mais, en plus, elle est fausse : la moitié environ des Länder allemands sont plus petits que nos régions.

En outre, cette réforme, qui ne repose ni sur l’histoire, ni sur la géographie, entraînera de graves surcoûts – notamment en termes d’infrastructures.

La seule raison que l’on puisse trouver à cette réforme, c’est une raison politicienne.

La droite sera privée de sa probable victoire aux prochaines élections locales. Mais, surtout, les grands barons de gauche, à qui Hollande doit tout, mais dont il se méfie beaucoup, se trouveraient ainsi presque tous balayés…

On n’a pas fait assez attention au fait que seuls 15 % des sympathisants socialistes souhaitent que Hollande se représente en 2017. Comme lui-même ne pense qu’à ça, il doit commencer par dynamiter les fédérations du PS. Quitte à ce que cela coûte des milliards d’euros aux Français !

Jean Rouxel

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Comments (4)

  • DESOYER Répondre

    Le seul truc vraiment intéressant serait de réduire de 20 à 30% le nombre de fonctionnaires territoriaux que les socialistes ont boosté de façon considérable.
    Le nombre de régions, on s’en fout. Certaines ont une vraie valeur historique, voire une cohérence économique: alors pourquoi tout chambouler?
    Même les départements, qui sont maintenant bien gravés dans le quotidien des Français ont un intérêt pour certaines tâches de proximité, comme l’aide aux personnes âgées.
    Hormis la gestion socialiste, rien n’est à rejeter à priori.
    En revanche, je serais pour la fusion de toutes les communes dont la population est inférieure à 1 000 habitants pour qu’elles puissent se trouver un maire et un personnel administratif à la hauteur.

    24 juin 2014 à 17 h 42 min
  • Marquais Répondre

    70 départements avec un population minimum de 1.000.000 d’habitants ???? Toi tu devais être brouillé avec la table de multiplication ….ou alors tu ne connais pas le nombre d’habitants dans ce pays !
    Bon , pour cette fois ça passe !

    24 juin 2014 à 9 h 33 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    personnellement j’ai trouvé le projet de réforme territoriale émis par Nicolas … Dupont-Aignan particulièrement judicieux

    – suppression des Régions qui sont autant de ” baronnies ” et de gouffres financiers pour satisfaire les égos démesurés des barons et autres comtes locaux

    – redécouper le territoire en SOIXANTE DIX départements ayant au minimum une population de 1.000.000 d’habitants et élections locales NOMINATIVES et pouvoirs exécutifs locaux augmentés; ce qui renforcerait la démocratie directe c’est à dire locale ( comme dans les cantons suisses )

    rien n’est dit sur le nombre de députés ( moins de cent certainement )

    23 juin 2014 à 16 h 10 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Pour renforcer la cohésion nationale, je propose l’union de la Corse avec le Nord et l’Outre-Mer.

    23 juin 2014 à 11 h 19 min

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