Avec lui, l’Amérique avait retrouvé sa fierté

Avec lui, l’Amérique avait retrouvé sa fierté

Il y aurait beaucoup à dire sur la façon dont les cérémonies du 6 juin ont été organisées, et je le ferai. Mais la trace immense de la disparition de Ronald Reagan domine tout l’horizon de cette semaine.
La presse française a parlé et parlera, comme un ultime crachat de grenouille sur la tombe d’un grand homme, d’un acteur de série B reconverti dans la politique, d’un « communicateur » qui a eu de la chance, d’un anticommuniste viscéral et irrationnel, d’un homme peut-être sympathique mais doté de capacités intellectuelles limitées. Les Français en leur immense majorité partageront vraisemblablement les avis de leur presse et ne comprendront guère la ferveur populaire et les démonstrations d’amour et de tristesse qui marqueront ses funérailles nationales.
J’écrirai moi, concernant l’homme que j’ai connu, que j’aime et que j’admire.
Ronald Reagan était un homme immense, mais simple, imprégné de bonté, mais déterminé à accomplir ce qui lui semblait devoir l’être. Il avait une réelle culture économique acquise au temps de ses études universitaires, et connaissait mieux que n’importe quel autre politicien aujourd’hui en activité sur la planète, les vertus de la liberté d’entreprise et les dangers de l’intervention de l’État dans l’économie. Parce qu’il était sensible et humain, il avait effectivement en horreur le communisme, doctrine criminelle qui a tué cent millions d’êtres humains, et le détestait autant qu’il avait détesté le nazisme génocidaire et antisémite dans les années de guerre.
Il avait effectivement été acteur après avoir été journaliste sportif le temps de ses études. Plutôt que de continuer une carrière confortable à Hollywood, il a choisi dans les années cinquante d’être du côté de ceux qui se battent et qui font leur devoir jusqu’au bout. Cela l’a conduit à être gouverneur de Californie pendant huit ans, et pour la Californie elle-même, il fut plus qu’un gouverneur : celui qui reconduit gestion saine et dignité à Sacramento, quarante années avant Schwarzenegger. Il s’était à l’époque entouré de grands esprits regroupés sous l’aile de mon ami Martin Anderson : plusieurs prix Nobel ou futurs prix Nobel d’économie tels que Milton Friedman et George Stigler.
Son aura d’ex-gouverneur lui a donné la crédibilité qui lui a permis de l’emporter à la présidentielle de 1980 et de rester huit ans à la Maison Blanche.
Sa présidence a eu trois résultats majeurs qui marquent à jamais l’histoire de la planète :
• il n’a pas simplement contribué à remettre l’économie américaine en marche après des années de stagnation et de glissement vers le désastre. Il a remis l’économie américaine en marche tout en favorisant la création d’une économie entièrement nouvelle. La micro-informatique telle que nous la connaissons aujourd’hui, la réalité virtuelle, Internet, les biotechnologies agricoles et médicales n’existaient pas avant Reagan et ont pu exister grâce à une politique de baisse d’impôts, de déréglementation, de renouveau de l’esprit d’entreprise qu’il a mis en œuvre sans fléchir. Toute la croissance que les États-Unis ont pu connaître depuis 1981 est due aux Reaganomics, qui ont réinventé l’économie américaine. La croissance des années Clinton doit tout à Reagan. Le retour à la croissance sous Bush aujourd’hui doit tout à Reagan encore une fois.
• Reagan a permis aux États-Unis et au monde libre de remporter la guerre froide. La chute du mur de Berlin, la libération des peuples d’Europe centrale, la chute du régime soviétique en 1991, la démocratisation de l’Amérique du Sud, la fin de l’apartheid à Pretoria furent son œuvre. Elles furent le fruit de la doctrine Reagan, au point dès 1981 et dès le discours d’investiture prononcé par Ronald Reagan à l’aube de son premier mandat : « les dernières lignes de l’histoire triste du communisme soviétique sont en train de s’écrire et d’ici dix ans, la page sera tournée », disait-il. Peu ont compris à l’époque qu’il ne s’agissait pas d’une prophétie, mais du résultat d’une analyse. L’analyse a débouché sur une stratégie qui, menée à son terme, a produit les résultats attendus. Des centaines de millions de gens doivent leur liberté à Reagan.
• Reagan a, enfin, réinscrit les États-Unis au centre de l’histoire du monde, a rétabli leur puissance au service de la liberté, a redonné aux Américains la légitime fierté d’être américains.
Winston Churchill a été le plus grand homme du premier vingtième siècle, Ronald Reagan a été le plus grand homme du second vingtième siècle. Les Européens qui ne le discernent pas ne méritent pas d’être libres : ils n’ont ni la connaissance nécessaire, ni l’éthique requise pour faire preuve de gratitude. Adieu, Ron.

Retrouvez les écrits de Ronald Reagan dans le livre :

Ecrits personnels
de Ronald Reagan

Les écrits personnels de Ronald Reagan, traduit par Guy Milliere

 

 

 

 

 

 

 

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Comments (8)

  • Globilion Répondre

    Vous avez tous une bien piètre opinion de Ronald Reagan pour le comparer à George W Bush. D’un côté nous avions l’homme d’une vision, d’une amérique conquérante qui adaptait ses vues à la réalité du monde et de son époque. De l’autre nous avons un président qui essaye d’appliquer ces mêmes recettes vingt ans après en théorisant un conflit de blocs contre blocs alors même que l’oeuvre de Reagan est d’avoir fait disparaître cette logique en triomphant de l’Empire du mal soviétique. Si Reagan a, lui, gagné la guerre et rétablit l’Amérique à un niveau exceptionnel, Bush dissout cet héritage en enfonçant sa politique étrangère dans la bêtise la plus profonde. Quel dommage d’avoir un successeur aussi médiocre et borné quant soi-même on était le prince du bon sens en politique!

    16 juin 2004 à 11 h 31 min
  • Adolphos Répondre

    Un seul mot : tristesse.

    15 juin 2004 à 1 h 07 min
  • eric Répondre

    Il ne faut pas oublier que si Chirac n a pas daigne se rendre aux obseques d un tres grand president de la plus grande democratie du monde, il a accouru comme un petit chien il y a 3 ans aux obseques de Hafez el Assad, le dictateur syrien coupable notamment de l attentat contre l immeuble Drakkar au liban ou 60 parachutistes francais ont peri. Cela dit tout sur la politique pro arabe et anti americaine de la France.

    14 juin 2004 à 23 h 48 min
  • REAGAN Répondre

    Chirac absent aux obsèques de Ronald REAGAN… Dans ma jeunesse rurale, nous avions un cousin, lui aussi sans foi ni loi, qui nous faisait un peu honte et l’on craignait tous qu’il ne commette quelque esclandre aux réunions de famille et notamment aux obsèques, auxquelles on ne pouvait faire autrement que de l’inviter. Quand il n’était pas là, c’est à dire heureusement le plus souvent, chacun poussait un “ouf”. Je crains que ce ne soit le sentiment qu’inspire à la communauté civilisée ces gesticulations d’un politicien usé, qui semble décidément ne plus savoir quoi faire pour séduire les banlieues en vue des prochaines présidentielles.

    14 juin 2004 à 22 h 22 min
  • Didier Répondre

    C’était un Grand Homme comme il y en a peu dans l’histoire des hommes. Visionnaire, il a eu cette capacité peu commune d’imaginer, de “voir en grand et en détail” comment améliorer l’Homme et la société, en lui faisant confiance, et en lui donnant les moyens à cet homme, de garder cette confiance en soi pour mieux se développer, son coeur et ses aptitudes. C’est peut être là, l’un des secret de la réussite des Américains… On en connait le résultat: plus de dix ans de croissance et d’innovations soutenues, un niveau de vie sans précédent, y compris pour les plus modestes. Et aussi, bien plus qu’un parleur de paix comme il y a tant, mais surtout un créateur de paix, dans les actes et pour longtemps. Du jamais vu sur la planète, du jamais vu dans l’humanité ! Je me souviens, j’y étais, il nous avait prévenu en nous disant: -” America is back !”…

    14 juin 2004 à 10 h 56 min
  • R. Ed. Répondre

    feu M.le président Mitterrand y serait allé,lui ! Ce Monsieur avait de l’éducation au moins .Quant-à l’autre,Monsieur 82%, rappelez-vous sa prise de bec avec M. Fabius,alors premier ministre :les propos de l’actuel premier de France volaient très bas,ce jour là .En privé,la conversation de ce Monsieur s’apparente d’ailleurs à celle d’un corps de garde .

    14 juin 2004 à 10 h 07 min
  • Isabelle Répondre

    Un excellent hommage, Mr. Milliere, qui resume tres bien les contributions immenses de ce grand homme pour toute l’humanite. Merci. En effet, je ne crois pas que la plupart des francais comprendront et meme realiseront la profondeur des demonstrations d’amour et de tristesse de la nation americaine pour notre cher Ronnie. Le premier de ces francais est, a mon avis, Jacques Chirac qui, soit ne realise pas a quel point il nous a tous profondement offenses en quittant le sommet du G-8 sans pouvoir faire un petit detour par Washington pour honorer un grand homme, soit, il a realise cette offense et “s’en fout” ce qui est encore pire. Croyez-moi, ici aux Etats-Unis, nous ne sommes pas prets d’oublier cette derniere claque dans la figure par un homme desormais vu comme n’ayant aucun honneur et aucune classe. Bill O’Reilly de Foxnews a deja suggere que les USA envoient Michael Moore aux obseques de Chirac quand le moment viendra. Si beaucoup de francais pensent que George Bush parle et agit sans se preoccuper des opinions et sentiments du monde entier, que devraient-ils penser de leur president qui vient d’insulter une nation entiere et la memoire d’un homme a la cheville duquel il n’arrivera jamais, et cela, a peine une semaine apres avoir essaye de nous convaincre que la France n’a pas oublie 1944. L’absence de Chirac aux obseques de Ronald Reagan nous a finalement tout dit sur cet homme. Honnetement, je crois que meme Mitterrand aurait eu la classe de venir.

    13 juin 2004 à 19 h 45 min
  • POUR RONALD Répondre

    C’est curieux, ce penchant de nos “intellectuels”, à vouloir présenter comme des crétins congénitaux les gens qui ne pensent pas comme eux : REAGAN hier, BUSH aujourd’hui. Cela me rappelle le mot de Malraux : “les communistes ne discutent pas, ils discréditent”. Comme quoi une large partie de notre nomenklatura est encore imprégnée de marxisme, jusque dans ses méthodes.

    13 juin 2004 à 16 h 46 min

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