Dévaluer n’est pas impossible – Bernard Tremeau s’explique

Dévaluer n’est pas impossible – Bernard Tremeau s’explique

De nombreux lecteurs m’affirment qu’on ne peut pas dévaluer des monnaies qui n’existent plus.

Le 31 décembre 1999, 6 pays européens (l’Allemagne, la France, les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg) ont décidé de remplacer leurs monnaies nationales par une monnaie commune, l’euro. Ils auraient donc purement et simplement décidé de supprimer leurs anciennes monnaies sans en déterminer les valeurs relatives pour les remplacer par une monnaie commune et unique. Et, comme ces monnaies n’existent plus, parler de les dévaluer serait totalement irréel. On ne peut pas dévaluer une monnaie qui n’existe plus.

En apparence, ces lecteurs semblent avoir raison. Mais ils se trompent.

Car, quand les gouvernements européens ont créé cette monnaie commune, ils n’ont pas abandonné les anciennes monnaies sans avoir discuté ensemble de la valeur relative des six monnaies le jour de leur abandon. Il existe donc une parité liant les 6 monnaies à l’euro.

Il a été décidé que l’euro valait 6,55967 francs français ou 1,95523 mark allemand.

Le mark allemand vaut donc 3,35 francs français.

Et, depuis 12 ans, cette parité est utilisée par la Banque centrale européenne (la BCE) pour régler les achats entre la France et l’Allemagne.

Quand un Français dont la banque est située en France tire un chèque ou utilise sa carte de crédit pour acheter un produit fabriqué en Allemagne, sa banque française signale automatiquement cet achat d’un produit allemand à la BCE et la BCE applique le taux de change choisi en 1999.

Ce Français peut aussi voyager en Allemagne. Il peut alors tirer de sa banque française des billets, franchir la frontière avec ces euros. Il peut alors payer son hôtel, son restaurant ou son taxi avec cet argent.

La BCE ignorera ce transfert de fonds de France en Allemagne. Le taux de change ne sera donc pas appliqué, alors que les produits allemands sont bien moins chers.

Ces transferts clandestins d’euros de France en Allemagne font partie du vaste domaine de la fraude fiscale… Ils sont particulièrement fréquents dans les zones frontalières.

Les anciennes monnaies n’existent plus, tout le monde est bien d’accord sur ce point. Mais la parité fixe les liant entre elles existe depuis le 31 décembre 1999. Il est aussi absurde d’ignorer cette seconde réalité monétaire.

Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si les prix de production français et allemands évoluaient de la même façon. Mais les prix de production français grimpent plus rapidement que les prix allemands, de 2 % environ tous les ans.

Le chancelier socialiste allemand Schröder a décidé de cesser de faire payer les charges sociales par les entreprises allemandes, comme le fait toujours la France. Il a utilisé la « TVA sociale ». Comme les entreprises allemandes payent moins d’impôts, les produits fabriqués en Allemagne coûtent moins cher ; les entreprises allemandes sont devenues très compétitives. Alors que les entreprises installées en France ne le sont plus. Elles déposent leur bilan ou délocalisent.

Comme l’inflation par les coûts est plus forte en France qu’en Allemagne, les prix français sont aujourd’hui supérieurs de près de 15 %. Il faut donc modifier la parité fixe liant depuis 1999 le mark et le franc à l’euro, et choisir une nouvelle parité correspondant à une diminution de la valeur relative du franc par rapport au mark de 15 % environ.

Pour changer cette parité, les gouvernements français et allemand doivent d’abord discuter entre eux et choisir la nouvelle parité. Leurs ministres des Fi­nances doivent ensuite se réunir et modifier la parité décidée en 1999. Il ne faut pas dévoiler cette opération avant qu’elle n’ait été réalisée, pour éviter les spéculations.

Cette opération n’est qu’une banale dévaluation entre deux pays utilisant une parité fixe pour lier leurs monnaies.

Si une telle modification n’est pas faite, la crise qui touche l’euro ne peut que s’aggraver, car le comportement inflationniste des Français perdurera encore longtemps. La zone euro explosera et l‘on reviendra aux anciennes monnaies dans le drame d’une grande crise. Le marché imposera alors sa parité…

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Comments (6)

  • goufio Répondre

    Puisque ma note et mon commentaire abondamment contradictoire au billet irrecevable de M le docteur en médecine Trémeau n’ont pas été publiés.

    Je réitère ma note

    ZERO POINTE

    27 novembre 2012 à 8 h 13 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    ” dévaluer n’est pas impossible ” affirme une fois de plus ( de trop ? ) le Docteur Bernard Trémeau … c’est dans les faits tout à fait possible à la condition de … SORTIR de l’euro ! ( et donc revenir au franc français )
    pourquoi l’auteur s’enferre t il dans son fantasme ?
    son ” ami ” Chevalier devrait venir ici nous expliquer la manoeuvre et peut être y verrions nous plus clair , mais ce n’est pas certain !

    15 novembre 2012 à 18 h 52 min
  • F Répondre

    Désolé, M. Trémeau, je n’ai toujours pas compris:

    “Quand un Français dont la banque est située en France tire un chèque ou utilise sa carte de crédit pour acheter un produit fabriqué en Allemagne, sa banque française signale automatiquement cet achat d’un produit allemand à la BCE et la BCE applique le taux de change choisi en 1999.”

    Quel taux de change? La banque française ne paye-t-elle pas en € (puisque le Franc n’existe plus)? Elle paye donc à la banque allemande x € qui sont crédités au taux de 1 pour 1 (puisque le Mark n’existe plus). Où est le taux de change?
    A moins qu’il existe des € français, des € allemands, des€ italiens… et on ne s’en est pas rendu compte?
    Il vous faudra être beaucoup plus clair et bien plus convaincant dans vos explications pour être cru, Monsieur Trémeau.

    15 novembre 2012 à 14 h 08 min
  • Stilgar Répondre

    “Et, depuis 12 ans, cette parité est utilisée par la Banque centrale européenne (la BCE) pour régler les achats entre la France et l’Allemagne.”

    Je suis beaucoup moins certain que vous de cette assertion . La banque centrale ne fait pas de conversion, elle débite et crédite en euro( monnaie unique et non pas monnaie commune dans l’esprit où l’ECU était une monnaie commune)

    15 novembre 2012 à 11 h 36 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      tout à fait exacte , mais le bon Docteur Bernard Trémeau vit sur sa propre planète financière ! qu’y pouvons nous ?

      15 novembre 2012 à 14 h 40 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    un hic ” mineur ” … pour définir une ” nouvelle ” parité il faudrait l’aval des AUTRES gouvernements de l’U.E. !

    14 novembre 2012 à 14 h 43 min

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