Renaud Camus et Alain Finkielkraut

Renaud Camus et Alain Finkielkraut

Voici quelques jours, l’écrivain Renaud Ca­mus a été condamné en justice à une lourde amende.

Son crime ? Avoir dit qu’il s’opérait en France un remplacement de population et que les Fran­çais chrétiens ou juifs disparaissaient peu à peu pour laisser place à des Français musulmans.

Renaud Camus ajoutait aussi que, dans le cadre du remplacement, il se perdait quelque chose d’essentiel à ses yeux : la culture et la civilisation judéo-chrétienne, une identité, ce qu’on appelait encore voici peu la civilisation occidentale.

Dire tout cela est donc censé se trouver sanctionné par la loi.

Ceux qui pensent tout cela sont censés se taire ou payer pour avoir osé dire ce qu’ils pensent. Et on dira ensuite, bien sûr, que nous vivons dans une société où existent la liberté de parole et la liberté de penser. Il serait plus exact de dire qu’existe en France la liberté de parole pour quiconque dit que l’islam est une religion de paix, d’amour et de fraternité (comme on le voit tous les jours en regardant des images venues de mille lieux où l’islam règne).

Cette version de la liberté de parole et de la liberté de penser a des allures totalitaires, direz-vous. Et vous aurez raison.

Nous sommes simplement dans une époque où le totalitarisme a fait des progrès : adopter les méthodes de la famille Kim en Corée du Nord ou de la famille Castro à Cuba est inutilement brutal. Mieux vaut être plus sournois, plus feutré : dire que nous sommes libres, très libres, absolument libres, et sévir contre ceux qui sont définis comme abusant de cette liberté.

On peut garder au passage quelques éléments du totalitarisme plus brutal : en traînant dans la boue ceux qu’on entend éliminer avant de passer à l’élimination effective, et justifier ensuite leur élimination par les propos fangeux qu’on aura tenus préalablement à leur égard.

En ce contexte, Renaud Camus est très libre. Il a abusé de la liberté. Avant de le condamner, on l’a traité de fasciste, de suppôt de l’« extrême droite ». La condamnation ne pouvait que suivre.

Accessoirement, Renaud Camus est aussi un grand écrivain. Mais ce genre de point est très accessoire de nos jours. Accessoire­ment aussi, Renaud Camus a perdu ses contrats d’édition chez ses éditeurs habituels et doit dès lors éditer lui-même ses propres livres. Mais cela aussi est accessoire de nos jours.

Au moment où Renaud Camus était condamné par la justice indépendante, très indépendante, de ce pays, un homme aux idées assez proches des siennes (et lui-même grand écrivain) se trouvait, lui, élu à l’Académie française : Alain Finkielkraut.

Pourquoi le premier se trouve-t-il traîné sur le banc d’infamie et pas (ou pas à ce degré) le deuxième, quand bien même l’élection du deuxième à l’Académie française fait, très largement, trépigner de rage ceux qui auraient voulu lui réserver le même sort que celui qu’ils ont réservé à Renaud Camus ?

La réponse me semble assez simple : Alain Finkielkraut vient de la gauche et il se dit encore de gauche, même s’il est évident qu’il ne se reconnaît plus dans la gauche telle qu’elle est aujourd’hui et qu’il a de la gauche une vision nébuleuse qui semble dater des années 1950, en version très idéalisée, et sans les nervis du parti communiste.

Renaud Camus, lui, ne s’est jamais dit de gauche, à ma connaissance. C’est, sans doute, une grave erreur de sa part.

Alain Finkielkraut décrit la lo­gique qui fait monter le nombre des suffrages apportés au Front national et dit comprendre cette logique. Renaud Camus, lui, est allé jusqu’à dire qu’il pouvait soutenir cette logique et il a franchi une ligne rouge qu’il n’aurait pas dû franchir.

Se dire de gauche est, dans une société glissant vers un totalitarisme sournois et feutré, une bonne façon de garder une dose d’immunité. Ajouter qu’on ab­horre le Front national est un complément indispensable.

Renaud Camus va-t-il se dire de gauche dans les prochains mois ? J’en doute, mais s’il le faisait, sa vie deviendrait soudain plus facile. Que chacun en tire ses propres conclusions. n

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Comments (15)

  • maispasdutout Répondre

    Mince alors ! Qu’est ce que j’apprends ? Ce que je pense ( la même chose que Camus ) c’est mal ? C’est réprimé par la loi ? C’était bien la peine que j’échappe aux radars en revenant de Paris ; il va me falloir payer ma liberté de pensée !!!

    24 avril 2014 à 23 h 03 min
  • Hilarion Répondre

    A Jaurès Et pourquoi pas la publication de Bagatelle pour un massacre de Céline. Cette publication dont les rééditions n’ont pas été souhaitées par Lucette, épouse de Céline permettrait à un lecteur équilibré de constater les outrances dont cet auteur extraordinaire était capable. J’ai lu, il y a très longtemps Mein Kampf. Je me souviens du délire antisémite d’Hitler sur une bonne partie de l’ouvrage qui aurait dû le conduire logiquement dans un asile d’aliénés, cette lecture n’a pas fait de moi un antisémite, bien au contraire, car trop, c’est trop. Un lecteur normalement équilibré saura faire le part des choses. Ceux qui interdisent la lecture de ces ouvrages sulfureux partent du principe qu’il y a risque d’endoctrinement, ce qui est quand même prendre le lecteur pour un crétin baveux incapable d’esprit critique. Il me paraît en contrepartie dangereux de mettre entre toutes les mains un auteur comme Sade, car si personne ne peut être attiré par les qualités littéraires inexistantes des ouvrages, des récits déments comme dans les Cent vingts journées peuvent en contrepartie inspirer toutes sortes de détraqués dont il parait inutile de nourrir l’inspiration. Beaucoup d’agitateurs de Mai 68 semblent bien d’ailleurs avoir puisé dans la “pensée” sadienne des idées nauséabondes (désolé d’emprunter l’adjectif au lexique de gauche) qu’ils nous ont vendues ensuite comme libération sexuelle. Ceci étant il est incontestable que la liberté d’expression se réduit et le fait d’en laisser juges un corps de magistrats dont 30% se revendiquent ouvertement d’extrême gauche tel que l’a mis en exergue le fameux “Mur des cons n’a rien de rassurant. Il est à remarquer d’ailleurs que ce dernier élément ne semble gêner personne chez les politiques de Mélanchon, on comprend pourquoi, à plus étrangement, Le Pen. A croire que le changement n’est pas pour demain.

    23 avril 2014 à 21 h 50 min
    • Jaures Répondre

      Ces ouvrages sont tout à fait consultables sur le net ou à la BN. C’est leur publication qui est interdite. Imaginez-vous franchement une lecture sur scène de “Bagatelles…” par Dieudonné ?
      Quant à Sade, croyez-vous qu’Emile Louis ou M.Fourniret en étaient des lecteurs assidus ? Je vous rappelle que la génération 68 a fait ses études dans les années 50-60. Sade n’a été autorisé à la publication qu’au milieu des années 70 (1974, je crois).

      24 avril 2014 à 9 h 40 min
  • R. Ed. Répondre

    Il ne fait pas appel !!!

    23 avril 2014 à 21 h 11 min
  • Daviet Répondre

    Je suis entièrement d’accord avec Guy Millière . Le totalitarisme s’étend chaque jour un peu plus dans ce pays en particulier depuis 1990 et la loi Gayssot ; le non politiquement correct est traqué chaque jour davantage.
    Espérons que les juges de la Cour d’Appel seront moins serviles que celui du conseil d’état à quatre pattes devant Manuel Valls

    23 avril 2014 à 11 h 48 min
    • Jaures Répondre

      Il y a des millions de personnes dans le monde qui aimeraient subir le “totalitarisme” de la France du XXIème siècle !

      23 avril 2014 à 20 h 30 min
  • Boutté Répondre

    IL était tellement simple à Camus de se faire initier par la Grande Loge de France plutôt que d’écrire en solo ce qu’il constate comme nous tous chaque jour ! Aujourd’hui il pourrait prétendre au Panthéon des gens de valeur, c’est-à-dire des gens qui pensent correctement , comme Sartre .

    23 avril 2014 à 8 h 16 min
    • Jaures Répondre

      Je ne suis pas sûr que Sartre soit un si bon exemple…

      23 avril 2014 à 13 h 54 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    et vous n’avez encore rien vu …

    Avec la réorganisation des services de renseignements ayant légalement accès à toutes les utilisations de la cibernétique, le ” patriot act ” français ( anti- djihadiste ) est dans les tuyaux, et les ” patriotes ” risquent bien d’en être les victimes parallèles

    Pour information : les ” services ” français qui dépendront directement du Ministère de l’Intérieur sont de leur propre aveu dans l’impossibilité humaine et technique de ” tracer ” les volontaires combattant pour la Vraie Foi de retour de Syrie

    22 avril 2014 à 18 h 05 min
  • Jaures Répondre

    Il semble que Millière n’ait pas bien pris connaissance des propos de M Camus. Celui-ci ne s’est pas contenté de parler d’un “remplacement de population”, ce qui à la rigueur pourrait mériter débat, mais de qualifier les musulmans français ou résidant en France de “voyous”, de “soldats”, de “bras armés de la conquête”,…
    Que disait Millière lorsque Dieudonné prenait les juifs pour cible avec des propos équivalents ?
    D’ailleurs, Millière se souvient-il qu’en 2000, R.Camus a déjà été mis à l’index pour son soin appliqué à compter le nombre de juifs dans les médias (“La campagne de France”) ?
    Et que Renaud Camus soit un grand écrivain ne change rien à l’affaire. Céline en était un bien plus grand, ce qui ne l’empêchait pas d’être abject. Millière demande-t-il la publication de “Bagatelles pour un massacre” au nom de la liberté d’expression ?
    Enfin, que Finkielkraut trouve sa place en une assemblée où siégèrent Paul Morand ou, encore récemment, Félicien Marceau ne regarde que sa conscience .Qu’il vienne de la gauche est infiniment contestable. Et, quand bien même, il arrive que certains intellectuels s’engagent à gauche et se retrouvent ensuite à droite. N’est-ce pas M Millière ?

    22 avril 2014 à 15 h 33 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      et alors ? parce pour ce qui concerne le nombres de Français de confession israélite dans le media nous sommes plutôt bien servis en quantité, parce que pour ce qui est de la qualité … Ainsi entendre Madame Anne Sinclair déclarer que ” le comportement de Dominique au Sofitel avait été enfantin ” ou que ses parents ” étaient des Résistants réfugiés à New-York ” … cela démontre un sacré …culot ! ***

      *** shuztpah en yiddish je crois me souvenir ( l’orthographe étant …très approximative )

      23 avril 2014 à 14 h 49 min
      • Jaures Répondre

        Très bien, cher Quinctius. Effectuez maintenant les mêmes études pour d’autres professions (santé, finance, université,…).
        Vos travaux feront plaisir à M Millière.

        23 avril 2014 à 20 h 29 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      pour ce qui est du transfert de latéralité c’est un peu comme … le ” genre ” certains le découvrent assez tardivement … tenez vous @ Jaurès, belle chrysalide, si vous voulez vous épanouir en pleine liberté commencez déjà par quitter votre carapace …

      23 avril 2014 à 14 h 53 min
  • philippe 01 Répondre

    IL faut espérer que, s’il y a encore une justice en France Renaud Camus verra sa condamnation annulée en appel. Cela nécessite évidemment de la part de tous les vrais défenseurs de la liberté d’expression et de parole une mobilisation générale, sur la toile, et dans tous les organes de presse non inféodés au politiquement correct . Si on laisse condamner Renaud Camus, c’en est fini des libertés démocratiques dans ce pays.

    22 avril 2014 à 14 h 50 min
  • DESOYER Répondre

    Très bon article!

    22 avril 2014 à 12 h 52 min

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